Reportage

Never abandon, never give up : un film de l’OIT permet aux travailleurs migrants en Chine de s’attaquer à la stigmatisation liée au sida

30 avril 2009

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Wang Baoqiang
Wang Baoqiang, vedette de cinéma et ancien travailleur migrant dans le domaine de la construction, est désormais porte-parole du projet VIH/sida de l’OIT en Chine. Photo : avec l’aimable autorisation de l’OIT.

Zhang Xiao Hu fait partie des 200 millions (estimation) de travailleurs migrants de Chine. Il est également l’une des vedettes de Never abandon, never give up (Ne renonce jamais, n’abandonne jamais), un court-métrage dans le style des films de Charlie Chaplin, qui vise à réduire la stigmatisation liée au VIH et à encourager l’usage du préservatif parmi les travailleurs migrants du pays. À partir du 4 mai, l’Organisation internationale du Travail (OIT) et Mega-info Media, la société qui dirige le réseau national de télévision des gares ferroviaires en Chine, commenceront à diffuser le film dans 500 gares de 450 villes du pays. En trois mois, 40 millions de personnes auront eu la possibilité de le voir.

Dans ce film, Zhang joue le rôle d’un ouvrier du secteur de la construction, stigmatisé parce qu’il vit avec le VIH. Un tel scénario ressemble fort à sa situation réelle. En effet, Zhang, le premier migrant interne travaillant en Chine à avoir révélé publiquement son statut VIH, a été stigmatisé par ses collègues dans le passé. « Personne ne voulait travailler, manger ou partager un dortoir avec moi », confie-t-il.

Gu Changwei, un éminent réalisateur

Never abandon, never give up a été produit et réalisé pour l’OIT par Gu Changwei, l’un des lauréats du Festival du film de Berlin en 2005, comptant parmi les plus éminents réalisateurs travaillant aujourd’hui en Chine. Wang Baoqiang, une vedette confirmée qui exerce actuellement la fonction de porte-parole du projet VIH/sida de l’OIT en Chine, y joue un premier rôle. Il se lie d’amitié avec Zhang Xiao Hu sur le lieu de travail de celui-ci et se sert de sa notoriété pour encourager les collègues de l’ouvrier à se débarrasser de leurs préjugés.

« Ce film est une excellente production qui peut contribuer à réduire la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH et la discrimination à leur égard, bien au-delà du domaine professionnel », affirme le Dr Bernhard Schwartlander, Coordonateur de l’ONUSIDA en Chine. « Il s’attaque non seulement à la stigmatisation liée au VIH, mais aussi à la vulnérabilité qui va de pair avec le fait de vivre en marge de la société. »

La campagne « Hometown Fellows »

Le projet fait partie de la campagne « Hometown Fellows » (Concitoyens), dans le cadre de laquelle l’OIT, en partenariat avec le ministère du Travail, des groupements d’employeurs et de travailleurs, et le Bureau de la Commission Sida du Conseil d’État chinois, apporte son concours à 19 entreprises de grande envergure dans les secteurs de la construction, de l’industrie minière et du transport, dans les provinces chinoises les plus touchées par le VIH. Si la prévalence globale du virus est relativement faible en Chine (selon l’ONUSIDA, elle était de 0,1% en 2008), il existe toutefois des zones où le taux d’infection est élevé au sein de populations précises et dans certaines localités. Avec le soutien d’organisations communautaires non gouvernementales, l’OIT mène à bien un programme exhaustif pour le changement de comportement par diverses voies, à l’intention de 190 350 migrants internes qui travaillent dans les provinces du Guangdong, du Yunnan et de l’Anhui.

Le projet « Hometown Fellows » (Concitoyens) s’attaque à la stigmatisation liée au VIH et à l’usage limité du préservatif parmi les migrants. Il met à profit les puissants réseaux de relations des travailleurs migrants, qui quittent souvent les zones rurales pour aller travailler ensemble dans les grandes villes de Chine.

Des travaux de recherche déterminants indiquent qu’il existe chez les migrants un solide lien social fondé sur une origine provinciale commune, susceptible d’influencer les attitudes et comportements. Cela marque un contraste avec l’idée que les travailleurs migrants ont des autorités sanitaires, des directeurs d’entreprise et des communautés de destination, où existent généralement une grande méfiance et un sentiment d’éloignement.

La stratégie de communication de l’OIT en faveur du changement de comportement comprend deux volets. Premièrement, elle a permis d’élaborer une série de supports de communication fondés sur le concept de « concitoyens » et proposant des messages fondamentaux transmis par la voix des migrants. Never abandon, never give up (Ne renonce jamais, n’abandonne jamais) s’inscrit dans le cadre de ce projet.

 

Ce film est une excellente production qui peut contribuer à réduire la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH et la discrimination à leur égard, bien au-delà du domaine professionnel. Il s’attaque non seulement à la stigmatisation liée au VIH, mais aussi à la vulnérabilité qui va de pair avec le fait de vivre en marge de la société.

Dr Bernhard Schwartlander, Coordonateur de l’ONUSIDA en Chine

Deuxièmement, par l’intermédiaire des entreprises, le programme exploite les réseaux de relations des migrants pour offrir une éducation par les pairs sur le lieu de travail, dans les dortoirs et dans les lieux de divertissement environnants. Cette éducation est renforcée par des formations de groupe dans les entreprises et par des messages ciblés transmis via les chaînes de télévision et les stations de radio appartenant à l’entreprise.

Pour Constance Thomas, Directrice du Bureau de l’OIT en Chine, « collaborer avec les autorités dans le cadre de ces projets permet d’atteindre les travailleurs et de leur fournir une protection sociale pour garantir leur santé et leur sécurité au travail… Ils doivent pouvoir jouir du droit de travailler en Chine et de celui de ne pas subir de discrimination ».

Selon des statistiques officielles, les travailleurs migrants représentent 15% de la population chinoise. Ils sont considérés comme vulnérables face au VIH en raison des conditions sociales difficiles dans lesquelles ils vivent, de leurs connaissances limitées sur le VIH et du manque d’accès à des services de santé de qualité.