Reportage

La communauté mondiale du sida examine les besoins vitaux pour la prochaine génération de plans stratégiques nationaux de lutte contre le sida

21 juin 2012

Le processus d'élaboration de PSN réalistes et adaptables doit suivre le rythme d'une épidémie qui évolue et d'un environnement en pleine mutation.
Photo : ONUSIDA

Un plan stratégique national (PSN) de lutte contre le sida de grande qualité, rigoureux et solide, axé sur l'obtention de résultats, notamment l'arrêt de la transmission du VIH et l'amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes par le VIH, est un élément fondamental de la réussite de toute riposte nationale au VIH. Le processus d'élaboration de PSN réalistes et adaptables doit suivre le rythme d'une épidémie qui évolue et d'un environnement en pleine mutation.

Cette semaine, à Nairobi, en collaboration avec l'ONUSIDA, l'OMS, le PNUD et le Fonds mondial, la Banque mondiale a réuni des représentants des autorités nationales, d'organisations de la société civile, y compris des personnes vivant avec le VIH, ainsi que des partenaires de développement dans le but de parvenir à un consensus sur le rôle et la nature de la prochaine génération de plans stratégiques nationaux (baptisés « NSP-3G »).

En ouvrant la réunion, la Ministre d'État kenyane en charge des programmes spéciaux, l'Honorable Esther Murugi, a souligné l'importance de reconsidérer les plans stratégiques nationaux comme des moyens essentiels d'ajustement de la riposte au sida. « En tant que gouvernement, nous sommes conscients de la nécessité de développer et d'adopter des systèmes et des structures qui correspondent aux complexités de l'épidémie de VIH », a-t-elle déclaré. « Nous avons atteint un point au niveau duquel il nous faut changer la façon dont nous avons toujours agi pour adopter une méthode axée sur les résultats », a-t-elle ajouté.

Avec un nouveau contexte qui exige une réflexion et des approches innovantes, les participants ont examiné comment de nouvelles orientations, fondées sur les expériences acquises jusqu'ici en matière de planification stratégique, pouvaient aider les pays à élaborer des PSN plus simples, plus clairs et plus efficaces axés sur les résultats.

La Représentante du Bureau du Coordonnateur de la lutte mondiale contre le sida pour le gouvernement américain pour le PEPFAR, le Dr Mamadi Yilla, a indiqué : « Le PEPFAR espère que l'approche que nous adoptons pour la planification stratégique est motivée par la science et des données probantes. Et que la communauté mondiale du sida, qui a connu des pressions sur les engagements en matière de financement de la lutte contre le VIH, veille désormais à ce que des investissements plus intelligents soient réalisés ».

Nous avons atteint un point au niveau duquel il nous faut changer la façon dont nous avons toujours agi pour adopter une méthode axée sur les résultats

Esther Murugi, Ministre d'État kenyane en charge des programmes spéciaux

S'exprimant au nom du Directeur exécutif de l'ONUSIDA, le Dr Mbulawa Mugabe a souligné que les plans stratégiques nationaux devaient apporter de la clarté sur la manière d'obtenir des résultats en phase avec les objectifs et les engagements de la Déclaration politique de 2011 sur le sida. « Au cours des années à venir, nous devrons être capables de dire que les progrès enregistrés d'ici 2015 et au-delà se sont appuyés sur les NSP-3G », a expliqué le Dr Mugabe. « Les NSP-3G sont les moteurs qui aideront les pays à se concentrer sur les objectifs de la Déclaration politique de 2011 sur le sida, à les élargir et à les atteindre, de même que pour les engagements pris envers l'élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants », a-t-il ajouté.

Plusieurs composants clés des NSP-3G ont été mis au jour lors de la réunion, en particulier une évolution vers une approche plus flexible et plus modulable des plans, qui pourrait voir les programmes sur le VIH intégrés dans des stratégies plus larges en matière de santé et de développement. Une telle évolution présente un lien étroit avec la marche à suivre définie lors du Quatrième forum de haut niveau sur l'efficacité de l'aide qui s'est tenu en 2011 à Busan, en Corée. « Nous reconnaissons l'importance d'aligner plus étroitement les PSN sur le processus de planification du développement national ; les PSN doivent prendre en compte les questions de décentralisation et ne doivent pas rester en dehors des mécanismes nationaux », a expliqué M. Daniel Marguari, Directeur de la Spirita Foundation, une organisation dont le but est d'améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH et de leurs familles en Indonésie. « Dans le même temps, nous ne voulons pas perdre le caractère unique et inclusif de la riposte au VIH, ni sa nature de partenariat multisectoriel, notamment lorsqu'il s'agit de répondre aux besoins des principales populations et communautés touchées par le virus ».

Les participants ont discuté en détail de la façon dont il était possible de mieux parvenir à une appropriation réelle et durable par les pays d'une riposte efficace et multisectorielle, avec des plans stratégiques pilotés au niveau national. Nombreuses sont les ripostes nationales dans les pays à revenu faible ou intermédiaire qui nécessitent un renforcement. Elles sont souvent influencées par des agendas de développement extérieurs et encore largement financées par des donateurs internationaux. Par exemple, en Afrique subsaharienne, deux tiers des dépenses en faveur du sida proviennent de sources extérieures.

Afin de soutenir la riposte au VIH, les pays doivent faire un meilleur usage des données probantes pour savoir où investir des ressources financières et humaines précieuses dans le but d'atteindre les objectifs en matière de VIH. Les participants ont examiné comment les pays pourraient mobiliser des financements supplémentaires pour combler les manques, tout en se montrant plus efficaces face à la baisse des ressources. Le modèle d'investissement de l'ONUSIDA a été décrit comme un moyen radical et innovant de considérer l'affectation des ressources et de combler les manques de financement. Il explique comment faire correspondre besoins et investissements, rationalise les stratégies actuelles pour éviter les doublons et encourage un bon rapport coût/efficacité. Il soutient les pays pour qu'ils se fondent sur des choix d'investissement qui génèrent des résultats pour les populations.

« Maintenant que notre compréhension de l'épidémie de VIH est plus scientifique et basée sur des données probantes, nous sommes arrivés à un stade où nous sommes capables de déterminer quels ensembles précis d'interventions sont nécessaires dans une riposte donnée pour le contrôle de l'épidémie », a déclaré M. Aeneas Chuma, Coordonnateur humanitaire résident des Nations Unies pour le Kenya. « Cela signifie que nous devons nous demander si nos investissements sont dirigés sur les bonnes interventions pour obtenir les bons résultats ».

L'issue principale de cette réunion a été l'élaboration de dix points de consensus sur les NSP-3G. Un groupe de soutien et d'étude a été mis en place pour rédiger, finaliser et diffuser les nouvelles orientations auprès des pays d'ici octobre 2012. « Je prends note du fait que le plan stratégique national actuel pour le Kenya arrivera à son terme l'an prochain », a indiqué Mme la Ministre Murugi. « Le Kenya s'engage ainsi à initier le mouvement mondial en étant le premier pays à élaborer un plan stratégique national de troisième génération qui s'appuiera sur les orientations qui ressortiront de cette importante réunion ».