Reportage

La Déclaration commune des Nations Unies appelle à la fermeture des centres de détention et de réhabilitation obligatoires pour toxicomanes

09 mars 2012

La Déclaration commune appelle à remplacer les centres de détention et de réhabilitation obligatoires pour toxicomanes par des programmes communautaires factuels, basés sur le volontariat et respectueux des droits de l'homme.

Douze entités des Nations Unies ont émis une déclaration conjointe appelant à la fermeture des centres de détention et de réhabilitation obligatoires pour toxicomanes. L'existence de ces centres — actifs dans de nombreux pays depuis les 20 dernières années — soulève des questions de droits de l'homme et menace la vie des détenus, y compris en raison de la vulnérabilité accrue au VIH et à la tuberculose (TB).

Le nombre de centres et de personnes détenues a été en constante augmentation ces dernières années. En Asie seule, on estime que quelque 300 000 personnes sont détenues dans des centres de détention et de réhabilitation obligatoires pour toxicomanes. Des personnes qui consomment ou qui sont suspectées de consommer des drogues, des travailleurs du sexe et des enfants victimes de l'exploitation sexuelle sont détenues sans procès équitable au nom du « traitement » ou de la « réhabilitation ».

Des experts en droits de l'homme, des médecins, la société civile et des entités de l'ONU ont soulevé de sérieuses questions au sujet de ces centres, y compris le fait qu'ils violent une grande série de droits de l'homme et représentent un danger pour la santé des détenus. 

Les termes utilisés pour décrire les centres de détention et de réhabilitation obligatoires pour toxicomanes, leurs fondements juridiques et leur gestion varient selon les pays. Quelles que soient ces différences, la situation des détenus dans ces centres est bien trop similaire. Ils sont souvent arrêtés et détenus sans bénéficier d'un procès équitable préalable. Les conditions dans les centres de détention et de réhabilitation obligatoires pour toxicomanes incluent souvent du travail forcé, des conditions non conformes et l'absence d'accès à des soins de santé factuels, y compris pour la prévention et le traitement du VIH et la toxicomanie. Certains de ces détenus sont mineurs.

Les États maintiennent que ces centres leur paraissent souvent nécessaires pour s'attaquer à la toxicomanie et au commerce du sexe. Néanmoins, aucune preuve n'indique que les centres de détention et de réhabilitation obligatoires pour toxicomanes représentent un environnement adapté et propice au traitement de la toxicomanie ou à la protection et la réhabilitation des détenus.

Dans certains pays, des entités de l'ONU travaillent déjà avec les autorités pour s'attaquer à la problématique que représentent les centres et y trouver des alternatives.  La Déclaration commune permettra à l'ONU de déployer des efforts coordonnées et concertés à échelles nationale, régionale et internationale, afin d'aider les gouvernements à fermer les centres de détention et de réhabilitation obligatoires pour toxicomanes et les remplacer par des programmes communautaires factuels, basés sur le volontariat et respectueux des droits de l'homme. Dans les semaines à venir, les membres du Secrétariat de l'ONUSIDA rencontreront leurs homologues et leurs partenaires des Nations Unies et de la société civile afin de déterminer comment relever ce défi urgent.

Les entités de l'ONU ayant signé la Déclaration commune sur la fermeture des centres de détention et de réhabilitation obligatoires pour toxicomanes sont les suivantes : Organisation internationale du travail (OIT), le bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'homme (BHCDH), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), l'Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation de la femme (ONU Femmes), le Programme alimentaire mondial (PAM), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Programme commun des Nations Unies sur le VIH (ONUSIDA).