Reportage

Selon le Groupe de la Banque mondiale, la croissance seule ne suffira pas pour éradiquer l'extrême pauvreté

01 mai 2014

Si le monde veut réduire efficacement la pauvreté et atteindre les objectifs clés de développement dans des domaines critiques tels que la santé et l'éducation, les pays ne doivent pas seulement se concentrer sur la stimulation de la croissance comme une fin en soi, mais aussi mettre en œuvre des politiques qui allouent davantage de ressources aux plus démunis. Tel est le message principal d'un nouveau document important de la Banque mondiale qui examine les façons dont les pays peuvent stimuler une prospérité partagée et veiller à ce que la croissance bénéficie à l'ensemble de la population.

La prospérité pour tous – mettre fin à l'extrême pauvreté met en avant les deux objectifs ambitieux du Groupe de la Banque mondiale : éradiquer l'extrême pauvreté afin que pas plus de 3 % de la population mondiale ne vivent avec moins de 1,25 dollar par jour, et augmenter la croissance des revenus des 40 % les plus pauvres de la population.

Jim Yong Kim, Président du Groupe de la Banque mondiale, reconnaît la nature extrêmement ambitieuse de ces objectifs, mais affirme qu'ils peuvent être atteints grâce à un engagement accru et aux bonnes interventions. « Pour mettre un terme à l’extrême pauvreté d’ici 2030, la masse des plus défavorisés devra diminuer de 50 millions de personnes chaque année jusqu'en 2030. Autrement dit, faire en sorte qu’un million d’individus s’extirpent chaque semaine de la pauvreté au cours des 16 années qui viennent. Je mesure l’extraordinaire difficulté de cet objectif, mais je suis convaincu que nous pouvons y arriver. Nous pouvons devenir la génération qui aura vaincu l’extrême pauvreté ».

La croissance seule ne parviendra pas à mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 car, selon le rapport, à mesure que celle-ci recule, les effets intrinsèques à la croissance tendent à toucher un nombre plus limité de pauvres : à ce stade en effet, la plupart des personnes vivant toujours dans le dénuement le plus extrême sont dans des situations éminemment délicates à redresser. Ainsi, identifier et se focaliser sur les catégories les plus pauvres, selon des méthodes spécifiques à chaque pays, est considéré comme une priorité pour s'assurer que les 1,2 milliard de pauvres que compte le monde ne soient pas exclus de la croissance et puissent pleinement développer leur potentiel, avec des résultats positifs aussi bien pour eux-mêmes que pour leur communauté et leur pays. (Cinq pays, à savoir le Bangladesh, la Chine, la République démocratique du Congo, l'Inde et le Nigéria, concentrent deux tiers des pauvres, soit près de 760 millions de personnes.)

Le document alerte également sur les dangers de ne pas s'attaquer aux inégalités de revenus. Dans les pays où celles-ci augmentent, les effets de la croissance sur la pauvreté sont ralentis, voire même annulés.

La prospérité pour tous – mettre fin à l'extrême pauvreté suggère que ce double objectif, essentiel dans l'agenda pour le développement après 2015, peut être atteint à travers la promotion d’une croissance faisant moins d’exclus et via des programmes proactifs tels que les transferts monétaires directs assortis ou non de conditions, dont l'impact significatif a été avéré sur l'éducation, l'emploi et la santé. Pour parvenir à un développement durable, il est vital de ne pas se contenter d’aider les individus à sortir de l’extrême pauvreté, il faut aussi s’assurer qu’à terme, comme le dit le rapport, ces personnes ne restent pas bloquées juste au-dessus du seuil de pauvreté faute d’opportunités leur permettant d’améliorer leurs revenus.

Pour mettre un terme à l’extrême pauvreté d’ici 2030, la masse des plus défavorisés devra diminuer de 50 millions de personnes chaque année jusqu'en 2030. Autrement dit, faire en sorte qu’un million d’individus s’extirpent chaque semaine de la pauvreté au cours des 16 années qui viennent. Je mesure l’extraordinaire difficulté de cet objectif, mais je suis convaincu que nous pouvons y arriver. Nous pouvons devenir la génération qui aura vaincu l’extrême pauvreté.

Jim Yong Kim, Président du Groupe de la Banque mondiale

Le Groupe de la Banque mondiale a reconnu que VIH, inégalités et extrême pauvreté sont inextricablement liés et doivent être traités conjointement. Début 2014, la Banque mondiale, en partenariat avec l'ONUSIDA, s'est engagée sur quatre domaines d'action, notamment l'harmonisation des efforts en matière de santé et de développement pour mettre fin à l'extrême pauvreté et au sida et exiger l'inclusion d'objectifs sur la fin du sida dans l'agenda pour le développement après 2015, ainsi que l'objectif d'une couverture santé universelle, afin qu'aucune personne ne tombe dans la pauvreté ou y soit maintenue parce qu'elle doit payer pour des soins ou un traitement contre le VIH. Un autre engagement consiste à faire la promotion d'un suivi national et mondial et de la recherche appliquée.

Selon le rapport, un tel suivi et une cartographie à une échelle socioéconomique plus large seront essentiels pour que les deux objectifs principaux d'éradication de la pauvreté du Groupe de la Banque mondiale deviennent réalité. Il faudra des données plus nombreuses et de meilleure qualité pour que les interventions puissent être éclairées par des éléments probants et pour pouvoir suivre les progrès. Ces recherches aideront les décideurs politiques mondiaux à obtenir une croissance plus inclusive, à assurer une prospérité durable et partagée et à veiller à ce que les 40 % les plus pauvres puissent profiter de toutes les avancées économiques et de développement.