Reportage

Lutter contre les infections au VIH ainsi que les violences sexuelles et basées sur le genre au cours des opérations humanitaires et de maintien de la paix

15 août 2019

L’Afrique à elle seule est le théâtre de sept opérations de maintien de la paix, mais aussi de nombreuses missions humanitaires. Sur tout le continent, 600 millions de personnes se trouvent dans des pays fragilisés en proie à des conflits et des violences. Sept femmes sur 10 vivant dans une zone d’affrontements ou étant réfugiées sont exposées aux violences sexuelles et basées sur le genre. Selon les régions, le risque de contracter le VIH est parfois 50 % plus élevé pour les victimes de ces exactions.

De son côté, le personnel en uniforme qui travaille sur les opérations de maintien de la paix est exposé à de nombreux risques sanitaires au cours de ses tâches quotidiennes, selon la fonction, la zone géographique et les conditions de service. Ainsi, il ne faut pas non plus négliger sa santé et son bien-être tout comme celui des populations parmi lesquelles il évolue.

Afin de protéger aussi bien le personnel déployé que les civils, l’Union africaine a élaboré en novembre 2018 un nouveau code de conduite portant sur la prévention et le signalement des violences sexuelles et basées sur le genre, qui s'applique également aux opérations de maintien de la paix.

« Il est urgent d’avoir une stratégie harmonisée, concertée et globale portant sur les violences sexuelles et basées sur le genre ainsi que sur le VIH au cours des conflits et des opérations humanitaires », a déclaré Bineta Diop, envoyée spéciale de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité.

Ce nouveau code de conduite s’inscrit dans la politique de l’Union africaine sur la prévention et la riposte apportée à l’exploitation et aux abus sexuels au cours des opérations de maintien de la paix. Il met l’accent sur l’éradication de toute forme de violence basée sur le genre et fait des opérations de maintien de la paix le fer de lance pour garantir la justice et la protection des populations vulnérables. Il s’agit maintenant de mettre en place ce code, ce qui ne sera pas chose aisée.

« L’Union africaine rejette toute violence sexuelle et basée sur le genre. Elle invite ses États membres ayant adopté une politique centrée sur les survivantes et survivants et leur proposant tous les services d’assistance à la mettre en place immédiatement », déclare Admore Kambudzi, Directeur du département Paix et Sécurité auprès de la Commission de l’Union africaine.

La première réunion d’une série de rencontres réunissant la Commission de l’Union africaine et le Bureau de liaison de l’ONUSIDA auprès de l’Union africaine en collaboration avec le Bureau des Nations unies auprès de l’Union africaine a été organisée en juin dernier. Elle a offert un cadre aux participants pour élaborer ensemble des recommandations communes et pratiques de lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre et de riposte au VIH dans des situations précaires.

Ses membres se sont mis d’accord sur un principe fondamental : adopter une approche favorisant les survivantes et survivants des violences sexuelles dans les conflits afin de renforcer leur résilience, mais aussi leur apporter un soutien psychologique et psychosocial. Il est également essentiel d’impliquer les hommes et les garçons si l’on veut mettre fin aux violences sexuelles et basées sur le genre.

Les membres ont également plaidé pour garantir la santé et le bien-être du personnel en uniforme sur les opérations de maintien de la paix avant et pendant leur service actif. Un protocole visant à intégrer les programmes du VIH dans les opérations de maintien de la paix au sein de l’Union africaine est en cours de finalisation. Une équipe experte sera formée en vue de dresser l'état des lieux des pays en crise, d’identifier les forces et les faiblesses et de faire des suggestions afin de mettre un terme aux violences sexuelles et basées sur le genre ainsi que sur l’exposition au VIH.

« J’enjoins aux partenaires de prendre des mesures pour éradiquer les violences sexuelles et basées sur le genre, ainsi que le VIH dans des situations précaires. Cette volonté doit s’inscrire dans le thème de l’Union africaine pour 2019, l’année des personnes réfugiées, rapatriées et déplacées internes », indique Clémence A. Habi Bare, Directrice du Bureau de liaison de l’ONUSIDA auprès de l’Union africaine.

politique de l’Union africaine sur la prévention et la riposte apportée à l’exploitation et aux abus sexuels au cours des opérations de maintien de la paix

Sécurité et affaires humanitaires