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La menace mondiale d'une résistance aux médicaments mise en avant dans un nouveau rapport de l'OMS sur la tuberculose

13 octobre 2016

Dans son rapport 2016 sur l'état de l'épidémie mondiale de tuberculose et la riposte à celle-ci, l'Organisation mondiale de la Santé a annoncé que le nombre de nouveaux cas de tuberculose avait été estimé à 10,4 millions en 2015, soit plus que les précédentes estimations. Toutefois, seulement 6,1 millions de cas de tuberculose ont été détectés et officiellement signalés en 2015, ce qui illustre des lacunes considérables dans le recensement et le dépistage des personnes susceptibles d'être atteintes de tuberculose. Six pays comptabilisent 60 % du fardeau mondial total de la tuberculose : Chine, Inde, Indonésie, Nigéria, Pakistan et Afrique du Sud. La tuberculose reste une cause majeure de décès chez les personnes vivant avec le VIH, alors que la maladie peut être guérie à moindre coût. En revanche, le coût de l'absence de traitement de la tuberculose est élevé en termes de propagation de la maladie et de décès.

On estime que 1,8 million de personnes sont décédées de la tuberculose en 2015, dont 0,4 million étaient également séropositives au VIH. Plus de 20 % des personnes vivant avec le VIH et la tuberculose n'ont pas reçu de médicaments antirétroviraux vitaux : une opportunité manquée de fournir un traitement et des soins complets et intégrés. La tuberculose peut aussi être évitée chez les personnes vivant avec le VIH grâce à un traitement antirétroviral précoce et un traitement préventif par isoniazide, mais le recours au traitement préventif reste inadéquat.

L'une des conclusions particulièrement inquiétante du rapport concerne la riposte inadaptée au fardeau grandissant d'une tuberculose multirésistante aux médicaments. Seule une personne sur cinq éligibles à un traitement pour une tuberculose multirésistante en a bénéficié en 2015. Par ailleurs, le taux de guérison de la tuberculose multirésistante reste désespérément faible, à environ 52 % à l'échelle mondiale, malgré les récents progrès dans l'accès aux nouveaux traitements.

La résistance croissante aux médicaments est l'une des plus graves menaces pour la réduction du fardeau de la maladie et des décès dus à des maladies infectieuses, comme le VIH, la tuberculose et le paludisme, qui empêchent de nombreuses personnes vivant dans les pays à revenu faible et intermédiaire de réaliser pleinement leur potentiel. Une action urgente est nécessaire pour prévenir le développement et la propagation de la résistance aux médicaments et les investissements dans la recherche de nouveaux traitements pour remplacer ceux devenus inefficaces à cause de la résistance aux médicaments sont indispensables.

Déclarations

« Nous nous trouvons face à une lutte difficile pour atteindre les objectifs mondiaux relatifs à la tuberculose. Il faudra intensifier massivement nos efforts ou les pays continueront de prendre du retard sur cette épidémie mortelle et ces objectifs ambitieux ne seront pas atteints. »

Margaret Chan Directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé

« À chaque fois que nous perdons un traitement de première intention efficace pour une maladie infectieuse en raison du développement d'une résistance aux médicaments, le monde perd une autre opportunité de sauver des vies et de promouvoir la santé, le bien-être et l'épanouissement des individus, en particulier des personnes qui vivent dans la pauvreté. Il est impératif et urgent de prêter attention, d'agir, d'investir et de mener des recherches pour traiter cette crise latente. »

Michel Sidibé Directeur exécutif de l'ONUSIDA