Reportage

Améliorer l'accès aux médicaments de qualité à prix abordable dans les pays africains : le rôle de la Conférence internationale sur la production pharmaceutique locale en Afrique et le lancement de l'Association d'Afrique australe pour les médicaments...

06 avril 2011

Photo : ONUSIDA

Dans les pays en développement, la difficulté d'accès aux produits essentiels à prix abordable constitue l’un des principaux obstacles à l'accès universel au traitement. Deux récents événements au Cap ont donné l’occasion de discuter de ce problème, d’y réfléchir et d’élaborer une stratégie en vue d’améliorer l'accès à des médicaments de qualité à prix abordable en Afrique.

La Conférence internationale sur la production pharmaceutique locale en Afrique s'est déroulée du 4 au 6 avril derniers. Elle a réuni des hommes politiques, des représentants de l'industrie pharmaceutique et des partenaires du développement afin de leur permettre d'échanger leur point de vue et de collaborer, ce qui est fondamental pour promouvoir la production pharmaceutique locale. Les discussions ont porté sur des questions très variées dont l'accès aux médicaments essentiels, les droits de la propriété intellectuelle, le transfert de technologie ainsi que le recours aux flexibilités de l'accord sur les ADPIC et l'harmonisation de la réglementation des produits pharmaceutiques.

Le renforcement de la capacité de réglementation est également essentiel pour permettre l'accès, en temps utile, à des médicaments de qualité, sûrs et efficaces.

Dr Paul De Lay, directeur exécutif adjoint du programme, ONUSIDA

Des représentants des organisations intergouvernementales régionales comme la Communauté de l'Afrique de l'Est et la Communauté de développement de l'Afrique australe ont été rejoints par des représentants de l'industrie pharmaceutique indienne, du PNUD et de l'OMS. Ils ont été accueillis par M. Stefano Bologna, représentant de l'ONUDI, M. Dieter Haller, ambassadeur d'Allemagne à Pretoria et M. Olajide, de la Commission de l'Union africaine. Parmi les participants figuraient également M. Anand Grover, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la santé et Mme Ellen T’Hoen, directrice exécutive de la fondation Medicines Patent Pool.

Dans son discours inaugural, Paul De Lay, directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA, a déclaré que la production locale de produits pharmaceutiques de qualité en Afrique offre l'opportunité de soutenir la riposte au sida sur le long terme et de rapprocher les produits des personnes qui en ont besoin.

« Mais il faut pour cela mettre en place un cadre réglementaire solide, capable d'attirer les investissements du secteur privé pour financer la fabrication de médicaments en Afrique. La production locale pourrait alors prospérer, comme nous l'avons observé en Asie et en Amérique Latine » a t-il indiqué.

« Le renforcement de la capacité de réglementation est également essentiel pour permettre l'accès en temps utile à des médicaments de qualité, sûrs et efficaces », a ajouté Paul De Lay.

Lancement de l'Association d'Afrique australe pour les médicaments génériques

La conférence a été précédée le 4 avril par le lancement officiel de l'Association d'Afrique australe pour les médicaments génériques (SAGMA). Cette association à but non lucratif espère promouvoir la collaboration au sein du secteur pharmaceutique afin d'assurer l'autosuffisance et la fiabilité de la production et de la fourniture locales de médicaments génériques de qualité, abordables et efficaces dans les pays de la Communauté de développement de l'Afrique australe.

Paul De Lay, directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA, a prononcé l’un des discours inauguraux lors du lancement. Il a parlé de l'émergence d'une « vision et d'un système de réglementation panafricains » qui permettraient de réduire les délais d'autorisation de mise sur le marché des médicaments, d'améliorer le contrôle qualité, de mieux soutenir l'innovation et de riposter de manière plus durable au VIH.

« La SAGMA a un rôle essentiel à jouer pour appuyer l'élaboration d'un plan de réglementation pharmaceutique pour l'Afrique qui soutiendra l'accès universel au traitement », a déclaré Paul De Lay.

Poursuivant son discours, il a décrit le soutien que pourrait apporter la SAGMA aux pays à travers « la mise en œuvre de l'accord sur les ADPIC, des modèles de licence innovants et la fondation Medicines Patent Pool pour continuer à faire baisser les prix et assurer la disponibilité de nouvelles générations de médicaments de bonne qualité. »

Mme Joy Phumaphi, secrétaire exécutive de l'Alliance des dirigeants africains contre le paludisme (ALMA) au Botswana, a également prononcé un discours inaugural. Cette alliance de chefs d'État et de gouvernements africains a pour objectif de réduire à néant les décès liés au paludisme. Elle a été fondée par les dirigeants africains afin de mettre à profit leur pouvoir individuel et collectif par delà les frontières des pays et des régions.

Deux tables rondes se sont également tenues afin de permettre aux participants de partager leur expérience dans le domaine de la fabrication de produits pharmaceutiques en Afrique australe. Parmi les intervenants figuraient des représentants de laboratoires pharmaceutiques privés.