Reportage

Les points forts de la conférence HIVR4P 2018 : de nouvelles possibilités pour la prévention du VIH

31 octobre 2018

Les possibilités relatives à des options nouvelles et améliorées pour la prévention du VIH ont été présentées à l’occasion de la récente Conférence sur la recherche pour la prévention du VIH (HIVR4P). Les participants ont toutefois été informés qu’il faudrait encore plusieurs années pour que bon nombre de ces nouveaux outils soient prêts à être mis en pratique.

L’importance de la prophylaxie pré-exposition (PPrE), notamment la PPrE délivrée sous la forme d’un anneau vaginal et la PPrE à effet prolongé, y compris la PPrE sous forme injectable, a été évoquée dans de nombreuses présentations. La PPrE en anneau vaginal offre des options de prévention mieux contrôlées par les femmes, qui leur permettent de se protéger sans que leur partenaire ne le sache, alors que la PPrE injectable se traduit par une prise de pilule quotidienne, avec le risque d’oublier cette pilule. Cependant, aussi bien l’anneau vaginal de PPrE que la PPrE à effet prolongé sont encore loin d’être disponibles : l’anneau vaginal fait actuellement l’objet d’études en vue de son homologation réglementaire par l’Agence européenne des médicaments, et les résultats des essais sur la PPrE à effet prolongé ne devraient pas être connus avant 2021, voire plus tard encore.

S’il est possible de démontrer que les anticorps et les molécules de synthèse qui les imitent préviennent l’infection à VIH, cela ouvrirait la voie à des injections semestrielles pour la prévention ou le traitement, en parallèle de la possibilité d’un vaccin qui permettrait aux individus de développer leurs propres anticorps similaires. Les participants ont appris que d’importants progrès ont été accomplis dans la découverte et le développement de ces anticorps. Les résultats des essais de principe seront connus en 2020, avec la première preuve montrant leur efficacité.

« La science nous a permis de faire des avancées extraordinaires dans les technologies de diagnostic, le traitement et le suivi de l’infection à VIH. Nous sommes vraiment impatients de voir que dans les prochaines années, elle débouchera aussi sur des outils de prévention abordables efficaces », a déclaré Peter Godfrey-Faussett, Conseiller scientifique, ONUSIDA.

Les participants ont également appris l’existence de niveaux élevés d’infections sexuellement transmissibles (IST) chez les populations qui sont davantage exposées au risque de VIH et que, comme nous le savons depuis des décennies, les IST conduisent à un risque plus élevé de contracter le VIH. Les taux des principales IST bactériennes qui peuvent être traitées connaissent une hausse constante et atteignent des niveaux alarmants chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que chez les jeunes d’Afrique australe et orientale, en partie à cause de la baisse de l’usage du préservatif. Les taux élevés des principales IST qui peuvent être traitées sont apparus au grand jour avec l’avènement du dépistage à grande échelle qui a accompagné le déploiement de la PPrE.

Beaucoup d’IST ne présentent aucun symptôme et ne peuvent être diagnostiquées qu’au moyen de tests de dépistage modernes, qui sont certes simples, mais encore bien trop coûteux pour les pays qui en ont le plus besoin. En plus de la géographie et du groupe d’âge, les IST figurent parmi les indicateurs les plus forts de risque de VIH. Une approche intégrée de la prévention des IST et du VIH pourrait proposer la PPrE aux personnes séronégatives au VIH mais atteintes d’une IST et qui vivent dans une région où le VIH est prévalent.

Les nouvelles techniques de prévention sont susceptibles d’être relativement onéreuses et devront donc être ciblées sur les populations les plus exposées au risque pour pouvoir être abordables et rentables. Les modélisations mathématiques montrent que ces nouvelles techniques de prévention du VIH risquent de n’avoir qu’un impact limité sur les nouvelles infections à VIH en Afrique orientale et australe. Par exemple, la modélisation de l’impact de l’anneau à la dapivirine, un anneau vaginal à libération lente d’un médicament antirétroviral qui protège contre l’infection à VIH, montre que seulement 1,5 à 2,5 % des infections à VIH seraient évitées au cours des 18 prochaines années au Kenya, en Ouganda, au Zimbabwe et en Afrique du Sud. Tandis que le coût nécessaire pour éviter une seule infection à VIH grâce à l’utilisation de l’anneau à la dapivirine est compris entre 10 000 et 100 000 dollars, un grand nombre de participants se sont prononcés pour l’intégration et la combinaison du traitement et de la prévention du VIH, ainsi que des ripostes au VIH et aux autres maladies, afin d’obtenir un effet maximum.

La conférence biennale HIVR4P s’est tenue à Madrid, en Espagne, du 21 au 25 octobre.