Reportage

Rapport de l'UNICEF : considérons l'enfant avant le handicap

30 mai 2013

Trop souvent, les enfants handicapés n'ont pas accès à la santé et à l'éducation, avec des conséquences néfastes pour toute la société dans son ensemble.
Photo : UNICEF/Marco Dormino

La marginalisation des enfants handicapés dans des domaines critiques comme la santé et l'éducation a non seulement des conséquences néfastes sur les jeunes eux-mêmes, mais aussi sur la communauté dans son ensemble, selon un rapport phare de l'UNICEF publié le 30 mai.

Le rapport intitulé La situation des enfants dans le monde 2013 : Les enfants handicapés explique que les enfants handicapés sont ceux qui risquent le plus d’être privés de soins de santé ou de ne pas aller à l’école. Ils sont aussi plus exposés à l'exploitation et à la négligence. Selon le rapport, cette situation est due au fait que les enfants handicapés sont trop souvent réduits à leur handicap et ne sont pas considérés comme des individus utiles qui devraient bénéficier des mêmes opportunités de s'épanouir que tous les autres.

« Lorsqu’on considère le handicap avant de considérer l’enfant, cela non seulement nuit à l’enfant en question mais prive également la société de ce que l’enfant a à offrir », a affirmé le Directeur général de l’UNICEF, Anthony Lake. « Quand les enfants sont perdants, la société est perdante aussi ; quand ils y gagnent, elle y gagne aussi ».

Le VIH fournit un exemple criant de la façon dont les jeunes atteints d'un handicap physique, sensoriel, intellectuel ou psychosocial peuvent être marginalisés, ignorés et exclus des programmes. Le rapport indique que si la prévalence du virus s'accroît au sein d'un groupe quelconque, les implications sont négatives pour toute la société dans son ensemble, surtout en termes de ralentissement du développement et d'augmentation des dépenses.

On estime souvent que les enfants handicapés sont sexuellement inactifs et donc qu'ils n'ont pas besoin de services de prévention du VIH. Nombreux sont ceux qui n'ont aucun accès aux informations concernant la puberté et le développement et la transformation de leur corps. Ils ne sont pas non plus habitués à fixer des limites dans leurs contacts physiques avec les autres.

En outre, un pourcentage significatif de personnes handicapées de tous âges sont victimes d'agression sexuelle ou d'abus au cours de leur vie, en particulier les femmes et les filles et au sein des institutions spécialisées, des écoles et des hôpitaux. Dans de telles conditions, leur vulnérabilité au VIH est donc nettement accrue.

Lorsqu’on considère le handicap avant de considérer l’enfant, cela non seulement nuit à l’enfant en question mais prive également la société de ce que l’enfant a à offrir. Quand les enfants sont perdants, la société est perdante aussi ; quand ils y gagnent, elle y gagne aussi

Anthony Lake, Directeur général de l'UNICEF

Les traitements anti-VIH ainsi que les services de dépistage et de conseil peuvent être matériellement difficiles d'accès pour les personnes handicapées ou ne pas fournir des informations dans un format utilisable par ces personnes, comme l'écriture en braille. Les professionnels de la santé sont rarement formés pour traiter ces enfants et ces adolescents et peuvent même adopter des attitudes stigmatisantes.

La Situation des enfants dans le monde fixe un certain nombre de recommandations pour tenter de veiller à ce que les enfants handicapés soient inclus dans une large variété de milieux sociaux, économiques et culturels, de manière à les faire participer au développement global.

L'une des principales recommandations consiste à combler les lacunes considérables en termes d'information pour les enfants handicapés. Peu de pays savent combien d'habitants sont concernés, quels sont leurs handicaps et de quel niveau de service ils ont besoin, ce qui rend très difficile la réponse à ces besoins.

Le rapport met également en avant la nécessité de supprimer les obstacles à l'inclusion, pour que des environnements comme les écoles, les établissements de santé et les transports publics encouragent la participation des enfants handicapés au même titre que leurs pairs, sans aucune discrimination. Les familles peuvent aussi être aidées pour assumer les dépenses quotidiennes plus élevées et combler la perte des opportunités de travail rémunéré lorsque les parents s'occupent de l'enfant handicapé. De plus, il est essentiel de veiller à ce que les enfants et les adolescents soient impliqués dans la conception et la mise en œuvre des programmes et des services, de manière à ce qu'ils puissent jouer un rôle d'agents actifs du changement.

Enfin, le rapport appelle les pays à ratifier et faire appliquer les engagements internationaux tels que la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées et la Convention relative aux droits de l’enfant. Près des deux tiers d'entre eux ont déjà ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées, mais pour beaucoup, la mise en œuvre reste très lente.