Reportage

Les dirigeants politiques indiens des grandes formations appellent à maintenir le succès de la riposte indienne au sida

04 juillet 2011

de gauche à droite : Oscar Fernandes, membre du Parlement et président du Forum parlementaire, Sonia Gandhi, présidente de l'Alliance progressiste unie, Dr Manmohan Singh, Premier ministre indien, Gulam Nabi Azad, Ministre de la santé et des affaires familiales, Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA.
Photo : ONUSIDA/Naresh

La riposte de l'Inde au sida s'est transformée au cours des dernières années, appuyée par un puissant soutien des grandes formations politiques pour sa riposte au sida et une importante mobilisation de la société civile. Les nouvelles infections au VIH dans le pays ont baissé de plus de 50 % pendant cette décennie. Le traitement antirétroviral est désormais accessible à plus de 400 000 personnes vivant avec le VIH. Le gouvernement indien propose à présent un traitement antirétroviral de deuxième ligne gratuit aux personnes dans le besoin. Cependant, les lacunes restent nombreuses en matière de prévention et de traitement du VIH en Inde.

« L'heure n'est pas à l'auto-satisfaction, même si la riposte au sida se révèle être un succès », a déclaré Dr Manmohan Singh, Premier ministre indien, lors de l'inauguration de la Convention nationale des parlementaires, des législateurs et des représentants élus des organismes urbains et ruraux d'Inde. « N'oublions pas que 2,4 millions de personnes vivent avec le VIH en Inde. Nous ne devons pas relâcher nos efforts pour fournir un traitement aux personnes vivant avec le VIH et éviter que d'autres personnes soient infectées », a-t-il ajouté.

L'heure n'est pas à l'auto-satisfaction, même si la riposte au sida est un succès

Dr Manmohan Singh, Premier ministre d'Inde

En accueillant les participants à la convention, le Ministre indien de la santé, Gulam Nabi Azad, a attiré l'attention sur le besoin croissant de plus grands investissements nationaux pour la riposte au sida dans un contexte de réduction du financement international pour la lutte contre le sida. Les estimations de l'ONUSIDA montrent que près d'un tiers des dépenses de l'Inde est actuellement financé par des sources nationales. « De nombreux donateurs internationaux réduisent leur assistance à l'Inde ou y mettent fin tout simplement. Nous ne pouvons pas nous permettre de disposer d'investissements limités pour lutter contre le VIH alors même que nous espérons étendre notre programme », a déclaré M. Azad. « J'appelle le gouvernement indien à augmenter ses investissements nationaux ».

Faisant l'éloge du soutien des grandes formations politiques indiennes à la riposte au sida, la présidente de l'Alliance progressiste unie, actuellement au pouvoir, Sonia Gandhi, a appelé à se concentrer durablement sur la riposte au sida en fournissant un accès universel aux médicaments et à la santé dans le pays. « Même si l'Inde a pu réduire les nouvelles infections de 50 % au cours de ces 10 dernières années, l'heure n'est pas à l'auto-satisfaction et les efforts doivent être maintenus et consolidés pour des bénéfices à long terme », a déclaré Mme Gandhi. « Le sida n'est pas seulement un problème de santé ; il touche tous les aspects des facettes sociales, économiques et du développement. Nous pouvons développer des stratégies, des programmes, des objectifs et des priorités mais n'oublions pas que nous devons atteindre les hommes, les femmes et les enfants qui, quasi invariablement, appartiennent aux catégories les plus défavorisées et les plus démunies de la société ».

Les intervenants ont également rappelé le rôle pivot joué par l'Inde en matière d'expansion de l'accès universel au traitement du VIH aux personnes vivant avec le VIH dans le monde, en particulier en Afrique. Dans son intervention à l'ouverture de la Convention nationale, le directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé, a invité l'Inde à s'assurer que l'utilisation des assouplissements dans le cadre de l'accord sur les ADPIC soient maintenue pour garantir l'accès à des médicaments bon marché et de qualité sur le long terme. 

Rappelant le rôle pivot des dirigeants indiens dans la fin des inégalités sociales et de l'injustice sociale, il a appelé à la fin de la dichotomie mondiale de l'accès aux services anti-VIH entre les riches et les pauvres. « Il n'est pas logique que la valeur d'une vie dans le Nord soit différente d'une vie dans le Sud », a déclaré M. Sidibé.

« Je veux étudier et m'épanouir dans la vie. Je veux devenir travailleur social et aider les autres enfants et personnes qui vivent avec le VIH » a indiqué Mme Romana, une jeune personne vivant avec le VIH au Premier ministre indien.

En soulignant les différentes difficultés auxquelles reste confrontée la riposte au sida, le Premier ministre indien a émis le souhait particulier de mettre fin aux nouvelles infections au VIH chez les enfants. « Nos efforts pour mettre fin au VIH chez les enfants sont entravés par le faible nombre de femmes enceintes qui accouchent à l'hôpital en Inde », a déclaré Dr Singh. « Heureusement, de gros progrès ont été réalisés avec notre programme Janani Suraksha [Maternité sûre]. Les deux programmes [Maternité sûre et VIH] doivent converger pour réduire la transmission du VIH aux enfants dans le pays ».  

Dr Manmohan Singh, Premier ministre indien, ouvrant la Convention nationale avec la traditionnelle « cérémonie de la lampe ».
Photo : ONUSIDA/Naresh

« L'Inde peut éliminer les nouvelles infections au VIH chez les enfants d'ici 2015 », a indiqué M. Sidibé. « Nous avons les médicaments, nous avons la technologie et nous savons comment faire. Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est que les dirigeants politiques prennent un engagement ».

En réponse à l'appel du directeur exécutif de l'ONUSIDA, Oscar Fernandes, membre du Parlement et président du Forum parlementaire, a déclaré que « en augmentant les accouchements à l'hôpital et en intégrant des programmes de prévention du VIH, nous sommes déterminés à mettre fin aux nouvelles infections au VIH chez les enfants ».

Pendant la Convention, le leader de l'opposition de la chambre basse du Parlement indien, le Lok Sabha, Sushma Swaraj, a appelé à la fin de la stigmatisation et de la discrimination dans le pays. « Le sida n'est pas une maladie contagieuse. Nous devons nous lever et montrer à notre peuple que les personnes qui vivent avec le VIH sont comme nous et ne présentent pas un risque pour la société », a déclaré Mme Swaraj, qui a également appelé à ce que les enfants vivant avec le VIH aient le droit à l'éducation.

La Convention nationale a rassemblé plus de 1 000 représentants élus et organisations de la société civile et était organisée par le Forum national des Parlementaires sur le VIH/sida en collaboration avec l'ONUSIDA et l'Organisation nationale de contrôle du sida d'Inde.  « Il s'agit d'une réunion de convergence et de mise en oeuvre », a déclaré J.D. Seelam, membre du Parlement et secrétaire-général du Forum parlementaire national. « Nous devons mobiliser les trois millions d'organisations locales en Inde si nous voulons atteindre nos objectifs ».

Une déclaration devrait être adoptée par les élus à l'issue de la convention. « Nous sensibilisons les masses sur le problème du sida grâce à leurs représentants élus » a déclaré M. Fernandes.