Reportage

Conférence internationale sur la réduction des risques à Liverpool

28 avril 2010

20100428_IHRC_200.jpg

La 21ème conférence internationale « Réduction des Risques 2010 », organisée par l’Association internationale pour la réduction des risques (IHRA), se déroule du 25 au 29 avril 2010 à Liverpool, en Angleterre. Placée sous le thème de la « Réduction des dommages : La prochaine génération », la conférence a attiré quelque 1 400 délégués de 80 pays environ. Ces délégués ont partagé leurs connaissances et leurs contacts tout en promouvant les meilleures pratiques avérées existant dans le domaine de la réduction des risques dus aux drogues et à l’alcool.

Parmi les participants figurent principalement des agents de première ligne, des chercheurs, des décideurs, des hommes politiques, des représentants d’organisations internationales, des personnes consommatrices de drogues et des professionnels de la justice pénale.

Dans un message vidéo présenté lors de la cérémonie d’ouverture, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, a instamment appelé à la décriminalisation des consommateurs de drogues et à sa mise en évidence dans toute riposte au VIH visant l’efficacité.

Il a également souligné le fait qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir même si les informations scientifiques font état de résultats positifs à propos des programmes de réduction des risques, des politiques menées dans ce domaine et du soutien politique dont il bénéficie.

Une étude récemment publiée par The Lancet a révélé que les consommateurs de drogues injectables n’ont souvent pas accès, ou que très peu accès, à des services sur le VIH complets et informés. Ils ne reçoivent en général que deux seringues avec aiguille par mois et seuls 8 % d’entre eux bénéficient d’une thérapie de substitution des opioïdes.

La conférence accorde une attention particulière à la progression de l’épidémie de VIH en Europe de l’Est et en Asie centrale, laquelle est principalement due aux utilisations dangereuses de drogues injectables. Selon l’ONUSIDA, ce sont les consommateurs de drogues injectables qui sont les plus touchés par l’épidémie qui sévit dans cette région. Il y avait 1,5 million de personnes vivant avec le VIH en 2008 dans cette région, soit une augmentation de deux tiers par rapport à 2001 en termes de nouvelles infections au VIH. Le virus progresse également auprès des partenaires sexuels de ces consommateurs de drogues.

Après un début timide, de nombreux pays de la région ont multiplié leurs efforts en faveur de la réduction des risques. En Ukraine par exemple, où le taux d’infection au VIH est le plus élevé d’Europe, et où un tiers des consommateurs de drogues injectables vivent avec le VIH, l’épidémie du virus s’est stabilisée ces dernières années parmi ces consommateurs de drogues grâce à des mesures de remplacement des aiguilles et seringues et, plus récemment, grâce à des programmes de traitements de substitution aux drogues.

De nombreuses études ont montré que lorsque les consommateurs de drogues peuvent bénéficier de services sur la réduction des risques, ils diminuent leurs échanges d’aiguilles et suivent des thérapies de substitution des opioïdes, lesquelles réduisent la prise de risque et le nombre des décès. Une étude approfondie menée dans plus de 100 villes révèle que lorsque ces services sur la réduction des risques sont accessibles, le taux d’infection du VIH recule de près de 19 % et qu’en revanche, dans le cas contraire, ce chiffre progresse de 8 %.

Pour être efficaces, les approches sur la réduction des risques doivent inclure l’utilisation d’aiguilles propres, les thérapies de substitution des opioïdes (pour les consommateurs d’opiacés) et l’accès aux thérapies antirétrovirales. Elles doivent aussi viser à réduire la transmission du VIH par voie sexuelle aux partenaires des consommateurs de drogues, en promouvant notamment le préservatif.

Cette conférence « Réduction des Risques 2010 » offre des discours-programmes de haut vol, des sessions plénières, des colloques, des ateliers, des séances de formation, des films, des expositions d’affiches, des espaces d’exposition, des réunions latérales, des événements sociaux facilitant le réseautage, ainsi que la présentation annuelle du prix IHRA. Elle a aussi inclus le lancement d’un rapport novateur sur le manque de financements mondiaux en faveur de la réduction des risques liés au VIH, lequel est intitulé « 3 Cents a day is not enough ».