Reportage

ITU Telecom World : relier le monde et diffuser des informations sur le VIH

05 octobre 2009

20091005_ITU_Youth_200.jpg
ITU Telecom World 2009 souhaite la bienvenue aux participants du Forum de la jeunesse.
Photo: UIT / F. Rouzioux

La révolution dans les domaines du numérique et des technologies a profondément changé les modes de communication dans le monde entier. Nombre de communautés dans les pays en développement n’ont toujours pas accès à des ordinateurs ni à l’Internet. Pourtant, d’après l’Union internationale des communications (UIT), quelque 2,2 milliards d’utilisateurs de téléphones mobiles vivaient dans des pays en développement fin 2008, ce qui représente 64% du marché mondial. Des estimations indiquent qu’à l’horizon 2012, la moitié de l’ensemble des personnes vivant dans des zones reculées, qui n’ont souvent pas accès à l’eau salubre courante, l’électricité ou l’Internet, posséderont des téléphones mobiles.

20091005_ITU_BKM3_200.jpg
S.E. M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, et le Dr Hamadoun I. Touré, Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), à la cérémonie d’ouverture animée de ITU Telecom World 2009
Photo: UIT / F. Rouzioux

Cette semaine, l’UIT réunit le secteur mondial des télécommunications à Genève (Suisse) dans le cadre de la manifestation ITU Telecom World 2009. La conférence a été ouverte par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-moon, le 5 octobre. Des délégués vont examiner des aspects des transformations sociétales, notamment la fracture numérique, le changement climatique et les secours en cas de catastrophe. Axée principalement sur les possibilités en matière de développement, la manifestation traite de la responsabilité sociale de l’entreprise et présente des exemples de pratiques les meilleures.

L’explosion de la technologie mobile représente une occasion importante d’intensifier la riposte au sida dans les pays pauvres.

Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, est convaincu du bien-fondé de cette approche. « De plus en plus de personnes dans le monde ont accès aux outils de communication, même dans les villages les plus reculés. Ils nous permettent d’être tous reliés au sein d’une communauté mondiale », a-t-il déclaré.

Exploiter la technologie de façon créative nous permettra d’entrer en contact avec les personnes ayant besoin d’aide. Je veux que l’accès universel aux services de prévention, de traitement, de soins et d’appui en matière de VIH soit aussi étendu que la couverture des téléphones mobiles.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA

« Exploiter la technologie de façon créative nous permettra d’entrer en contact avec les personnes ayant besoin d’aide. Je veux que l’accès universel aux services de prévention, de traitement, de soins et d’appui en matière de VIH soit aussi étendu que la couverture des téléphones mobiles », a-t-il ajouté.

Les technologies mobiles et la riposte au sida

À travers la technologie mobile, les millions de personnes dans les pays en développement qui avaient été laissées pour compte par la fracture numérique peuvent désormais accéder du bout des doigts à des informations sur la santé et à des services de soins de santé. Les téléphones mobiles sont utilisés comme des outils peu onéreux pour le dépistage du VIH, la collecte de données, le suivi de l’épidémie, la formation des professionnels de santé, la prévention et l’appui au traitement dans le domaine du VIH.

Parmi les exemples novateurs figurent la campagne par SMS de sensibilisation au VIH et de dépistage (« Text to Change », Ouganda), le dépistage du VIH et l’appui au traitement via les téléphones mobiles (« Project Masiluleke », Afrique du Sud), le renforcement des systèmes de santé via les téléphones mobiles (« Phones for Health », Rwanda), et des cartes à puce permettant d’assurer le suivi des patients séropositifs (Inde et Zambie). Ces initiatives à petite échelle s’inscrivent dans le domaine en pleine expansion de la téléphonie mobile au service de la santé (« mHealth »), qui met à profit les outils de communication mobile, tels que les téléphones portables et les assistants numériques personnels (PDA), pour les services de santé et la diffusion d’informations dans ce domaine. Les programmes « mHealth » gagnent du terrain dans toutes les régions du monde.

Les SMS peuvent contribuer au changement de comportement

Aujourd’hui, les messages transmis par le service de messages courts (SMS) constituent un moyen peu onéreux et efficace de diffuser des messages sur la santé dans les pays en développement. D’après le rapport de la Fondation pour les Nations Unies, « mHealth for Development: The Opportunity of Mobile Technology for Healthcare in the Developing World » (La téléphonie mobile au service des soins de  santé dans les pays en développement), des études officielles et des données empiriques montrent que les alertes par SMS ont une plus grande influence sur le comportement que les campagnes radiophoniques et télévisées.

En outre, les alertes par SMS sont relativement discrètes et assurent à l’utilisateur une confidentialité dans des contextes où le VIH est souvent un sujet tabou. Dans les pays en développement, ces alertes se sont révélées très efficaces pour cibler des groupes de population difficiles à atteindre dans des zones rurales, où le manque de dispensaires et de dispensateurs de soins de santé ainsi que l’accès limité à des informations empêchent souvent les personnes de prendre des décisions éclairées en rapport avec leur santé.

Les campagnes par SMS sur le dépistage du VIH et l’appui au traitement

Un nombre croissant de pays, pour l’essentiel en Afrique, établissent des partenariats avec des opérateurs de téléphonie mobile locaux pour lancer des campagnes par SMS de sensibilisation au VIH et de dépistage. Ces campagnes ont été particulièrement efficaces pour renseigner les jeunes sur le VIH et les encourager à se soumettre à un dépistage. La téléphonie mobile a également été exploitée pour encourager les personnes vivant avec le VIH à suivre leur traitement et à aller à leur rendez-vous médicaux. Dans un traitement contre le VIH, il est indispensable de prendre les médicaments de façon régulière pour éviter la pharmacorésistance.

20091005_telecom_sms_200.jpg

Le Projet Masiluleke se sert de la technologie mobile pour inciter les Sud-Africains à se soumettre à un dépistage du VIH. Un million de SMS disant « Please call me » (Appelle-moi, s’il te plaît) sont envoyés chaque jour dans toute l’Afrique du Sud pour encourager les gens à aller faire un test VIH et à recevoir un traitement. Rédigés dans les langues régionales, ces messages visent à diriger les utilisateurs vers le service téléphonique national consacré au sida. Une fois que le patient est en ligne, les interlocuteurs le renseignent sur les services de test VIH et lui en communiquent l’adresse. Avoir connaissance de sa sérologie VIH est indispensable dans un pays où près de 20% de la population vit avec le VIH mais où moins de 3% connaît son statut VIH.

Utiliser la technologie mobile pour les diagnostics et la collecte de données

Les professionnels de santé dans les zones reculées qui ne disposent d’aucun centre de santé sont désormais en mesure d’établir des diagnostics et de fournir un appui au traitement aux personnes vivant avec le VIH par le biais d’un accès sans fil à des bases de données sur les informations médicales ou de personnel médical. Résultat, les patients peuvent recevoir un traitement dans leur village et leur foyer.

En outre, la collecte de données des zones reculées par le biais de la technologie mobile est beaucoup plus rapide, fiable et efficace. Des initiatives novatrices telles que « Phones for Health » (Des téléphones pour la santé) contribuent à pallier l’absence de données sur les patients dans les pays en développement, ce qui permet aux décideurs de faire des investissements plus avisés en allouant les ressources là où elles sont le plus nécessaire. La collecte de données est une composante essentielle des programmes VIH dans les pays en développement, étant donné que les décideurs et les dispensateurs de soins de santé aux niveaux des pays, des districts et des communautés ont besoin de données précises pour évaluer l’efficacité des programmes en place et concevoir de nouvelles politiques.

La cartographie par SIG pour renforcer les programmes VIH
En collaboration avec ses partenaires, l’OMS renforce les programmes de surveillance, de prévention et de traitement en matière de VIH dans des pays, grâce à un système mondial d’information et de cartographie établi à l’aide d’outils de collecte de données de terrain à distance, d’applications sans fil et de systèmes à satellites. L’OMS peut ainsi suivre et analyser les tendances épidémiologiques de l’infection à VIH dans le monde ainsi que l’efficacité des programmes de prévention et de traitement. Par exemple, les données collectées par le système de cartographie peuvent permettre aux experts de la santé de déterminer quels sont les centres de santé qui disposent d’un stock suffisant d’antirétroviraux.

La technologie en ligne pour lutter contre le VIH

Parallèlement à la technologie mobile, la technologie sur le Web révolutionne la façon dont les informations sur la santé sont diffusées de par le monde. Il existe désormais une proportion élevée de personnes dans le monde qui peuvent, en un clic de souris, avoir accès à des informations sur la transmission, la prévention, les soins et le traitement dans le domaine du VIH.

S’agissant de sensibiliser les jeunes au VIH, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et ses Coparrainants, notamment l’UNICEF, l’UNFPA et la Banque mondiale, exploitent le Web de façon novatrice pour diffuser des messages de prévention du VIH.

En 1998, l’ONUSIDA et l’UNICEF ont établi un partenariat avec la chaîne MTV pour lancer la campagne Staying Alive (Rester en vie) (), qui a été primée. Dix ans plus tard, c’est la campagne de prévention du VIH ciblant les jeunes la plus importante du monde. Le site Internet de l’UNICEF La voix des jeunes offre aux jeunes un espace sûr et réconfortant dans le cadre duquel ils peuvent réfléchir, discuter et s’associer à d’autres jeunes autour de questions liées à la santé, au développement et aux droits de l’homme, notamment les moyens d’arrêter la propagation du VIH.

Exploiter le phénomène de la communication virale

Les réseaux de médias sociaux, tels que Facebook, MySpace, et Twitter, sont de plus en plus en vogue dans le monde. Ces exemples d’outils de communication virale invitent à une plus grande interaction, grâce à laquelle les informations sont diffusées à plus grande échelle et plus rapidement. Ce phénomène augmente la vitesse à laquelle les informations circulent et dispose d’atouts impressionnants pour toucher de nouveaux destinataires avec des messages précis et ciblés.

À l’instar de nombre d’organismes, l’ONUSIDA fait un usage croissant des réseaux de médias sociaux afin que ses messages touchent des destinataires nouveaux et existants. Présent tant sur Facebook que sur Twitter, le Programme commun noue le dialogue avec les utilisateurs de ces sites en les encourageant à laisser des commentaires et des observations et en affichant régulièrement des nouvelles fraîches. Les sites de mise en commun d’informations, comme Flickr et YouTube, permettent aussi à l’ONUSIDA de partager ses contenus audiovisuels avec des personnes du monde entier.

Le but de l’utilisation des réseaux de médias sociaux est simple : diffuser des messages sur le VIH et inciter les jeunes à prendre des mesures pour arrêter la propagation du virus.

Envisager l’avenir

Tout comme les nouvelles technologies, la façon dont les pays s’engagent contre le VIH continuera d’évoluer. En maîtrisant les nouvelles tendances en matière de technologie, les pays pourront exploiter des outils novateurs pour fournir aux gens, même dans les villages les plus reculés, un accès à des services de prévention et de traitement dans le domaine du VIH.