Reportage

La Jamaïque prend des mesures pour assurer la pérennité de sa riposte au VIH

07 octobre 2013

Une étude vient de montrer que les acquis durement gagnés dans la lutte contre l'épidémie de VIH en Jamaïque pourraient être menacés par des contraintes budgétaires nationales et l'augmentation des coûts du traitement anti-VIH dans le pays. Le gouvernement jamaïcain a réagi en prenant des mesures visant à renforcer la planification et l'efficacité de son programme national de lutte contre le sida.

« Depuis 2004, avec l'introduction du traitement antirétroviral, les décès dus au sida ont baissé en Jamaïque de 41 % et la transmission du VIH de la mère à l'enfant est passée de 25 % en 2004 à moins de 5 % en 2011 », a indiqué le Ministre de la Santé, Fenton Ferguson. « La Jamaïque est sur la voie du succès et nous n'avons pas le droit d'échouer ».

Avec l'appui de la Banque mondiale et de l'ONUSIDA, le pays a mené une étude phare sur la pérennité financière de sa riposte au sida. Selon les prévisions de cette étude, le coût annuel du programme de lutte contre le VIH de la Jamaïque pourrait doubler d'ici 2030. Elle indique également que la capacité du pays à accroître ses dépenses nationales en faveur de la lutte contre le VIH est limitée par le niveau élevé de sa dette publique : le pays est classé par la Banque mondiale comme un pays à revenu intermédiaire supérieur, mais l'île présente un ratio dette/PIB de 140 %. Les accords du pays avec des partenaires majeurs, notamment le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la Banque mondiale et le gouvernement des États-Unis, doivent arriver à échéance au cours des deux prochaines années.

Depuis 2004, avec l'introduction du traitement antirétroviral, les décès dus au sida ont baissé en Jamaïque de 41 % et la transmission du VIH de la mère à l'enfant est passée de 25 % en 2004 à moins de 5 % en 2011. La Jamaïque est sur la voie du succès et nous n'avons pas le droit d'échouer

Fenton Ferguson, Ministre de la Santé jamaïcain

Selon le Dr Ferguson, le travail a déjà commencé. L'approche d'investissement de l'ONUSIDA a été utilisée afin d'élaborer des stratégies permettant à la riposte au VIH du pays de persister et de réussir.

Par exemple, la Jamaïque a recentré son plan stratégique national en mettant largement l'accent sur les besoins des populations les plus exposées au risque d'infection, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel(le)s du sexe et les consommateurs de drogues. Elle a également annoncé la mise en place d'une autorité regroupant le Conseil du planning familial et certaines parties du programme de lutte anti-VIH afin de faire baisser les coûts administratifs. Le pays étudie également les possibilités à l'échelle régionale pour faire baisser les prix des médicaments antirétroviraux.

Le Dr Pierre Somse, Coordonnateur de l'ONUSIDA dans le pays, a félicité le Ministère de la Santé et le Ministère de la Planification et des Finances pour s'être attaqués conjointement aux questions de pérennité financière autour de la riposte au VIH. « Le VIH est traité comme une question de développement par le gouvernement jamaïcain dans le contexte de son plan de développement national pour 2030 », a expliqué le Dr Somse. « La riposte au VIH continue de bénéficier d'un niveau maximum d'engagement de la part de tous les partis politiques », a-t-il ajouté.

Pour l'exercice budgétaire 2013/2014, le gouvernement a augmenté la part de ses dépenses consacrées au VIH, mais pour faciliter la mise en œuvre des nouvelles stratégies, le Ministère de la Santé a appelé à « une baisse plus progressive de la part du financement international ».

Coparrainants de l'ONUSIDA

Banque mondiale