Reportage

L'augmentation du financement national pour le sida est une « priorité nationale » pour le Président ivoirien

28 février 2012

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé (à gauche) lors de sa rencontre avec le Président ivoirien Alassane Ouattara le 27 février à Abidjan.

À l'occasion de sa rencontre, le 27 février, avec le Président de Côte d'Ivoire Alassane Ouattara, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a fait remarquer avec inquiétude que le pays s'appuyait très largement sur l'aide extérieure pour financer sa riposte nationale au sida : une tendance observée dans de nombreux autres pays d'Afrique.

Environ 87 % des investissements dans la lutte contre le VIH en Côte d'Ivoire sont financés par des sources extérieures. La grande majorité des médicaments contre le VIH utilisés dans le pays sont importés. Le gouvernement ivoirien a récemment fait état d'un manque de fonds d'environ 20 millions de dollars pour son programme national de lutte contre le VIH.

Afin de combler ce manque de ressources, M. Sidibé a invité le Président Ouattara et son gouvernement à étudier des sources plus diversifiées pour le financement, par exemple les prêts à faible taux d'intérêt de la Banque africaine de développement et la taxe sur les téléphones mobiles. « La Côte d'Ivoire doit développer des solutions internes pour une riposte durable à l'épidémie nationale de VIH », a indiqué le Directeur exécutif de l'ONUSIDA lors de sa rencontre avec le Président Ouattara à Abidjan.

Un appel en faveur de la production locale de médicaments contre le VIH

En produisant les médicaments antirétroviraux en Afrique, la Côte d'Ivoire et ses voisins de la région pourraient éviter les pénuries de médicaments et bénéficier de prix plus avantageux, a expliqué M. Sidibé. Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA a également évoqué la nécessité urgente de mettre en place une agence de réglementation africaine unique pour les médicaments, afin d'assurer une mise en circulation plus rapide de médicaments contre le VIH de qualité garantie pour la population africaine.

Tout en affirmant que l'augmentation du financement national pour le VIH était une « priorité nationale », le Président Ouattara a fait savoir que son gouvernement allait chercher des solutions de financement innovantes de manière à limiter sa dépendance envers l'aide extérieure. Il s'est engagé à faire usage de sa position en tant que Président de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour mobiliser les autres dirigeants africains dans le but de catalyser la production locale de médicaments antirétroviraux.

Une riposte nationale qui progresse

M. Sidibé a félicité le gouvernement ivoirien pour l'élargissement de l'accès au traitement contre le VIH, qui a plus que quadruplé sur les cinq dernières années, passant d'environ 18 500 personnes à plus de 75 000. Il a invité le Président Ouattara à profiter de ces acquis et à inclure dans l'accès au traitement les 150 000 personnes restantes.

La Côte d'Ivoire doit développer des solutions internes pour une riposte durable à l'épidémie nationale de VIH

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA a loué les efforts du gouvernement ivoirien en faveur de la réduction des nouvelles infections à VIH chez les enfants : fin 2011, 54 % des femmes enceintes séropositives au VIH du pays avaient pu accéder à des services destinés à prévenir la transmission du virus de la mère à l'enfant. M. Sidibé a appelé les dirigeants ivoiriens à défendre l'objectif de l'ONUSIDA de « zéro nouvelle infection à VIH chez les enfants ».

Des problèmes doivent encore être résolus

Lors de sa rencontre avec le Président Ouattara, M. Sidibé a noté que le flux migratoire dynamique entre la Côte d'Ivoire et les pays voisins posait un défi majeur à la riposte au VIH en Afrique de l'Ouest. L'échec de la maîtrise de l'épidémie de VIH en Côte d'Ivoire aurait des conséquences négatives dans toute la région, a-t-il prévenu. On estime que 3,4 % de la population ivoirienne vit avec le VIH, soit la deuxième prévalence nationale du virus la plus élevée d'Afrique de l'Ouest.

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA a évoqué l'importance de lutter contre la stigmatisation et la discrimination très répandues à l'encontre des personnes vivant avec et touchées par le VIH. Il a déclaré qu'il était fondamental que les services anti-VIH atteignent les groupes minoritaires et vulnérables de Côte d'Ivoire pour contrer l'épidémie, en particulier les professionnels du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les consommateurs de drogues.