Reportage

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA appelle à une intensification de la production locale de médicaments contre le VIH au Ghana

24 février 2012

UNAIDS Executive Director calls for greater local production of HIV medicines in Ghana

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé (à gauche) et le Président ghanéen John Evans Atta Mills lors de leur rencontre le 24 février à Accra.
Photo : ONUSIDA/R. Chintoh

À l'occasion de sa rencontre avec John Evans Atta Mills, Président de la République du Ghana, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a évoqué un thème situé au cœur de ses récentes missions au Bénin et au Togo : la pérennité de la riposte au sida en Afrique.

Faisant remarquer qu'une grande majorité des médicaments antirétroviraux consommés en Afrique sont importés de l'étranger, M. Sidibé a souligné la nécessité urgente de trouver des solutions locales pour assurer la disponibilité à long terme de ces médicaments à des prix abordables.

« Les pays africains doivent catalyser la production locale de médicaments de haute qualité », a indiqué M. Sidibé lors de sa rencontre avec le Président Mills dans les bureaux de celui-ci à Accra. « Le Ghana peut développer des centres d'excellence et montrer la voie pour une riposte continentale efficace au VIH », a-t-il ajouté.

Le Président Mills a déclaré qu'il était impatient de voir le jour où le Ghana serait capable de produire des médicaments contre le VIH pour l'ensemble de sa population et pour les autres pays de la région. « Ce sera un élan majeur pour nous », a-t-il indiqué.

Prévenir la transmission du VIH chez les enfants

Lors de la réunion, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA a déploré la faible couverture au Ghana (51 %) des services destinés à prévenir la transmission du VIH de la mère à l'enfant (PTME). Il a déclaré qu'il était inacceptable d'un point de vue éthique qu'un enfant naisse avec le VIH et il a mis en avant les arguments économiques en faveur de l'élargissement des services de PTME : prévenir le VIH est bien moins onéreux qu'un traitement à vie.

M. Sidibé a invité le Président à défendre l'objectif de l'ONUSIDA de « zéro nouvelle infection à VIH chez les enfants » dans son pays. « Plus aucun enfant naissant avec le VIH d'ici 2015 : tel peut être l'héritage que vous laisserez au Ghana », a-t-il indiqué, en ajoutant qu'il était également impératif de garder leurs mères en vie.

Combattre la stigmatisation et la discrimination

Lors de sa rencontre avec le Président Mills, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA a fait remarquer avec inquiétude que la stigmatisation et la discrimination continuent de bloquer une riposte efficace au VIH au Ghana, en particulier pour les personnes vivant avec le VIH et les populations les plus exposées au risque d'infection, comme les professionnels du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les consommateurs de drogues.

Le Président a fait savoir qu'il avait bon espoir que la nouvelle campagne nationale baptisée « Heart to Heart » permette de réduire la stigmatisation et la discrimination si répandues dans son pays. Lancée à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida en 2011, cette campagne vise à redéfinir des croyances et des comportements profondément ancrés dans la population envers les personnes vivant avec le VIH en donnant à l'épidémie un « visage humain ».

Table ronde avec les partenaires

Plus tôt dans la journée, lors d'une table ronde avec des représentants de haut niveau du gouvernement, de la société civile et du secteur privé, M. Sidibé a indiqué que la baisse de plus de 25 % du nombre de nouvelles infections à VIH chez les jeunes Ghanéens entre 2001 et 2010 était encourageante.

Les pays africains doivent catalyser la production locale de médicaments de haute qualité

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

Il a salué le leadership du Ghana pour l'augmentation spectaculaire des dépenses nationales allouées à la lutte contre le sida, d'une contribution de moins d'un million de dollars l'an dernier à un engagement à hauteur de 100 millions de dollars sur les cinq prochaines années. Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA a néanmoins souligné que, malgré cet engagement récent, le Ghana continuait de s'appuyer sur l'aide extérieure pour financer plus de 70 % de sa riposte nationale au sida.

Dans le cadre de sa visite officielle de trois jours au Ghana, M. Sidibé a participé à toute une série d'événements marquant le dixième anniversaire de la Commission ghanéenne sur le sida. Il a également visité un hôpital qui fournit des services complets de PTME, ainsi qu'une usine de production locale de médicaments antirétroviraux.

La visite officielle de M. Sidibé à Accra s'inscrit dans le cadre d'une mission qui couvre quatre pays, le Ghana, le Bénin, le Togo et la Côte d'Ivoire.