Reportage

Au Niger, une clinique a recours à une solution innovante et économique pour maintenir les bébés en vie

02 avril 2013

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, en visite à la maternité Issaka-Gazobi qui gère de nombreuses grossesses difficiles et a commencé il y a deux ans à fournir des services aux femmes enceintes vivant avec le VIH. Niamey, Niger.
Photo : ONUSIDA

Il est 10 heures du matin et le soleil est déjà haut dans le ciel de Niamey, au Niger. Dans la maternité Issaka-Gazobi, un groupe de femmes attend avec beaucoup d'émotion la tenue d'une réunion qu'elles n'auraient jamais pu imaginer. La Première dame du Niger, Aïssata Issoufou Mahamadou, et le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, ont rencontré ces femmes au cours de leur récente visite à cette maternité qui est un modèle pour le reste du pays.

L'établissement a fourni des services à plus de 20 000 patients et a comptabilisé près de 6 000 naissances l'année dernière. Il gère de nombreuses grossesses difficiles et a commencé il y a deux ans à fournir des services aux femmes enceintes vivant avec le VIH. La Première dame est venue à la clinique pour offrir officiellement des aliments et des fournitures médicales au personnel, et a déclaré : « Cette maternité est un modèle en matière de services de prévention de la transmission de la mère à l'enfant au Niger ».

Le Niger enregistre un taux de mortalité infantile extrêmement élevé, estimé en 2012 par le gouvernement à 51 décès pour 1000 naissances viables. Comme de nombreuses autres maternités, Issaka-Gazobi a beaucoup de mal à fournir des soins de qualité dans un milieu aux ressources très limitées. Toutefois, les défis considérables auxquels l'établissement est constamment confronté ont poussé le personnel à devenir plus innovant et à adapter un concept déjà utilisé à leur situation locale.

La maternité ne dispose pas de suffisamment d'incubateurs pour garder en vie tous les prématurés qu'elle aide à mettre au monde. Le personnel a donc mis au point une sorte de poche ventrale qui permet de placer un nouveau-né en contact avec le corps de sa maman, en lui permettant de bénéficier d'un « incubateur humain ». La « méthode kangourou » a été utilisée dans de nombreux autres pays, mais la clinique Issaka-Gazobi est la première à l'employer au Niger. Ce système est nouveau dans un pays dans lequel la plupart des mères portent leur bébé sur le dos.

Après avoir vu cet incubateur humain novateur, M. Sidibé a annoncé : « La méthode kangourou est un concept extraordinaire. Je suis réellement impressionné par la manière dont la maternité a adapté l'idée de donner de la chaleur vitale aux prématurés et permet en outre aux mères de maintenir leurs enfants en vie. »

La méthode kangourou est un concept extraordinaire. Je suis réellement impressionné par la manière dont la maternité a adapté l'idée de donner de la chaleur vitale aux prématurés et permet en outre aux mères de maintenir leurs enfants en vie. »

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

La maternité Issaka-Gazobi fournit gratuitement un traitement antirétroviral aux mères qui vivent avec le VIH pour empêcher la transmission du virus à leur enfant, et quasiment toutes les patientes vivant avec le VIH donnent naissance à des bébés en bonne santé. Toutefois, c'est loin d'être le cas dans le reste du pays. En 2011, le Niger a estimé que moins de 65 % des femmes enceintes ont subi un test de dépistage du VIH et que moins de 30 % des femmes enceintes vivant avec le VIH avaient accès à un traitement antirétroviral permettant de prévenir la transmission du VIH à leur enfant. Le taux d'infection à VIH chez les enfants était d'environ 22 % en 2011.

Le Niger doit relever de nombreux défis pour prévenir les nouvelles infections à VIH chez les enfants. Bien que la majorité des femmes enceintes bénéficie d'une consultation prénatale, seules près de 30 % des femmes donnent la vie avec l'aide d'un agent de santé formé. Cela principalement parce que les visites prénatales sont gratuites, alors qu'une assistance professionnelle au moment de la naissance est payante. De nombreuses femmes enceintes testées séropositives au VIH ne bénéficient d'aucun suivi et ne reçoivent pas le traitement dont elles ont besoin.

Le gouvernement du Niger lutte pour étendre ses services afin de prévenir la transmission du VIH de la mère à l'enfant (PTME) et a augmenté les fonds qu'il a alloués à la PTME de 2,6 % du budget total en 2010 à 15,9 % en 2011. Toutefois, le pays est encore confronté à un énorme déficit de financement de près de 1,17 million de dollars US cette année pour les services de PTME.

M. Sidibé a félicité le pays pour ses efforts en matière d'amélioration des services de santé destinés aux mères et l'a fortement encouragé à continuer d'œuvrer pour stopper les nouvelles infections à VIH chez les enfants d'ici 2015 et à maintenir leurs mères en bonne santé.