Reportage

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA rencontre les nouveaux dirigeants tunisiens

04 juillet 2012

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, lors de sa rencontre le 3 juillet avec le Président tunisien, Moncef Marzouki (à droite), et d'autres hauts responsables du gouvernement.

À l'occasion de sa rencontre avec les principaux responsables du nouveau gouvernement de coalition tripartite de Tunisie les 2 et 3 juillet, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a félicité les dirigeants du pays pour leur engagement fort en faveur de la lutte contre la stigmatisation et la discrimination, obstacles majeurs à la progression des ripostes au VIH dans la région.

Bien que la Tunisie présente une prévalence du VIH relativement faible d'environ 0,06 % de sa population, des données probantes ont montré qu'il existe des poches de forte prévalence du virus au sein des populations les plus exposées, à savoir les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Ces populations sont souvent confrontées à la stigmatisation et la discrimination, ce qui peut entraver leur accès aux services de santé et donc entretenir l'épidémie de VIH.

Lors de ses discussions avec le Président de la République, Moncef Marzouki, le chef du gouvernement, Hammadi Jebali, et la Vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante, Meherzia Laabidi, trois dirigeants arrivés récemment au pouvoir suite aux premières élections démocratiques du pays, M. Sidibé a fait remarquer que la jeunesse constituait le moteur de la révolution qui avait amené le changement politique en Tunisie.

« Investir dans les jeunes et répondre à leurs aspirations pour une société plus juste et plus équitable sera essentiel pour les progrès futurs de ce pays », a indiqué M. Sidibé. « Les jeunes ont un rôle important à jouer dans l'accélération de la riposte au VIH de la Tunisie comme sur d'autres défis en matière de santé », a-t-il ajouté.

Augmenter la production locale de médicaments anti-VIH

Dans son entretien avec M. Sidibé au Palais présidentiel le 3 juillet, le Président Marzouki a fait part de son engagement ferme en faveur du renforcement de la riposte nationale au VIH. Il a déclaré que la Tunisie va s'efforcer d'atteindre l'objectif des « trois zéros », zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida, et il a mis en avant trois domaines d'action prioritaires : améliorer la santé publique, garantir le respect des droits de l'homme et lutter contre les facteurs socio-économiques du VIH.

Nous devons reconnaître l'existence des comportements à haut risque au sein de nos sociétés, comme la consommation de drogues injectables, les rapports sexuels entre hommes et le commerce du sexe

Meherzia Laabidi, Vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante

Le Président a fait remarquer que la Tunisie pouvait aider à réduire la dépendance de l'Afrique envers l'aide extérieure en produisant des médicaments antirétroviraux. Il a promis de plaider pour une production locale accrue de médicaments lors de la prochaine réunion du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) à Addis Abeba. À l'heure actuelle, la majorité des médicaments distribués en Tunisie, comme sur tout le continent africain, sont importés.

Réduire la dépendance envers l'aide extérieure

Plus tard, le même jour, lors d'une rencontre avec M. Sidibé au Palais de La Kasbah, le chef du gouvernement tunisien a fait écho aux déclarations du Président sur la production locale de médicaments. « Je soutiens l'idée d'une Tunisie qui produirait des médicaments antirétroviraux afin de réduire sa dépendance envers l'aide extérieure », a indiqué M. Jebali. « La production de médicaments antirétroviraux n'est pas seulement une opportunité économique, mais aussi humanitaire », a-t-il ajouté.

M. Jebali et M. Sidibé sont tombés d'accord sur le fait que la Tunisie devrait s'approprier davantage les programmes de prévention du VIH concernant les principales populations touchées par le virus ; actuellement, ces programmes sont en effet financés exclusivement par des sources internationales.

Reconnaître l'existence des comportements à haut risque

Il est temps que la Tunisie se confronte à la réalité du VIH, a indiqué la Vice-présidente Meherzia Laabidi, lors d'une rencontre avec M. Sidibé au Palais de l'Assemblée. « Nous devons aller au-delà du déni politique officiel. L'incendie ne s'arrêtera pas en fermant simplement les yeux », a-t-elle ajouté.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA (à gauche), et Hammadi Jebali, chef du gouvernement tunisien.

Lors de son entretien avec M. Sidibé, la Vice-présidente a admis que la garantie d'une société socialement inclusive relève de la responsabilité des leaders politiques. Elle reconnaît que le fait de négliger les populations les plus exposées au risque d'infection à VIH met tout le monde en danger. « Nous devons reconnaître l'existence des comportements à haut risque au sein de nos sociétés, comme la consommation de drogues injectables, les rapports sexuels entre hommes et le commerce du sexe », a-t-elle déclaré.

Faisant remarquer que l'accès à des services de santé de base fait partie des droits humains, Mme Laabidi a souligné l'importance d'inclure le « droit à la santé » dans la nouvelle constitution tunisienne, actuellement en cours de rédaction. 

Lors de sa visite de deux jours en Tunisie, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA a rencontré plusieurs autres responsables du gouvernement, notamment le Ministre de la Santé, le Dr Abdellatif El Mekki, et le Ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou. Il a également rencontré des personnes vivant avec le VIH, des représentants des principales communautés touchées, et l'équipe pays des Nations Unies.