Reportage

Quand innovation rime avec mise en application

03 octobre 2011

Le professeur Salim Abdool Karim et son équipe font visiter les locaux du laboratoire de recherche Ethekweni du CAPRISA au directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé.

En 2010, le CAPRISA (Centre du programme de recherche sur le sida en Afrique du Sud) a fait une annonce qui a bouleversé le monde de la lutte contre le VIH et redonné espoir à des millions de femmes dans le monde.

Les chercheurs ont découvert que le médicament antirétroviral tenofovir, appliqué sous forme de gel vaginal, était capable de faire baisser les infections par le VIH chez les femmes jusqu'à 54 %.

Cette découverte a été réalisée par le professeur Salim Abdool Karim et son équipe du laboratoire de recherche Ethekweni du CAPRISA. Ce centre se trouve dans un bâtiment historique construit en 1946, qui abritait à l'origine la clinique de pneumologie de Durban, une structure gérée par l'État pour les patients atteints de tuberculose.

En 2000, les autorités locales ont fait construire une nouvelle clinique moderne pour les maladies transmissibles, baptisée Prince Cyril Zulu, adjacente à l'ancien bâtiment et aménagée spécifiquement de manière à minimiser le risque d'infection croisée entre les patients.

Il s'agit du plus grand centre de ce type dédié à la tuberculose en Afrique du Sud, avec une ventilation conçue spécialement pour favoriser un flux d'air entrant et sortant, et doté de vastes zones d'attente ouvertes pour réduire le risque d'infection croisée et d'immenses baies vitrées permettant aux rayons du soleil destructeurs pour la tuberculose de pénétrer dans le bâtiment.

La recherche scientifique entreprise ici donne de l'espoir à des millions d'hommes, de femmes et d'enfants qui vont vivre une vie plus longue et en meilleure santé grâce à ces importantes découvertes

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA

Cette clinique se trouve au cœur de Durban, tout près du centre névralgique des transports en commun de la ville, permettant l'accès du public par chemin de fer, bus, minibus ou taxi.

« La clinique accueille ainsi un grand nombre de patients venant sans rendez-vous », explique Santhana Gengiah, coordonnatrice des études au CAPRISA.  « L'accessibilité et le côté pratique pour les clients revêtent une importance capitale ».

Pour le professeur Karim et son équipe, c'était l'endroit idéal pour lancer leur programme de recherche sur le VIH, car la clinique pour la tuberculose est également dotée d'un centre des infections sexuellement transmissibles au premier étage, étant donné que près de 70 % des patients arrivés à la clinique ont également été testés positifs au VIH.

Le site Ethekwini du CAPRISA comprend deux sections, une clinique de traitement pour les patients co-infectés par la tuberculose et le VIH et une clinique de prévention du VIH. La section consacrée à la prévention a été le théâtre de plusieurs essais scientifiques notables de microbicides, notamment l'essai CAPRISA 004 et l'étude VOICE (Vaginal and Oral Interventions to Control the Epidemic - Interventions vaginales et orales pour le contrôle de l'épidémie), récemment modifiée.

Le professeur Salim Abdool Karim (à gauche) et le directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé.

L'étude VOICE est une évaluation d'essais de prévention du VIH portant sur deux méthodes fondées sur les antirétroviraux pour la prévention de la transmission sexuelle du VIH chez les femmes : utilisation quotidienne de l'un des deux comprimés antirétroviraux tenofovir et Truvada ou d'un gel vaginal. Le Conseil de surveillance des données et de la sécurité a recommandé que les participants au volet tenofovir oral de l'étude VOICE cessent d'utiliser le produit, car l'essai n'a pas pu démontrer que les comprimés étaient efficaces dans la prévention du VIH chez les femmes recrutées pour l'essai. L'étude VOICE va néanmoins se poursuivre afin de tester l'efficacité de l'autre comprimé oral Truvada et de la formule gel vaginal du tenofovir.

La section de la clinique consacrée au traitement est peut-être mieux connue pour avoir conduit l'essai SAPiT, une percée qui a fourni des éléments de preuve fondamentaux pour les directives de traitement du VIH et de la tuberculose et éclairé les lignes directrices actuelles de l'Organisation mondiale de la Santé concernant le traitement de la tuberculose chez les patients séropositifs au VIH.

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA, a récemment visité le CAPRISA et la clinique du Prince Cyril Zulu, et s'est dit impressionné par les travaux novateurs réalisés au nom de la science et par les services délivrés aux patients.

« C'est un bel exemple de rencontre entre innovation scientifique et mise en application », a-t-il déclaré. “La recherche scientifique entreprise ici donne de l'espoir à des millions d'hommes, de femmes et d'enfants qui vont vivre une vie plus longue et en meilleure santé grâce à ces importantes découvertes ».