Déclaration à la presse

À la veille de la Journée Zéro Discrimination, l’ONUSIDA lance un appel en faveur de la protection de la santé et des droits humains des populations vulnérables

Déclaration de Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA

GENEVE, 28 février 2014À la veille de la Journée Zéro Discrimination du 1er mars, je suis très préoccupé par la multiplication des mesures et lois punitives adoptées dans différents pays. Ces lois menacent de réduire les droits à la santé et à la non-discrimination ainsi que l’accès à des services vitaux destinés à des populations clés, notamment les personnes vivant avec le VIH, les femmes, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel(le)s du sexe, les transgenres (membres de la communauté LGBT) et les consommateurs de drogues.

Lorsque l’ONUSIDA a annoncé que le 1er mars 2014 serait la première Journée Zéro Discrimination, il était impossible d’imaginer à quel point la date de cet événement majeur se révélerait aussi tristement ironique. Pour tous ceux qui veulent un monde plus juste et tous ceux qui luttent pour la paix et la prospérité, nous devons exiger que soit mis fin aux inégalités, aux discriminations et aux violences à l’encontre des personnes vivant avec le VIH, des membres de la communauté LGBT, des professionnel(le)s du sexe, des consommateurs de drogues et d’autres populations vulnérables.

Ces derniers jours, les hauts responsables des Nations Unies ont lancé un appel pour que l’on mette un terme à la discrimination. Dans son dernier message au Comité international olympique, Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que la haine de quelque nature qu’elle soit n’avait pas sa place au 21ème siècle et que nous devions nous exprimer haut et fort contre les attaques visant les lesbiennes, les gays, les bisexuel(le)s, les personnes transgenres ou intersexuées.

L’ONUSIDA rappelle régulièrement que la discrimination est une violation des droits humains et un obstacle majeur à une riposte efficace au sida. Pourtant, de nombreuses personnes vivant avec le VIH ou vulnérables au virus restent victimes de traitements inéquitables ou d’une criminalisation injustifiée.

L’ONUSIDA se désole que la communauté internationale célèbre la première Journée Zéro Discrimination peu après que le Nigéria et l’Ouganda aient adopté des lois qui pénalisent davantage les membres de la communauté LGBT et les personnes qui les soutiennent. En décembre 2013, la Cour suprême d’Inde a recriminalisé les rapports sexuels entre adultes consentants de même sexe, et en juin 2013, la Fédération de Russie a voté une loi interdisant de diffuser des informations sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre auprès des mineurs.

Beaucoup d’autres groupes vulnérables souffrent de lois punitives et de procédures irrégulières d’application de la loi – notamment les professionnel(le)s du sexe et les consommateurs de drogues qui sont victimes au quotidien de discriminations, de violences et de mauvais traitements. Dans plusieurs pays, les consommateurs de drogues (ou les personnes suspectées de consommer des drogues) sont incarcérés sans jugement dans des centres de détention où les soins leur sont refusés et où les conditions de vie sont déplorables. Les personnes vivant avec le VIH restent confrontées à une stigmatisation et une discrimination importantes et se voient refuser l’accès à la santé, à l’éducation, à l’emploi, au logement et à la liberté de circulation au motif de leur séropositivité. Ces mesures discriminatoires et punitives font considérablement reculer les progrès de la santé et du développement.

La discrimination prend de nombreuses formes et affecte souvent les femmes de façon disproportionnée. Les statistiques révèlent que, dans le monde, une femme sur trois est confrontée à des violences sexistes. Dans 40 % des pays seulement, on dénombre autant de filles scolarisées dans le secondaire que de garçons, et les femmes sont 10 % moins susceptibles de savoir lire et écrire que les hommes.

La riposte au sida nous a fourni de précieux enseignements concernant la valeur humaine et la dignité, l’intégration et la participation. Elle nous a aussi appris que la discrimination peut tuer, que les lois punitives favorisent la haine, la peur et la violence et mettent régulièrement les services de prévention et de traitement du VIH hors de portée de ceux qui en ont le plus besoin. La riposte mondiale au sida a montré que ce n’est qu’en transformant la discrimination et le déni en protection et acceptation qu’une société pourra atteindre les groupes défavorisés et s’assurer qu’ils peuvent avoir accès aux services nécessaires pour leur santé et pour mener des vies productives dans la dignité – ce qui contribue à la sécurité humaine et au développement du monde.

En cette veille de Journée Zéro Discrimination, j’ai trouvé très émouvant et stimulant de voir des personnes de tous horizons répondre à l’appel en faveur de l’éradication de la discrimination. Les personnes vivant avec le VIH et affectées par le virus et les défenseurs des droits humains sont en première ligne ; les législateurs, les chefs d’entreprises, les militants, les personnalités connues et les jeunes s’unissent pour promouvoir un monde d’un nouveau genre dans lequel aucune personne n’aura plus à craindre la discrimination ou la violence en raison de qui elle est, de comment elle vit et de qui elle aime.

À l’occasion de la Journée Zéro Discrimination, je vous invite à réagir si vous voyez quelqu’un être discriminé ou menacé, à sensibiliser autour de vous et à célébrer la diversité. Chaque personne, où qu’elle vive dans le monde, a droit à la dignité, à la sécurité, à la santé et au rêve.


ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour que la riposte au sida donne les meilleurs résultats possibles. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez nous sur Facebook et Twitter.


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ONUSIDA Genève
Saya Oka
tél. +41 22 791 1552
okas@unaids.org

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