Reportage

« Le VIH et le travail du sexe » : ripostes innovantes à la corrélation entre commerce du sexe et VIH en Asie et dans le Pacifique

11 décembre 2012

À Rangoun, une jeune femme se repose dans un centre d'accueil mis sur pied par l'initiative birmane Targeted Outreach Programme, ou TOP Myanmar, qui a réalisé des progrès remarquables en matière d'élargissement de l'accès aux services intégrés de santé sexuelle et reproductive et de lutte contre le VIH adressés aux professionnels du sexe depuis sa création en 2004. « Lorsque je ne me sens pas très bien, je viens ici, au centre, et je me repose, je discute avec des amis, je chante des chansons ou je regarde des films. On peut parler entre nous et demander des informations et de l'aide pour résoudre nos problèmes », explique-t-elle.

En Inde, l'initiative Veshya Anyay Mukti Parishad ou VAMP Plus, facilite l'accès aux services de dépistage et de traitement du VIH par le biais d'opérations de sensibilisation, par l'éducation et par des actions de proximité. Elle a aussi créé un réseau communautaire de soins et de protection qui aide les professionnels du sexe vivant avec le VIH à se défendre, à chercher et à recevoir un traitement, et à obtenir des soins et un soutien tout en s'attelant aux problèmes plus génériques en matière de la santé et de bien-être, dont l'alimentation et le logement.

De plus, au Bangladesh, Durjoy Nari Sangha permet aux 3 500 professionnelles du sexe qui lui sont affiliées de revendiquer le respect de leurs droits à l'égalité, à la dignité, à la santé et à la sécurité. « L'étendue et la gravité de la violence à l'encontre des professionnels du sexe ne provoquent aucune réaction ; cela semble quasiment normal », déclare Durjoy Nari Sangha. « Bien souvent, la stigmatisation à l'encontre des professionnels du sexe implique qu'ils ne sont pas considérés comme méritant un soutien et une protection. » L'initiative antiviolence est en train de changer les choses. Grâce aux efforts dans le cadre de cette initiative, la violence à l'encontre des professionnels du sexe a baissé et les professionnels du sexe eux-mêmes sont davantage informés et conscients de leurs droits.

Les nouveaux groupes émergents peuvent profiter du réseau d'organisations existant, les professionnels du sexe peuvent apprendre énormément de choses des autres professionnels du sexe, de la résolution de leurs problèmes à l'élaboration de propositions

Tracey Tully, porte-parole du Réseau Asie/Pacifique des professionnels du sexe

Les professionnels du sexe ont été touchés de plein fouet par le VIH dans de nombreuses régions du monde, Asie et Pacifique y compris. Toutefois, ils font aussi partie des populations clés à haut risque qui ont le mieux réagi aux campagnes de prévention du VIH, en mettant en place des stratégies de sensibilisation et en s'engageant dans des initiatives entre pairs dans le but de riposter à l'épidémie.

TOP Myanmar, VAMP Plus et Durjoy Nari Sangha font partie des 11 organisations dont le travail a été recensé dans Le VIH et le commerce du sexe – Ripostes innovantes en Asie et dans le Pacifique, qui regroupe des études de cas produites conjointement par le FNUAP, l'ONUSIDA et le Réseau Asie/Pacifique des professionnels du sexe (APNSW).

Les études de cas fournissent des informations sur la manière dont les programmes et la sensibilisation sur le commerce du sexe et le VIH ont été mis en place, avec les avis de certains professionnels du sexe sur les mesures les plus efficaces et la raison de leur succès. Ces réactions illustrent la façon dont ces efforts ont permis aux professionnels du sexe d'exiger le respect de leurs droits humains, de prendre le contrôle sur leur environnement de travail et d'améliorer leurs conditions sanitaires et sociales.

Pradeep Kakkattil, Directeur régional adjoint de l'ONUSIDA pour l'Asie et le Pacifique et Tracey Tully, porte-parole du Réseau Asie/Pacifique des professionnels du sexe, au cours du lancement de « Le HIV et le commerce du sexe ».
Photo : ONUSIDA

« L'expérience en matière de riposte efficace au VIH dans le contexte du commerce du sexe est très riche en Asie et dans le Pacifique ; toutefois, il n'existait pas suffisamment de documentation et d'analyse de cette expérience », affirme Julia Cabassi, Conseillère régionale, VIH & MARPs, Bureau régional du FNUAP pour l'Asie et le Pacifique. “Le VIH et le travail du sexe contribue à combler cette lacune. »

Pradeep Kakkattil, Directeur régional adjoint de l'ONUSIDA pour l'Asie et le Pacifique, déclare que ce document est une ressource importante permettant de réaffirmer les engagements, y compris la diminution de la transmission du VIH par voie sexuelle de 50 % d'ici 2015. « Dans la perspective des Nations Unies, nous avons une chance extraordinaire de disposer d'un outil aussi puissant », précise M. Kakkattil. « Il nous donne un cadre et une crédibilité communautaire par rapport aux décideurs politiques. Il constitue un outil communautaire exceptionnel, qui joue aussi un rôle de sensibilisation et de planification », ajoute-t-il.

Tracey Tully, porte-parole de l'APNSW, déclare que ce document démontre l'efficacité de l'engagement entre pairs. « Les nouveaux groupes émergents peuvent profiter du réseau d'organisations existant, les professionnels du sexe peuvent apprendre énormément de choses des autres professionnels du sexe, de la résolution de leurs problèmes à l'élaboration de propositions », indique-t-elle.