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Accélération et innovation dans la riposte au sida en Chine

13 mai 2016

Une délégation du Conseil de coordination du Programme (CCP) de l'ONUSIDA s'est rendue en Chine du 9 au 12 mai afin d'avoir un aperçu de la manière dont le pays accélère sa riposte nationale au sida pour mettre fin à l'épidémie comme menace de santé publique d'ici 2030.

La délégation du CCP a rencontré des représentants du gouvernement, de la société civile et du secteur privé. Parmi les éléments critiques identifiés pour l'accélération de la riposte nationale au sida en Chine figurent les stratégies innovantes et ciblées, l'engagement d'acteurs non traditionnels, l'intensification des efforts et l'importance du leadership politique et de la sensibilisation au sida.

Tout en confirmant l'engagement de la Chine envers l'Objectif de Développement durable visant à mettre fin au sida d'ici 2030, le Vice-ministre de la Santé, Wang Guoqiang, a mis en avant le soutien de la Chine en faveur d'une déclaration politique forte sur la fin du sida lors de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida qui doit avoir lieu en juin. Elle servira de moteur pour accélérer encore davantage la riposte au sida à l'échelle mondiale comme en Chine.

En Chine, l'épidémie se concentre au sein des populations clés plus exposées au risque d'infection à VIH. Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes sont particulièrement vulnérables à l'infection à VIH, surtout dans les grandes villes. Le VIH est une priorité aux plus hauts niveaux de gouvernement et fait l'objet d'actions intersectorielles. La riposte est quasi intégralement financée à partir de ressources nationales.

« Le leadership de la Chine sur le VIH est un exemple de responsabilité partagée dans l'action, avec des approches multisectorielles qui impliquent à la fois le gouvernement, la société civile et le secteur privé, sur la base de données nationales complètes », a déclaré Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, qui chapeautait la visite. « Il est possible d'en tirer d'importantes leçons pour tous les continents, pour la collaboration Sud-Sud et surtout en matière de durabilité », a-t-elle ajouté.

Associer science, technologie et action communautaire pour obtenir des résultats

Plusieurs approches innovantes ont été présentées lors de cette visite, notamment la riposte au VIH de la ville de Pékin. En effet, la ville s'appuie sur les organisations communautaires pour améliorer la prestation de service. Elle a également adopté un modèle de guichet unique pour le dépistage du VIH, accéléré la stratégie de dépistage et de traitement chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, piloté des programmes d'auto-dépistage du VIH, et elle utilise les nouvelles technologies pour appuyer les initiatives de prévention et de traitement du VIH.

La délégation du CCP a visité les locaux de Danlan, une organisation non gouvernementale qui défend les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles. Danlan a associé un programme de prévention du VIH piloté par la communauté avec un système d'entreprise sociale par l'intermédiaire des réseaux sociaux : son application de rencontre Blued, qui compte près de 15 millions d'utilisateurs, inclut des liens vers des services de prévention et de traitement du VIH. Le créateur de Danlan, Geng Le, a mis en avant l'exemple apporté par Blued, qui montre qu'en combinant science et technologie, il est possible d'intégrer la riposte au VIH dans la vie des personnes loin des cliniques et des hôpitaux.

En discutant avec la délégation du CCP, les membres du Comité de planning familial et de santé de Pékin ont souligné que leurs données montraient que les organisations à assise communautaire telles que Danlan avaient été particulièrement efficaces dans la réalisation de campagnes de dépistage rapide capables d'atteindre les communautés plus exposées au risque d'infection. Malgré leur petite échelle, ces campagnes ont permis de détecter près de 30 % de tous les nouveaux cas de VIH dans la ville.

Le rôle du secteur privé

La visite a également porté sur l'engagement et l'action du secteur privé contre le sida dans le cadre de la riposte nationale chinoise.

La délégation a rencontré la Fondation Ruban Rouge, une organisation caritative nationale regroupant une cinquantaine d'entreprises qui lèvent des fonds, fournissent du matériel et coopèrent avec le gouvernement pour accélérer les efforts contre le sida.

Les discussions avec la Chambre de commerce chinoise chargée de l'import/export de médicaments et de produits de santé se sont concentrées sur le soutien de la Chine en faveur de la production locale de médicaments et de produits de santé en Afrique. Avec la participation active de l'ONUSIDA, la Chambre est engagée dans un transfert de technologies entre l'Afrique et la Chine.

La délégation du CCP était composée de représentants du Burundi, de l'Équateur, du Salvador, du Ghana, de la Norvège et de la Suisse, ainsi que des organisations non gouvernementales représentées au CCP et des organismes coparrainants de l'ONUSIDA. Au cours de la visite, la délégation a rencontré toute une série de partenaires nationaux, en particulier des représentants du gouvernement national et des instances municipales, le Conseil national sur le sida, des représentants de la société civile et des organisations communautaires, des chefs d'entreprise, des agents de santé, des partenaires de développement, des représentants des médias et l'équipe nationale des Nations Unies. La délégation a visité plusieurs sites à Pékin, ce qui lui a permis de voir à quel point la ville a élargi l'accès aux services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH, y compris la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant et les ripostes à assise communautaire.