Reportage

L’appropriation nationale de la riposte au sida est essentielle pour permettre l’accès universel en Afrique occidentale et centrale

07 mars 2011

(De gauche à droite) : Dr Touré, Coordonnateur de l’équipe inter-pays de l’OMS pour l’Afrique de l’Ouest, Hedia Belhadj, Directrice du Département des partenariats de l’ONUSIDA, Jean Tchoffo, Secrétaire général du Ministère camerounais des finances, Dr Meskerem Grunitzky-Bekele, Directrice de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour l'Afrique occidentale et centrale, Dr Sabine Ntakirutimana, Ministre de la santé et de la riposte au VIH, Dr Marie Ahouanto, Coopération française, Bureau des politiques de santé et de la protection sociale, Dr Manuel Rodrigues Boal, Conseiller du Ministre cap-verdien de la Santé, Yamina Chakkar, Conseillère de l’ONUSIDA en matière d’appui aux régions, Macoura Oulare, spécialiste du VIH à l’UNICEF, Leiliane Corcher M’boa, Secrétaire Exécutive du RAP+ (Afrique de l’Ouest).

Les acteurs de la riposte au sida en Afrique occidentale et centrale se sont réunis à Dakar (Sénégal) les 3 et 4 mars 2011 pour examiner les avancées réalisées sur la voie de la réalisation de l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH. La consultation régionale a été organisée par l'ONUSIDA en collaboration avec ses Coparrainants, les réseaux régionaux de la société civile, les représentants des autorités et les partenaires de développement.

Le Dr Modou Diagne Fada, Ministre sénégalais de la santé et de la prévention a souligné l'importance de l'appropriation nationale : « Un encadrement efficace et une appropriation nationale de la riposte au sida accéléreront nos actions sur la voie de la réalisation de l'accès universel et des Objectifs du Millénaire pour le développement. »

Les participants ont reconnu que des avancées avaient été réalisées en matière d'élargissement de l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH dans la région. L'accès aux traitements antirétroviraux est passé de 1 % en 2001 à 25 % en 2010. La couverture des services de prévention de la transmission de la mère à l'enfant est quant à elle passée de 4 % à 2005 à 23 % en 2010. Plus remarquable encore, l'incidence du VIH a chuté dans dix pays et la prévalence du VIH est restée stable dans sept pays.

Un encadrement efficace et une appropriation nationale de la riposte au sida accéléreront nos actions sur la voie de la réalisation de l'accès universel et des Objectifs du Millénaire pour le développement.

Dr Modou Diagne Fada, Ministre sénégalais de la santé et de la prévention

Cette consultation a également identifié les lacunes en matière de mise en œuvre des mesures visant à réaliser les OMD d’ici 2015. Il a notamment été question de la forte dépendance des programmes relatifs aux VIH et à la santé au financement externe. « Le plaidoyer en faveur d'une augmentation des financements durables des programmes nationaux au sida doit s'appuyer sur des données et être étroitement lié aux programmes de développement des pays afin de réaliser les OMD », a déclaré M. Jean Tchoffo, Secrétaire général du Ministère camerounais des finances.

Les faibles liens entre la riposte au VIH et les autres services de santé constituent une autre des lacunes identifiées. Le Ministre burundais de la santé, le Dr Sabine Ntakirutimana, a souligné qu'il fallait améliorer l'intégration au sein des services de santé afin de réaliser l'accès universel et, en particulier, l'élimination totale de la transmission du VIH de la mère à l'enfant. « Le VIH devrait être utilisé comme point d'entrée à une offre intégrée de services de santé », a ajouté le Dr Ntakirutimana.

Les participants ont qualifié l'instabilité politique et sociale de la plupart des pays de la région, qui vient aggraver l'insuffisance de cadre institutionnel à une riposte efficace au VIH, d'obstacle majeur. « Dans une région où plus de la moitié des États sont soit en situation de conflit soit d'après-conflit, la riposte humanitaire doit absolument répondre aux besoins des personnes vivant avec le VIH », a déclaré le Dr Meskerem Grunitzky-Bekele, Directrice de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour l'Afrique occidentale et centrale.

Les participants ont abordé la question de la crise post-électorale en Côte d'Ivoire et de l'instabilité qui en résulte et qui menace l'accès aux traitements des personnes vivant avec le VIH dans le pays. Avec des niveaux de pauvreté croissants et une prévalence au VIH de 4,7 %, le secteur ivoirien de la santé est directement touché par les sanctions économiques actuelles. Les participants ont reconnu qu'il fallait de toute urgence répondre à ce problème, en travaillant avec les acteurs concernés afin de garantir la continuité de l'accès au traitement du VIH.

D'après les participants, d'autres lacunes empêchent  les avancées en matière de réalisation de l'accès universel dans la région où les ressources allouées ne sont pas consacrées aux principaux modes de transmission du VIH, où il n'y a ni bonne gouvernance ni mécanismes de responsabilisation. La stigmatisation, la discrimination et la faiblesse des systèmes de santé limitent l'offre de services en matière de prévention, de traitement et de soins liés au VIH.

À la fin de la réunion, des recommandations relatives à l'amélioration de l'appropriation nationale afin de réaliser l'accès universel dans la région ont été élaborées et les participants se sont mis d'accord sur les principales priorités, parmi lesquelles : le renforcement de l'encadrement ; l'optimisation des ressources nationales et extérieures ; l'amélioration de l'accès aux traitements ; la redynamisation de la prévention du VIH ; la participation des jeunes comme agents du changement ; et la promotion des droits de l'homme, de l'égalité des sexes et de l'égalité sociale dans les programmes nationaux de lutte contre le sida.

Les contributions issues d'une consultation préalable avec la société civile, qui s'est tenue le 28 février, ainsi que d'une réunion sur l'appropriation nationale, qui s'est déroulée les 1er et 2 mars, à Dakar également, ont été pris en compte au cours de cette consultation.