Reportage

« We carry on », Nous ne baissons pas les bras

28 février 2020

Dima Sadek, une présentatrice à la télévision libanaise, explique que « cela fait cinq ans que je suis la cible de harcèlement et de menaces : menaces de viol et de mort, calomnie, diffamation, appels téléphoniques à ma famille et à ma mère. »

Face à cela, l’Arab Foundation for Freedoms and Equality, le partenaire régional de l’ONUSIDA sur les droits et la santé, a produit une vidéo mettant en lumière cette violation des droits humains dont sont victimes de nombreuses femmes du pays. Son objectif est de sensibiliser le grand public à la problématique du harcèlement sexuel et des agressions au Liban qui se concentrent depuis les récentes manifestations en particulier sur les femmes journalistes.

Réalisée en partenariat avec le programme HIVOS Women Empowered for Leadership (WE4L) et grâce à un financement du ministère néerlandais des Affaires étrangères, cette vidéo se penche sur des cas de harcèlement et de violences. Elle présente des femmes journalistes dont l’intégrité physique a été violée, dont le numéro de téléphone personnel a été communiqué, qui ont par la suite reçu des menaces de viol et des contenus pornographiques, et qui ont fait l’objet d’attaques physiques et verbales alors qu’elles étaient en direct à la télévision.

« Vous ne vous attendez vraiment pas à ce que des gens aient une telle envie de faire mal ou disent de telles choses. Vous ne les connaissez pas et ils ne vous connaissent pas, mais tout ça parce que nous ne partageons pas la même opinion politique, ils se sentent dans leur bon droit de vous parler comme ça », témoigne Layal Saad, reportrice.

Partant du constat que des attaques similaires, notamment sous forme de harcèlement sur Internet et dans la vie réelle, ont également été signalées par des manifestantes, la vidéo cherche également à faire prendre conscience du harcèlement sexuel, des brimades et des violences du quotidien dont sont victimes les femmes en général. La vidéo « We Carry On » souligne la nécessité d’avoir des lois permettant l’émergence de femmes leaders.

La journaliste Diana Moukalled explique que la loi doit protéger contre le harcèlement sexuel, car aujourd’hui cette pratique n’est pas pénalisée par le droit libanais. « Les Libanaises font partie des populations qui ont le moins accès à la politique au monde, et pas uniquement dans la région. Des femmes sont présentes à différents niveaux de la société, mais le fossé est large entre le rôle des femmes libanaises et leur représentation », indique-t-elle.

La vidéo est intitulée « We Carry On », nous ne baissons pas les bras. Ce sentiment est partagé par de nombreuses femmes qui l’ont visionnée et dans leurs réactions : un sentiment de résilience face à l’adversité et la volonté de voir un jour la justice sociale régner pour les femmes au Liban.