Reportage

La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) crée une unité spécialisée pour la défense des droits des populations lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et intersexe

14 mars 2012

L'épidémie de VIH en Amérique latine est essentiellement concentrée parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles.
Photo : ONUSIDA

La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a créé une unité technique spécialisée dans le but de renforcer ses capacités de protection des droits des populations lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et intersexe (LGBTI) sur le continent américain.

La CIDH est un organisme autonome de l'Organisation des États américains (OEA), dont la mission est de promouvoir le respect des droits de l'homme dans la région et d'agir comme un organe consultatif auprès de l'OEA sur ces questions.

L'unité spécialisée, créée en janvier 2012, fait partie d'une approche globale de la CIDH en matière de défense de l'interdépendance et de l'indivisibilité de tous les droits humains. Elle prend en compte les besoins spécifiques des individus et des groupes victimes de discrimination depuis toujours. Entre autres fonctions, l'unité analyse et étudie les différentes requêtes signalant des cas de violation des droits des populations LGBTI qui auraient été commis par les États membres de l'OEA.

L'épidémie de VIH en Amérique latine est essentiellement concentrée parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles. Ce dernier groupe présente des taux de prévalence du VIH de 27,6 % en Argentine et de 29,6 % au Pérou, contre une prévalence du virus dans la population générale estimée à 0,5 % et 0,4 % respectivement dans ces deux pays.

Les femmes et les hommes transsexuels du continent américain sont confrontés à une exclusion sociale qui les empêche d'accéder aux soins, à l'emploi et à la justice, ce qui accroît leur vulnérabilité au VIH et aux violations de leurs droits

Marcela Romero, REDLACTRANS

En outre, la région a connu une augmentation alarmante des actes de violence et d'intimidation envers les personnes transsexuelles et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. La Commission interaméricaine a reçu des informations concernant des affaires de meurtres, de viols et de menaces à l'encontre des populations LGBTI. Elle reconnaît que ces populations sont victimes de graves discriminations aussi bien au niveau social que juridique.

Ces dernières années, l'ONUSIDA a travaillé en étroite collaboration avec la CIDH. « L'ONUSIDA et la Commission interaméricaine ont mis sur pied une alliance stratégique basée sur un ensemble d'actions visant à atteindre l'objectif de zéro discrimination et zéro violence, avec une approche axée sur les droits de l'homme », explique Víctor Madrigal-Borloz, Expert principal de la Commission interaméricaine des droits de l'homme.

Le Directeur régional de l'ONUSIDA pour l'Amérique latine, le Dr César Núñez, s'est réjoui de la création d'une telle unité spécialisée. Il a appelé tous les pays de la région à respecter totalement les droits humains des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et des personnes lesbiennes et transsexuelles « en faisant appliquer des lois destinées à les protéger des actes de violence, en organisant des campagnes de lutte contre l'homophobie et la transphobie et en veillant à répondre aux besoins les plus élémentaires en matière de santé ».

Réunion d'experts sur la violence et l'impunité à l'encontre des personnes LGBTI

Fin février 2012, sous l'égide de l'ONUSIDA, la Commission a réuni plus de 20 experts indépendants issus des milieux universitaires, des institutions de défense des droits de l'homme, de la société civile, ainsi que des représentants des forces de l'ordre, des Nations Unies et de la CIDH elle-même, afin d'évoquer la question de la « violence et de l'impunité à l'encontre des populations lesbiennes, gays, transsexuelles, bisexuelles et intersexe ».

Cette réunion d'experts est la deuxième d'une série de six rencontres qui contribueront à l'élaboration du tout premier rapport hémisphérique sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre. Marcela Romero, de REDLACTRANS, a participé à la réunion et souligné que « les personnes transsexuelles, les femmes et les hommes transsexuels du continent américain sont confrontés à une exclusion sociale qui les empêche d'accéder aux soins, à l'emploi et à la justice, ce qui accroît leur vulnérabilité au VIH et aux violations de leurs droits ».

En 2013, la Commission évaluera le travail de cette unité et statuera sur la création d'un Office du Rapporteur des droits des populations LGBTI.