Reportage

Consultation internationale à Casablanca sur le thème « Santé, dignité et prévention positives »

26 mars 2010

20100328photo1.jpg_200.jpg
Nicolas Ritter, fondateur de l’association Prévention, information et lutte contre le sida (PILS) lors de son intervention dans le cadre de la consultation technique sur la santé, la dignité et la prévention positives. Casablanca (Maroc), le 28 mars 2010.

Nicolas Ritter est un pionnier du mouvement qui œuvre à ce que les personnes vivant avec le VIH soient au centre de la riposte au sida. Il fut la première personne en République de Maurice à annoncer publiquement qu’il était positif au VIH. « Il me semblait logique que les personnes vivant avec le VIH devaient faire partie de la riposte, mais il a fallu longtemps avant que d’autres personnes infectées par le VIH surmontent leur peur de la stigmatisation et se manifestent » explique Nicolas Ritter.

C’est en 1996 que Nicolas Ritter fonda à Maurice l’association Prévention, information et lutte contre le sida (PILS) dans le but de mener des campagnes en faveur de l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH et d’impliquer celles-ci dans tous les aspects de la prévention. Aujourd’hui, quatorze ans plus tard, PILS compte 13 « ambassadeurs positifs » qui se rendent dans les écoles, les entreprises et les médias pour parler de la prévention du VIH.

Dans la mesure où le traitement antirétroviral a donné un nouveau souffle de vie à des millions de personnes, les programmes de prévention du VIH ont redirigé leur attention sur les personnes qui connaissent leur statut sérologique afin de garantir que les personnes vivant avec le VIH jouent un rôle fondamental dans le développement et la mise en œuvre de politiques sur le VIH. Pour appuyer cette démarche, le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH (GNP+) et l’ONUSIDA ont organisé une consultation technique le 28 mars à Casablanca (Maroc).

Santé, dignité et prévention positives

Cette consultation internationale, organisée presqu’un an après une réunion capitale en Tunisie, a rassemblé près de 30 représentants des personnes vivant avec le VIH, de la société civile, des organismes gouvernementaux, des coparrainants de l’ONUSIDA, des donateurs et des agences de développement. Lors de cette consultation, les participants ont décidé de s’éloigner de l’expression « prévention positive », estimant qu’elle stigmatisait les personnes vivant avec le VIH. Afin d’ôter le fardeau injuste de la responsabilité de la transmission du VIH qui pèse sur les épaules des personnes positives au VIH, les participants à la consultation ont proposé l’expression « santé, dignité et prévention positives ».

20100328photo5.jpg_200.jpg
Les participants ont insisté sur l’importance de faire de la santé, la dignité et la prévention positives des éléments incontournables d’un train de mesures de prévention. Casablanca (Maroc), le 28 mars 2010.

La consultation de Casablanca fut également l’occasion de partager les meilleures pratiques, d’identifier les défis et les objectifs communs et d’étudier les opportunités existantes en matière de programmation, de politique et de recherche. Nicolas Ritter déclare : « Cette discussion a joué un rôle critique dans la progression du débat. Nous avons envisagé les différentes manières dont nous pourrions transformer le concept de ‘santé, dignité et prévention positives’ en gestes concrets. »

Les participants ont insisté sur l’importance de faire de la santé, la dignité et la prévention positives des éléments incontournables d’un train de mesures de prévention. Ils ont mis l’accent sur une approche tenant compte des droits de l’homme reposant sur la protection juridique et un environnement politique où la discrimination n’a pas sa place. Ils ont étudié différentes manières de s’attaquer aux vulnérabilités sociales telles que la pauvreté, la violence de genre, la xénophobie et l’homophobie. Comme l’explique Hélène Badini, conseillère régionale de l’ONUSIDA pour les questions de mobilisation sociale : « Nous avons examiné les principaux obstacles sur la voie d’une augmentation sensible de la participation des personnes vivant avec le VIH aux programmes de prévention. ».

5e Conférence francophone VIH/SIDA

La consultation internationale a été organisée à Casablanca dans le cadre de la 5e Conférence francophone VIH/SIDA qui se tient dans cette ville du 28 au 31 mars. Cet événement réunit plus de 1 500 participants professionnels de la santé, chercheurs, fonctionnaires gouvernementaux, membres de la société civile et principaux acteurs francophones de la riposte au VIH. La conférence est présidée par le Pr. Françoise Barré-Sinoussi, Prix Nobel de médecine 2008. L’ONUSIDA coopère pour la première fois et outre la consultation sur le thème « Santé, dignité et prévention positives », elle contribue également à l’organisation d’un symposium mardi sur le VIH et les droits de l’homme organisé avec le Programme des Nations Unies pour le développement. Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, interviendra lors de la cérémonie de clôture mercredi.