Reportage

Le Président de la Société internationale du sida parle de l'importance stratégique de la future Conférence internationale sur le sida

18 juin 2012

Le Professeur Elly Katabira, Président de la Société internationale du sida (IAS), évoquant l'importance stratégique de la future Conférence internationale sur le sida pour la riposte mondiale au sida. ONUSIDA Genève. 15 juin 2012. Photo : ONUSIDA

Le Professeur Elly Katabira, Président de la Société internationale du sida (IAS), était présent à l'ONUSIDA le 15 juin pour parler de l'importance stratégique de la future Conférence internationale sur le sida pour la riposte mondiale au sida. La 19e Conférence internationale sur le sida se tiendra à Washington DC du 22 au 27 juillet. Le Professeur Katabira sera le co-président international de la conférence.

Unaids.org a profité de l'occasion pour interroger le Professeur Katabira sur l'intérêt de la Conférence internationale sur le sida et ses attentes en la matière. Il a évoqué les progrès accomplis dans la riposte au VIH et déclaré qu'il était néanmoins nécessaire d'en faire davantage.

En quoi cette 19e Conférence internationale sur le sida est-elle importante et significative ?

Tout d'abord, cette conférence est importante parce qu'elle nous offre l'occasion de revenir aux États-Unis au bout de 22 ans. Conformément aux principes de l'IAS, nous avons refusé d'aller aux États-Unis toutes ces années principalement en raison de la restriction d'entrée dans le pays qui existait pour les personnes vivant avec le VIH. Puisque cette restriction a été levée en 2009, il était devenu important pour nous de revenir.

En outre, il est essentiel de reconnaître et de saluer l'engagement dans la riposte au sida dont ont fait preuve les États-Unis au fil des années. Les Américains ont apporté leur contribution non seulement à travers le PEPFAR, mais aussi de nombreuses autres façons. Nombre de ceux qui travaillent avec nous dans le monde ont été formés à l'américaine, soit aux États-Unis, soit à l'étranger ; une grande partie des recherches qui ont fait la différence, notamment sur les médicaments dont nous pouvons profiter aujourd'hui, a été réalisée avec l'aide de fonds américains.

Pourquoi Washington, D.C. ?

L'un des principes de l'IAS est de choisir un lieu de manière à influer sur l'impact de la riposte au sida dans ce lieu. Nous savons très bien que l'épidémie de VIH à Washington est semblable aux épidémies qui sévissent dans des contextes aux ressources limitées. Notre volonté est que la conférence stimule une meilleure riposte au sida afin d'atténuer l'impact de l'épidémie dans cette ville.

Quels résultats particuliers espérez-vous voir ressortir de cette conférence ?

Tout d'abord, la conférence porte sur trois thèmes : recherche scientifique, implication des communautés et leadership et responsabilisation.

Tout d'abord, cette conférence est importante parce qu'elle nous offre l'occasion de revenir aux États-Unis au bout de 22 ans

Professeur Elly Katabira, Président de la Société internationale du sida

Nous voulons présenter une recherche scientifique de qualité à la conférence, car c'est la science qui sera présente à cette occasion qui donnera le ton des pratiques de riposte au VIH que nous aurons dans les prochaines années. Par conséquent, nous espérons avoir une science de qualité qui nous aidera à fournir de meilleurs services aux populations.

L'implication des communautés est fondamentale pour garantir que la science répond aux besoins de ces communautés. Mais également pour s'assurer que les voix de ces communautés sont entendues et prises en considération par les scientifiques et les dirigeants.

Et bien sûr, le leadership et la responsabilisation : les dirigeants doivent être conscients de ce qu'ils font en ce qui concerne leur pays et la manière dont leurs décisions influent sur la riposte au VIH. Ils doivent être capables de répondre de leurs succès comme de leurs échecs. Il est donc essentiel que les scientifiques et les représentants des communautés utilisent cette plate-forme pour diffuser largement leur message.

Sur les trente années de l'épidémie, quels progrès et changements avez-vous observés ?

Au cours des dix premières années, la meilleure chose que nous puissions faire était de dépister les personnes infectées et d'établir des registres. Malgré mon statut de médecin, tout ce que je pouvais faire, c'était leur tapoter l'épaule et finalement les enterrer. Mais les choses ont changé au fil du temps. Les premiers médicaments sont apparus il y a dix ans.

Le Professeur Elly Katabira, Président de la Société internationale du sida (à droite), en compagnie de Luiz Loures, Directeur de l'ONUSIDA, Division Affaires politiques et publiques. ONUSIDA Genève. 15 juin 2012.
Photo : ONUSIDA

Lors de la conférence de 1996 à Vancouver, il était devenu évident qu'avec le bon type de traitement contre le VIH, les personnes séropositives au VIH allaient pouvoir vivre plus longtemps. Malheureusement, nous avons aussi pris conscience du fait que cette possibilité n'était pas accessible à tous, ou du moins pas aux pays qui payaient justement le plus lourd tribut à la maladie.

En 2000, à la conférence de Durban, un message a été envoyé en insistant sur la possibilité de mettre les médicaments anti-VIH à la disposition des personnes qui en ont besoin quelle que soit leur situation sociale, et ce message a lui aussi fait une différence. En réalité, c'est maintenant à nous, les professionnels de santé, qu'il revient de veiller à faire les choses correctement pour que les personnes vivant avec le VIH puissent vivre une vie normale et apporter leur contribution à la société comme avant. Voilà donc quelques-unes des plus grandes avancées.

Bien évidemment, nous n'avons toujours pas de vaccin, ce dont nous avons vraiment besoin, car il est peu probable que les humains continueront de prendre des médicaments toute leur vie. Mais l'espoir existe, car les chercheurs travaillent à la découverte d'un remède et à l'amélioration du traitement anti-VIH dans le but de réduire la transmission à zéro.

Le Dr Elly Tebasoboke Katabira est professeur de médecine et ancien Vice-Doyen chargé de la recherche de la Faculté de Médecine de l'Université de Makerere à Kampala, en Ouganda. Il est l'auteur de plus de 200 articles et analyses scientifiques publiés. Le Professeur Katabira a pris ses fonctions de Président de l'IAS en juillet 2010. Il travaille avec acharnement dans le domaine des soins et de l'assistance aux personnes vivant avec le VIH depuis près de trente ans.