Reportage

L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime s’attaque au VIH dans les prisons

08 décembre 2009

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Dans la plupart des pays du monde, la prévalence du VIH est plus élevée parmi la population carcérale qu’au sein de la population générale. Cela est imputable à un certain nombre de facteurs tels que le manque relatif de connaissances des personnes incarcérées concernant le VIH, l’absence d’accès à des mesures de protection, un environnement souvent violent, un surpeuplement carcéral et des services de santé inadaptés.

Pour aider à lutter contre cette situation en Afrique, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a lancé, en partenariat avec l’OMS, la Banque mondiale et l’ONUSIDA, le Réseau de partenariat sur le VIH dans les prisons en Afrique (AHPPN).

L’initiative a été annoncée lors de la consultation des pays d’Afrique orientale et australe qui a eu lieu les 17 et 18 novembre 2009. Cette consultation a réuni des représentants des autorités carcérales, de la société civile, des conseils nationaux de lutte contre le sida, d’établissements de santé, de recherche et universitaires, ainsi que de différents organismes des Nations Unies de 16 pays d’Afrique.

Réagir à la situation dans les prisons n’est pas seulement essentiel pour les personnes incarcérées mais aussi pour la société dans son ensemble. Lorsqu’ils sont libérés et retournent dans leur communauté, les prisonniers qui ont été infectés par le VIH pendant leur incarcération sont alors susceptibles d’avoir – en dehors des prisons – des comportements induisant des risques élevés. 

Malgré ces problèmes, les stratégies visant à lutter contre le VIH dans les prisons sont souvent isolées et mal intégrées dans les plans et programmes nationaux de riposte au sida.

Le Réseau de partenariat sur le VIH dans les prisons d’Afrique soutiendra des efforts visant à mettre en place des ripostes au VIH efficaces et respectueuses des droits de l’homme dans les prisons d’Afrique. Le réseau espère aussi faciliter le partage des connaissances et la création d’alliances entre différents partenaires afin d’encourager une approche cohérente, large et globale.

Nous avons besoin d’informations plus complètes concernant la situation du VIH dans les prisons à travers l’Afrique… Ces informations doivent servir à éclairer l’élaboration de services complets et basés sur le concret de prévention, de soins, de traitement et d’appui en rapport avec le VIH pour les hommes, les femmes et les jeunes incarcérés ainsi que les anciens détenus, sans discrimination

Mme Elizabeth Mataka, Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour le sida en Afrique

Se faisant l’avocate de ce besoin de coordination, Mme Elizabeth Mataka, Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour le sida en Afrique et oratrice principale lors du lancement du réseau, a indiqué : « Nous ne pouvons pas travailler de manière isolée… nous avons besoin de tout le monde, depuis les responsables gouvernementaux, les conseils nationaux de lutte contre le sida et les organismes chargés de l’application des lois, jusqu’aux organisations de la société civile, aux personnes incarcérées et aux anciens détenus, pour atteindre réellement les objectifs d’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui pour ce sous-groupe spécifique de population, mais aussi au profit de la société considérée dans son ensemble ».

Le réseau s’assurera aussi que les manques actuels de connaissances sur la vraie nature et l’ampleur de l’épidémie de VIH dans les milieux carcéraux soient comblés et que la riposte soit basée sur des données valables et du concret.

Mme Mataka a ajouté : « Nous avons besoin d’informations plus complètes concernant la situation du VIH dans les prisons à travers l’Afrique… Ces informations doivent servir à éclairer l’élaboration de services complets et basés sur le concret de prévention, de soins, de traitement et d’appui en rapport avec le VIH pour les hommes, les femmes et les jeunes incarcérés ainsi que les anciens détenus, sans discrimination. Il va sans dire que ces services doivent présenter une qualité et des normes identiques à ceux destinés aux non prisonniers et inclure des liens avec la communauté au sens large ».

La mission du Réseau de partenariat sur le VIH dans les prisons en Afrique est large et sera non seulement axée sur le VIH mais aussi sur la tuberculose, la santé mentale, la consommation de drogues et le surpeuplement des prisons. En outre, le réseau fournira à ses pays membres un accès à l’appui technique.

Une déclaration d’engagement à lutter contre le sida dans les prisons au niveau régional a été adoptée lors de la consultation. Tenant compte du contexte économique et socioculturel de l’Afrique, la déclaration servira de document cadre pour encourager une lutte efficace contre le VIH dans les prisons de la région.

Le Réseau, qui sera soutenu financièrement par l’Equipe suédoise/norvégienne de lutte contre le VIH/sida en Afrique, a créé un site Internet pour partager les idées et les expériences via le forum le plus large possible. On peut accéder à ce site à l’adresse  www.ahppn.com.