Reportage

Les femmes vivant avec le VIH prennent fait et cause pour la riposte au sida au Kenya

31 octobre 2011

Esther Murugi, Ministre pour les Programmes spéciaux (à gauche) salue Mme Asunta Wagura, représentante des femmes vivant avec le VIH qui milite aussi pour l'élimination de la transmission verticale du VIH.

Plus de 200 femmes vivant avec le VIH au Kenya ont pris fait et cause pour la riposte au sida dans le pays. L'appel en faveur d’une action plus engagée a été lancé au terme d'une conférence nationale du leadership pour les femmes vivant avec le VIH qui a duré deux jours.

L'objectif de la réunion était de redynamiser les femmes vivant avec le VIH pour renforcer leur rôle de leadership dans la riposte au VIH. La conférence était organisée par le Centre national de contrôle du sida et par le Réseau des personnes vivant avec le VIH au Kenya, avec l'aide de l’équipe commune des Nations Unies sur le sida.

Dans sa déclaration préliminaire, la Ministre des Programmes spéciaux, Esther Murugi, a réitéré « la nécessité urgente de développer un leadership renforcé des femmes vivant avec le VIH pour que celles-ci prennent les rennes et stoppent l'épidémie de sida ».

Avec son thème « Encourager le leadership des femmes dans la lutte contre le sida », le forum était articulé autour de trois axes clés : le leadership des femmes pour créer un mouvement social et des actions communautaires pour la prévention du VIH ; le leadership politique des femmes pour développer les opportunités offertes par la nouvelle constitution ; le leadership des femmes pour améliorer l'utilisation des services liés au VIH et leur fourniture.

Les statistiques du gouvernement kenyan font état d’une prévalence nationale du VIH de 6,3 % et de 8 % pour les femmes, soit presque deux fois plus que pour les hommes (4,3 %). La prévalence du VIH chez les jeunes femmes de 5 à 24 ans est quatre fois plus élevée que chez les hommes du même groupe d'âge (4,5 et 1,1 %, respectivement).

Les femmes et les filles vivant avec le VIH doivent s’investir résolument à chaque étape des ripostes nationales au VIH pour avoir l’assurance que leurs besoins sont bien pris en compte

Maya Harper, coordonnatrice de l'ONUSIDA au Kenya

Les femmes ont été les pionnières de la riposte au sida, en tant que prestataires de soins et responsables communautaires. La conférence leur a offert une tribune afin de repositionner le leadership des femmes vivant avec le VIH en s'appuyant sur les réalisations des mouvements féministes antérieurs. Elle a également fourni une plateforme pour discuter des actions de sensibilisation susceptibles d’influencer les politiques ainsi que les processus de planification et de budgétisation des programmes nationaux de lutte contre le sida afin de répondre aux besoins des femmes et des filles vivant avec le VIH.

« Les femmes et les filles vivant avec le VIH doivent s’investir résolument à chaque étape des ripostes nationales au VIH pour avoir l’assurance que leurs besoins sont bien pris en compte », commente Maya Harper, coordonnatrice de l'ONUSIDA dans le pays.

Les participants ont convenu de renforcer les stratégies afin d'inclure les femmes vivant avec le VIH dans la riposte nationale au sida, mais aussi pour étudier les possibilités d’encadrement, de responsabilisation des jeunes femmes et de renforcement de leurs capacités, et d’apprentissage du leadership par les jeunes femmes vivant avec le VIH. Ils ont également décidé de constituer des groupes de pression au niveau national afin de piloter l'agenda pour les femmes vivant avec le VIH et d’augmenter le financement national de la riposte au VIH.

La cérémonie de remise de prix pour honorer les femmes vivant avec le VIH ayant défendu la riposte au VIH au Kenya et y ayant contribué fut l’un des temps forts de la conférence. Les récipiendaires étaient issues de toutes les régions du pays et incluaient des personnes handicapées.

La Ministre du Genre, de l’Enfance et du Développement social, le Dr Naomi Shabaan, a exhorté les récipiendaires à « continuer à former d’autres femmes pour que tous ensemble, nous puissions stopper le sida ».