« J'ai des droits » : une exposition photo qui raconte la vie des personnes transsexuelles au Pérou

MARCO : « J'ai trouvé ma voie alors que je traversais une dépression. Mes professeurs n'arrêtaient pas de me dire : « Tu t'habilles en femme ? Tu veux des implants ? » C'est difficile d'étudier quand on est confronté à la discrimination. Si vous preniez le temps de nous connaître, vous vous rendriez compte que nous sommes des êtres humains très semblables à vous. Qu'y a-t-il de mal à voir une personne s'efforcer d'être ce qu'elle est ? » Personne ne doit être victime d'actes de torture ou de traitements inhumains ou dégradants (article 2.24 de la Constitution du Pérou). Photo: Danielle Villasana.

NAIDU : « Ma famille a fini par m'accepter au bout de plusieurs années. » « La chose la plus importante est ce que tu ressens dans ton cœur et la manière dont tu acceptes les gens ou les opportunités que tu offres à ton fils ou ta fille d'être heureux, tout simplement. Ce qui compte le plus, c'est ce qu'il veut être et qu'il sente que je le soutiens », explique la mère de Naidu. Toute personne a droit au libre épanouissement de sa personnalité (article 2.1 de la Constitution du Pérou). Photo: Danielle Villasana.

MARINA : « Je suis la première femme trans à participer à une émission musicale télévisée. L'art aide beaucoup à faire face aux problèmes. Pourquoi est-ce que nous ne sommes pas assez audacieux ? Pourquoi est-ce que nous ne décidons pas de suivre nos rêves, pourquoi nous nous imposons des limites ? Pourquoi je ne serais pas l'une des premières transsexuelles à participer à un concours très important connu au niveau international ? » Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle (article 27.1 de la Déclaration universelle des droits de l'homme). Photo: Danielle Villasana.

JOSE : « Nous sommes une famille maintenant. Fonder cette famille a été difficile, je le considère comme mon fils et il me considère comme son père. La loi ne me permettra jamais de l'adopter parce que je porte l'étiquette « trans ». Il voudrait dire aux autres enfants qui ont des pères comme moi de ne pas avoir honte, ce ne sont pas de mauvaises personnes. » La famille a droit à la protection de la société et de l'État (article 16.11 de la Déclaration universelle des droits de l'homme). Photo: Danielle Villasana.

LES FEMMES DU PROJET « FEMINAS » : « Nous avons une maison communautaire pour les femmes trans où elles trouveront un endroit paisible. » (Maricielo) « Pour une femme trans qui entame sa transformation, c'est important d'avoir quelqu'un à ses côtés. » (Hally) « Le plus important, c'est de se sentir bien où que l'on aille. » (Alexandra) « Nous luttons pour notre communauté. » (Thais) « Nous sommes des personnes normales qui veulent vivre comme tout le monde. » (Frida) Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques (article 20.1 de la Déclaration universelle des droits de l'homme). Photo: Danielle Villasana.

CARUSSO : « Il faut plus d'information. Nous devrions être éduqués dès le plus jeune âge. Tout commence là. Certains ne savent pas comment en parler à leurs parents, ils ont peur. Ils ne sont pas heureux. » (Carusso) « Je suis fière de mon partenaire, il travaille dur. Nous essayons d'avancer ensemble, pour que les gens se rendent compte que nous ne sommes pas des moins-que-rien, que nous menons une vie saine. » (Roxana) L'éducation aux droits humains est obligatoire dans le système éducatif (article 14 de la Constitution du Pérou). Photo: Danielle Villasana.

ERICA : « Malgré tous les problèmes, je travaille à l'hôpital depuis 8 ans. Ils m'ont dit : « il vaut mieux que tu viennes travailler la nuit, quand il y a moins de monde. Tu dois venir comme tu es sur ton badge d'identification ». Il y a beaucoup de femmes intelligentes qui ont fait des études, mais elles doivent se battre contre le système tout entier. Quelle est la solution pour ces filles ? Le commerce du sexe. » Le travail est un moyen d'épanouissement individuel (article 22 de la Constitution du Pérou). Photo: Danielle Villasana.

GABRIELA : « J'ai l'impression que ma vie est comme celle d'un papillon. Je pensais que l'alcool me permettrait d'oublier la douleur que je sentais en moi. J'ai entendu parler de cours pour apprendre l'estime de soi. J'y ai trouvé une grande force intérieure, comme un papillon. On est enfermé dans son cocon avec ses peurs et on veut en sortir. Et quand on sort, on se met à voler ! Mais nous ne sommes pas encore libres dans cette société. C'est pour cela que je me suis impliquée davantage dans la lutte. » L'être humain et sa dignité sont l'objectif suprême de la société et de l'État (article premier de la Constitution du Pérou). Photo: Danielle Villasana.

Reportage

« J'ai des droits » : une exposition photo qui raconte la vie des personnes transsexuelles au Pérou

22 février 2016

Les personnes transsexuelles sont souvent confrontées à la violence, au chômage et à la pauvreté, victimes de l'ignorance et des préjugés. La stigmatisation et la discrimination exposent les femmes transsexuelles à un risque supérieur d'infection par le VIH.

Tous les individus sont égaux et personne ne devrait être victime de discrimination pour quelque raison que ce soit. « Dans notre pays, il faudra faire beaucoup d'efforts pour que cette affirmation devienne une réalité », a déclaré le Médiateur du Pérou, Eduardo Vega Luna, en réaction à la situation. Il a toutefois appelé à organiser « davantage de campagnes de sensibilisation pour encourager les citoyens à regarder vers l'avenir avec espoir et sans violence ni discrimination ».

Une action de ce genre a été récemment organisée par des agences des Nations Unies au Pérou, notamment l'ONUSIDA, le PNUD, le HCDH et le Centre d'information des Nations Unies, avec le concours d'organisations de la société civile telles que PROMSEX, IESSDEH, le Centre d'études interdisciplinaires sur la sexualité, le sida et la société de l'Université Cayetano Heredia, de personnes transsexuelles, de la Fondation Magnum et de l'Union européenne. Une exposition intitulée « Yo tengo derechos », « J'ai des droits », présentait des photographies réalisées par Danielle Villasana, photojournaliste primée dont l'œuvre se concentre sur les questions de genre, d'identité, de santé et de politique sociale. Récemment diplômée de l'Université du Texas à Austin, elle travaille avec les communautés transsexuelles depuis 2012.

Les photos de l'exposition, qui s'inscrit dans le cadre de la campagne Libres et égaux des Nations Unies, laquelle défend l'égalité pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles, mettent en scène des personnes transsexuelles avec leurs collègues et les membres de leur famille dans leur vie quotidienne d'étudiants, d'artistes, de professionnels et de militants. Dans leurs témoignages pour l'exposition, ces personnes transsexuelles parlent de bonheur, d'amour et de la manière dont elles font face à leurs problèmes quotidiens.

María del Carmen Sacasa, Coordinatrice résidente des Nations Unies au Pérou, a déclaré : « Pour nous, le principal thème en matière de droits humains, c'est la non-discrimination. Ce n'est pas un problème d'ordre mineur, en particulier pour ce qui concerne les personnes transsexuelles, qui sont rejetées dans de nombreux domaines ».

L'exposition a permis de rappeler aux gens l'un des principes fondamentaux des droits de l'Homme : la discrimination est inacceptable.