Reportage

L’amour à l’époque du VIH

19 décembre 2008

20081219_cris_200.jpg
« Il est possible d’aimer une personne séropositive. C’est comme aimer n’importe qui » déclare Christina Rodriguez dans l’un des cinq épisodes d’une nouvelle série de documentaires sur la vie sexuelle et reproductive des jeunes qui vivent avec le VIH. Photo: aids2031

« Il est possible d’aimer une personne séropositive. C’est comme aimer n’importe qui » déclare Christina Rodriguez dans l’un des cinq épisodes d’une nouvelle série de documentaires sur la vie sexuelle et reproductive des jeunes qui vivent avec le VIH.

Agée de 16 ans, Christina a été diagnostiquée séropositive au VIH lorsqu’elle avait 3 ans, au moment où ses parents ont eux-mêmes découvert qu’ils étaient séropositifs. Aujourd’hui, elle parle ouvertement de la manière dont elle s’adapte à son traitement et de la manière dont elle et sa mère gèrent leur séropositivité. « Ca risque peut-être de rendre mes rencontres amoureuses plus difficiles, mais tant que je ne pense pas que la relation est sérieuse, je n’ai pas à dire quoi que ce soit ».

Christina raconte son histoire dans l’un des cinq épisodes qui étudient la manière dont les jeunes qui vivent avec le VIH abordent le passage à l’âge adulte, leur vie sexuelle et reproductive, leur carrière professionnelle et leur famille, et leurs attentes et espoirs dans l’avenir. Chaque épisode présente plusieurs jeunes séropositifs qui vivent dans des villes différentes : New York, Bombay, Londres, Saint-Pétersbourg et Le Cap.

Par le biais d’histoires intimes, la série de documentaires ‘L’amour à l’époque du VIH’ (titre original Love in a Time of HIV) a pour but d’aider à lutter contre le relâchement de la vigilance à l’égard du sida en montrant comment certains jeunes sont affectés par l’épidémie et en éduquant les téléspectateurs sur les besoins impérieux des jeunes – qu’ils soient séropositifs ou séronégatifs – en matière d’accès à des informations et des services de santé sexuelle et reproductive.

« On m’a juste donné un petit bout de papier avec le signe ‘plus’ dessus. Qu’est-ce que c’était ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Je ne comprenais pas ce que le ‘plus’ voulait dire à ce moment là. Plus tard, en revanche, au dispensaire [de désintoxication], on m’a simplement interdit d’entrer en me disant que j’étais séropositive au VIH » a déclaré Masha, ancienne consommatrice de drogues injectables qui vit avec le virus.

Masha et son amie sont toutes les deux mariées à de jeunes hommes séronégatifs au VIH. A mesure que l’on raconte leur histoire, le téléspectateur découvre les sérieux dilemmes auxquels ces couples sérodiscordants sont confrontés. Les hommes, qui ont tous les deux 25 ans, sont tellement désireux d’être pères qu’ils ont des relations sexuelles non protégées avec leur épouse qui est séropositive pour essayer de concevoir un enfant sans tenir compte du risque d’être contaminé.

Les jeunes d’aujourd’hui ont grandi parallèlement au développement dans la pandémie de sida et leurs actions sont déterminantes pour l’évolution future du sida. Les jeunes sont aussi affectés de manière disproportionnée par l’épidémie – plus de 40 % des nouvelles infections à VIH recensées à travers le monde affectent les jeunes de moins de 25 ans. Il existe actuellement 10 millions de jeunes qui vivent avec le VIH et bon nombre d’entre eux n’ont pas accès au traitement, aux soins et à l’appui nécessaires pour être bien portants.

20081219_masha_200.jpg
Masha et son amie sont toutes les deux mariées à de jeunes hommes séronégatifs au VIH. Photo: aids2031

Malgré les statistiques criantes qui indiquent que les jeunes d’aujourd’hui sont les plus exposés au risque d’infection à VIH à travers le monde et la foule de difficultés que les jeunes rencontrent quotidiennement – depuis des taux de chômage qui explosent à la violence sexuelle et l’émergence rapide de situations de conflit – on sait très peu de choses sur les idées et les comportements des jeunes, en particulier en ce qui concerne leur santé sexuelle et reproductive. Les jeunes sont rarement consultés pour l’élaboration des politiques et des programmes de santé au niveau national et il existe un écart croissant entre ce que les universitaires/scientifiques et les décisionnaires considèrent comme la « réalité » des vies des jeunes et les expériences réelles que ces derniers connaissent alors qu’ils grandissent dans une économie que se mondialise rapidement.

Les points de vue et les perceptions des jeunes concernant les problèmes auxquels eux et leur pays sont confrontés au quotidien sont essentiels pour élaborer une riposte efficace contre le sida. Leurs idées et opinions doivent être intégrées dans la lutte contre le sida pour s’assurer que les programmes et les politiques prennent en compte les jeunes comme il convient.

La série de documentaires ‘L’amour à l’époque du VIH’ est actuellement diffusée sur BBC World, depuis novembre 2008. Elle fait aussi l’objet d’une diffusion et de débats en ligne. Découvrez plus d’informations sur le site Internet BBC World et visionnez la série sur le site Internet aids2031.

Quelques mots sur aids2031
aids2031 est un projet sur deux ans élaboré en 2007 par un consortium de partenaires – composé d’économistes, d’épidémiologistes, de spécialistes des sciences biomédicales, sociales et politiques – pour étudier ce que l’on a appris sur la lutte mondiale contre le sida et pour fournir des recommandations sur la manière de l’orienter vers une riposte pérenne à long terme. Ce projet ne porte pas sur ce qui devrait être fait en 2031 mais sur ce qui peut l’être différemment aujourd’hui pour changer le visage de la pandémie d’ici à 2031, 50 ans après la description des premiers cas de sida.

A la fin 2009, aids2031 publiera ses recommandations dans son rapport final intitulé An Agenda for the Future (Ordre du jour pour l’avenir). Pour étayer ce rapport, aids2031 a organisé neuf groupes de travail mondiaux qui sont chacun chargés de s’interroger sur la sagesse conventionnelle, de stimuler une nouvelle recherche et de déclencher des débats publics sur la situation actuelle et future de la riposte au sida. A cette fin, les différents groupes de travail ont fait participer près de 500 leaders, militants et experts au sein et en dehors des communautés concernées par le sida à des discussions dans le cadre de groupes de réflexion, de dialogues publics et d’un sommet des jeunes leaders.