Reportage

La République dominicaine fait face à ses problèmes d'accès au traitement anti-VIH

23 août 2012

Une image de l'initiative lancée par des personnes vivant avec le VIH en République dominicaine destinée à attirer l'attention sur le fait que la mise à disposition des médicaments génériques a entraîné une baisse significative du coût du traitement sur le marché mondial.

La République dominicaine enregistre de nouveaux progrès dans ses efforts pour garantir l'accès au traitement à toutes les personnes vivant avec le VIH. Le Conseil national de la Sécurité sociale du pays a mis en place une commission pour étudier les implications techniques, financières et opérationnelles de l'inclusion du traitement antirétroviral dans le Plan de base pour la santé.

La mise sur pied de cette commission est le résultat d'une étude de faisabilité financière concernant la couverture des personnes vivant avec le VIH par l'assurance maladie familiale existant dans le pays. Cette étude a été réalisée en 2011 par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) et le Programme commun des Nations Unies sur le VIH et le sida (ONUSIDA).

Composée de membres issus de plusieurs services du système national de santé ainsi que de représentants de partenaires régionaux et internationaux comme l'OPS et l'ONUSIDA, la nouvelle commission devrait conclure ses travaux au cours du dernier trimestre de 2012.

C'est un pas vers la garantie d'un traitement dans la durée et de vies sauvées pour les Dominicains vivant avec le VIH.

Ernest Massiah, Directeur de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour les Caraïbes

Selon la Coordonnatrice de l'ONUSIDA dans le pays, Ana Maria Navarro, cet événement tombe à un moment critique et représente une conséquence directe de l'étude de faisabilité réalisée par les agences des Nations Unies en République dominicaine. « Cette résolution nous rapproche de l'installation dans la durée de la riposte au sida », explique le Dr Navarro.

La République dominicaine est classée comme un pays à revenu intermédiaire, bien que présentant des inégalités très marquées dans la répartition des richesses. À l'heure actuelle, l'accès au traitement anti-VIH est entièrement financé par des donateurs internationaux. Bien que plus de 20 000 personnes bénéficient aujourd'hui d'un traitement anti-VIH, plus de 2 500 individus dont on sait qu'ils vivent avec le sida n'ont pas accès aux médicaments vitaux.

Pourtant, le Plan stratégique national contre le VIH et le sida 2007-2015 mis en place par le pays prévoit la garantie de l'accès universel au traitement pour les personnes vivant avec le VIH. Ce manque d'accès au traitement va aussi à l'encontre des principes d'universalité et d'équité sur lesquels s'est fondée la réforme du système de sécurité sociale de 2001. En outre, une nouvelle loi sur le VIH votée l'an dernier prévoit des soins médicaux complets pour les personnes vivant avec le VIH.

Toutefois, un règlement de 2002 concernant la mise en œuvre du Plan de base pour la santé exclut la prise en charge des médicaments antirétroviraux en raison de leur coût élevé. L'un des principaux objectifs de l'étude de faisabilité était de fournir des preuves montrant que le traitement anti-VIH n'est pas aussi onéreux que le pensaient les autorités locales.

« Il s'agit d'une énorme avancée pour la République dominicaine », a déclaré le Directeur de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour les Caraïbes, Ernest Massiah. « C'est un pas vers la garantie d'un traitement dans la durée et de vies sauvées pour les Dominicains vivant avec le VIH. Les personnes vivant avec le VIH peuvent continuer à travailler, soutenir leur famille et participer aux joies simples de la vie auxquelles nous avons tous droit. C'est une question de respect, de dignité et de vie ».

En avril 2012, les personnes vivant avec le VIH en République dominicaine ont lancé une initiative destinée à attirer l'attention sur le fait que la mise à disposition des médicaments génériques avait entraîné une baisse significative du coût du traitement sur le marché mondial. Le Réseau dominicain des personnes vivant avec le VIH (REDOVIH+), Alianza Solidaria de Lucha contra el SIDA (ASOLSIDA), Fundación Grupo Paloma et Grupo Clara avaient lancé conjointement une pétition qui appelait les candidats à l'élection présidentielle de 2012 à aborder les questions de pérennité financière concernant leur traitement en vue de l'échéance électorale de la fin mai.