Reportage

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA visite une clinique pionnière pour le VIH proche de Saint-Pétersbourg

10 octobre 2011

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé (à gauche), joue avec un garçon de deux ans dans un centre spécialisé accueillant des enfants vivant avec le VIH près de Saint-Pétersbourg en Russie.

Le premier des quatre jours d’une mission en Fédération de Russie, Michel Sidibé, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, et l'Ambassadeur itinérant de l'ONUSIDA James Chau ont visité une clinique spécialisée dans le VIH proche de Saint-Pétersbourg qui prend en charge des enfants orphelins du sida et des femmes enceintes vivant avec le VIH. La délégation de l'ONUSIDA a fait le tour des installations avec le Dr Evegeny Voronin, médecin-chef de la clinique et expert reconnu du sida en Russie.

« Nous accueillons des enfants de toute la Russie, essentiellement les cas les plus sévères d'infection à VIH », précise le Dr Voronin, chef du Centre de prévention et de traitement de l'infection à VIH chez les femmes enceintes et les enfants. « En règle générale, les enfants sont traités là où il résident ; ils ne nous sont adressés que s'il n'y a pas d'autre solution », ajoute-t-il.

Le Dr Voronin estime que fournir un traitement de qualité ne suffit pas ; après avoir répondu aux besoins médicaux, lui et son équipe de travailleurs sociaux focalisent leur attention sur l'environnement social et psychologique, des éléments cruciaux pour la santé et le développement de chaque enfant, en particulier ceux vivant avec le VIH.

« Ici au centre, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les enfants ne se sentent pas différents de ceux qui vivent en famille », commente le Dr Voronin, ajoutant que son équipe encourage les enfants à danser, faire de la musique et participer à des activités de groupe pour les aider à s'intégrer socialement. « Toutefois, notre établissement ne remplacera jamais un vrai foyer », ajoute-t-il.

Ici au centre, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les enfants ne se sentent pas différents de ceux qui vivent en famille. Toutefois, notre établissement ne remplacera jamais un vrai foyer.

Le Dr Evegeny Voronin, chef du Centre de prévention et de traitement de l'infection à VIH chez les femmes enceintes et les enfants

Lors de leur visite du centre, Michel Sidibé et James Chau ont eu droit à une représentation musicale donnée par cinq fillettes de maternelle et un bambin. « Être là me donne un véritable espoir », souligne le Directeur exécutif de l'ONUSIDA. « Lorsqu’ils sont arrivés au centre, beaucoup de ces enfants allaient mal et ne parlaient pas. Maintenant, ils dansent, chantent, sont en bonne santé et se développent bien », poursuit-il.

Selon les statistiques gouvernementales, environ 5 200 enfants de moins de 15 ans vivent avec le VIH dans la Fédération de Russie. Plus de 22 % des enfants séropositifs sont orphelins ou ont été abandonnés sans soins parentaux.

La perception du VIH évolue lentement

Le Dr Voronin note que dans les plus grandes villes russes, où la population a souvent accès à plus d’informations, la stigmatisation sociale envers les personnes vivant avec le VIH est moins prononcée que dans les régions reculées. « Ici à Saint-Pétersbourg, le VIH n'est pas une maladie rare puisqu’elle touche plus de 40 000 personnes », fait-il remarquer à la délégation de l'ONUSIDA. « Il est admis que les personnes séropositives sont pareilles à toutes les autres. »

« Le VIH étant largement mieux compris et accepté en Russie, le nombre d'adoptions d'enfants vivant avec le VIH est en augmentation », nous confie le Dr Voronin. « Il y a cinq ans, seuls 10 enfants abandonnés sur 350 étaient adoptés en Russie, essentiellement par des employés de ce centre ou par des personnes ayant des convictions religieuses », précise-t-il. « Aujourd'hui, toutes les filles de moins de sept ans vivant au centre sont adoptées par des familles. »

« Ces enfants sont les fils et les filles de ce pays », ajoute James Chau, une personnalité télévisuelle bien connue en Chine qui travaille avec l'ONUSIDA sur les questions de la stigmatisation et de la discrimination. « Si nous arrivons à franchir le dernier obstacle, celui de la stigmatisation sociale, nous passerons un cap majeur dans la riposte au VIH. Ce que je vois dans le centre du Dr Voronin me rend très confiant. »

Prévenir les nouvelles infections à VIH chez les enfants

En plus de prendre soin des enfants vivant avec le VIH, le centre travaille à la prévention des nouvelles infections. « Ces deux dernières années, nous avons éradiqué la transmission du VIH de la mère à l'enfant parmi les 300 femmes que nous avons vues dans notre centre », dit le Dr Voronin.

Il note toutefois que quelque 15 % des femmes enceintes vivant avec le VIH en Russie demandent un traitement trop tardivement pendant leur grossesse, juste avant ou pendant le travail, et donnent naissance à la moitié environ des enfants séropositifs du pays.