Reportage
Le Forum mondial au Brésil tend à réduire les inégalités en matière de santé
20 octobre 2011
20 octobre 201120 octobre 2011Des hauts représentants gouvernementaux, des experts médicaux et des représentants de la société civile de 120 pays se réunissent à Rio de Janeiro, au Brésil, à l'occasion d'une réunion de trois jours axée sur les conditions sociales, économiques et politiques qui engendrent des inégalités en matière de santé. Organisé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la Conférence mondiale sur les déterminants sociaux de la santé constitue une plateforme mondiale pour discuter de thèmes divers tels que le développement du jeune enfant, les soins de santé universels, les protections sociales, le financement équitable, l'égalité des sexes, la responsabilisation politique et la gouvernance mondiale.
Dans une réunion d'experts de la conférence intitulée « Politics of Health: Lessons from the AIDS movement to address the social determinants of health » (Politiques de santé : leçons tirées du mouvement de lutte contre le sida pour s'attaquer aux déterminants sociaux de la santé), le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a souligné le besoin d'un accent plus fort sur la dynamique sous-jacente qui favorise les inégalités en matière de santé. « Le sida nous a appris qu'il fallait s'attaquer aux inégalités sociales qui exposent les femmes, les enfants et les populations vulnérables au risque de VIH », a déclaré M. Sidibé, qui présidait la session conjointement avec le vice-ministre de la santé du Brésil, le Dr Jarbas Barbosa.
Le Dr Aaron Motsoaledi, ministre de la santé d'Afrique du Sud a souligné l'importance des partenariats pour s'attaquer à l'épidémie nationale de VIH. « 19 secteurs sont représentés au Conseil national sur le sida d'Afrique du Sud présidé par le président adjoint. Dans notre tentative de nous attaquer aux déterminants sociaux de la santé, ces groupes sont essentiels pour mobiliser tous les aspects de notre société », a-t-il déclaré.
Les différences au sein et entre les pays, en termes de niveaux de revenus, d'opportunités, d'état de santé et d'accès aux soins sont plus importantes que jamais aujourd'hui.
Dr Margaret Chan, directrice générale de l'OMS
Soulignant le combat pour la santé et les droits de l'homme au Brésil, Vera Paiva, professeure de psychologie sociale à l'Université de Sao Paolo, a indiqué que la mobilisation et la participation des personnes affectées par le VIH contribuaient à protéger les droits de l'homme dans la riposte nationale au VIH.
Mme Amina Ibrahim, présidente-directrice générale du Centre de développement de solutions politiques au Nigeria et ancienne conseillère spéciale du président du Nigeria sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a insisté sur le fait qu'un engagement politique pouvait perdre de son sens entre la politique et l'action. Pour pallier l'écart de mise en œuvre, elle a déclaré que le Nigeria déployait des efforts considérables pour informer les ministres et les parlementaires et leur fournir des preuves sur la manière dont les investissements dans l'éducation, le genre et d'autres OMD pouvaient profiter à leurs composants.
Selon l'OMS, il est largement prouvé que l'état de santé d'une personne est grandement déterminé par sa position socio-économique. « Les différences au sein et entre les pays, en termes de niveaux de revenus, d'opportunités, d'état de santé et d'accès aux soins sont plus importantes que jamais aujourd'hui », a déclaré le Dr Margaret Chan, directrice générale de l'OMS, lors de la séance plénière d'ouverture de la conférence. « Un monde présentant des déséquilibres considérables en matière de santé n'est ni stable, ni sûr », a-t-elle ajouté.
Ces dernières années, le gouvernement brésilien, hôte de la conférence de cette semaine, a accompli d'immenses progrès pour améliorer la santé et le bien-être de sa population. Grâce au Sistema Único de Saúde financé avec l'argent public, chaque brésilien peut recevoir des soins de santé gratuits, des bilans réguliers aux actes chirurgicaux complexes. Au Brésil, presque toutes les personnes vivant avec le VIH et éligibles pour un traitement antirétroviral y ont désormais accès. Le gouvernement a également adopté des mesures radicales pour s'attaquer à la stigmatisation et à la discrimination, plus récemment avec le lancement d'une campagne innovante pour lutter contre l'homophobie.
À l'occasion de son intervention à la séance plénière d'ouverture, Alexandre Padilha, le ministre de la santé brésilien, a indiqué que depuis l'adoption par le Brésil de sa Constitution démocratique il y a 23 ans, le pays avait été confronté à de nombreuses crises, mais n'a jamais renoncé à son engagement à offrir un accès universel à des services médicaux gratuits. Le Brésil, a-t-il déclaré, ne laisserait pas la crise économique changer cela.
Suite à la séance plénière d'ouverture, le directeur exécutif de l'ONUSIDA a participé à une Table ronde de haut niveau avec le Dr Margaret Chan de l'OMS, Rebeca Grynspan du Programme des Nations unies pour le développement, Kathleen Sebelius, la ministre américaine de la santé et des services aux personnes, et Tereza Campello, la ministre brésilienne du développement social.
Attirant l'attention sur les basculements politiques sismiques survenant au Nord et au Sud, M. Sidibé a indiqué que les anciennes règles de développement n'étaient plus applicables. « Le monde change ! Les pays comme le Brésil et l'Afrique du Sud ont montré que des politiques fondées dans le respect de tous leurs peuples et qui distribuent les opportunités équitablement, apportent du dynamisme et la croissance bénéfiques pour tous », a-t-il déclaré.
À l'issue de la conférence, les gouvernements devraient adopter une Déclaration politique de Rio sur les déterminants sociaux de la santé décrivant leurs engagements pour améliorer les conditions sociales qui affectent la santé des personnes.
Reportages connexes
"The First Fallen", un film d'espoir
03 novembre 2022