Reportage

Appel à une action mondiale contre la menace de tuberculose pharmacorésistante

03 avril 2009

20090403_BS_200
Le Dr Bernhard Schwartländer, Coordonateur de l’ONUSIDA en Chine, a présidé une séance sur la tuberculose et le VIH lors de la réunion.

Les ministres des 27 pays à lourde charge de tuberculose multirésistante (MR) et ultrarésistante (UR) ont lancé un appel à l’action pour lutter contre la tuberculose et soigner les patients afin de répondre rapidement à cette menace alarmante. La réunion qui s’est tenue à Beijing (Chine) du 1er au 3 avril 2009 était organisée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Ministère chinois de la santé et la Fondation Bill et Melinda Gates.

Les deux principaux objectifs de cette réunion étaient tout d’abord de parvenir à un consensus et de faire naître un engagement politique dans les pays à lourde charge de tuberculose MR et UR et dans l'ensemble du monde, puis d'entreprendre immédiatement de prévenir et de prendre en charge la tuberculose MR à plus grande échelle, en concevant notamment des plans stratégiques nationaux de cinq ans s’inscrivant dans les plans nationaux de lutte contre la tuberculose et les plans du secteur de la santé.

L’Appel de Beijing, lancé le 1er avril, affirme la gravité de la menace de ce type de tuberculose pour les personnes vivant avec le VIH et attire l’attention sur les mesures à prendre en matière de prévention, de lutte et de soins liés aux formes de tuberculose MR et UR. Il est demandé aux pays d’identifier les groupes les plus vulnérables et les plus à risque à la tuberculose MR et à ses effets, notamment les personnes vivant avec le VIH, les consommateurs de drogues, les prisonniers, les populations migrantes et les autres groupes vulnérables. Il leur est également demandé de veiller à ce que les services de prévention et de traitement de la tuberculose MR et UR soient adaptés à leurs besoins.

Parmi les recommandations figurait un appel lancé aux gouvernements et aux partenaires concernant le renforcement des efforts entrepris pour mobiliser davantage de financements pour les soins et la lutte contre les maladies, et l’accroissement des investissements dans le domaine de la recherche et du développement en matière de diagnostic de la tuberculose, de médicaments et de vaccins appropriés pour les personnes vivant avec le VIH.

Tuberculose pharmacorésistante et VIH

Les 33 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde sont particulièrement vulnérables aux effets de la tuberculose MR et UR, formes de tuberculose pharmacorésistante. Ces personnes risquent encore plus de contracter ces formes de tuberculose et de subir tant des effets secondaires graves que des interactions médicamenteuses en prenant des médicaments de deuxième intention avec un traitement antirétroviral. Elles risquent davantage de décéder si elles contractent l’une des ces formes de tuberculose.
Au cours d’une séance présidée par le Coordonateur de l’ONUSIDA en Chine, le Dr Bernhard Schwartländer, les participants ont parlé, dans le détail, de la façon de renforcer la collaboration en matière de tuberculose/VIH. Ils sont convenus du fait que la communauté agissant pour la lutte contre le VIH doit être responsable, dans une large mesure, de la prévention, du diagnostic et du traitement de la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH. Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a récemment insisté sur l’engagement de l’ONUSIDA et sur le fait que l’une des priorités du Programme était de « faire en sorte que les personnes vivant avec le VIH ne meurent plus de la tuberculose ».

Le Dr Brad Hersh, du Département VIH/sida de l’OMS, a à son tour insisté sur le fait qu’il était important de mener, en étroite coopération, les programmes de lutte contre le VIH et ceux de lutte contre la tuberculose afin d’obtenir un meilleur rendement en cette période de crise économique. En outre, une meilleure collaboration permet de surmonter les obstacles à la réussite de la mise en œuvre des programmes, obstacles communs et liés au système de santé, notamment l’amélioration des laboratoires, la garantie de la fourniture de médicaments de qualité, le suivi et l’évaluation.

Cindy Kelemi, du Réseau du Botswana sur l’éthique, le droit et le VIH/sida (BONELA), a instamment prié les participants de veiller à ce que les investissements destinés à la prévention, au traitement et aux soins du VIH ne soient pas arrêtés du fait de la récession. En effet, cela ferait empirer l’épidémie de tuberculose pharmacorésistante.

Les communautés touchées sont une ressource de grande valeur pour la riposte et devraient être associées à la planification, à la mise en œuvre et au suivi des activités de lutte et de traitement de la tuberculose MR. Cette approche participative est essentielle pour lutter contre la hausse de la stigmatisation et de la discrimination liées à la tuberculose et pour protéger les droits de l’homme des personnes touchées par la maladie. Mme Barbara Hogan, Ministre sud-africaine de la santé, a mis l’accent sur la nécessité d’associer les communautés et les malades aux activités.

Des informations supplémentaires sur la réunion et l’appel à l’action sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.who.int/tb_beijingmeeting/fr/index.html

Note : On appelle tuberculose multirésistante (TB-MR) la tuberculose au moins résistante à la rifampicine et à l’isoniazide, qui sont les antituberculeux les plus forts. On appelle tuberculose ultrarésistante (TB-UR) la tuberculose multirésistante qui est aussi résistante à au moins deux des trois catégories de médicaments antituberculeux de deuxième intention.