Reportage

Objectif 100 avec la stratégie 20–50–80 en Ukraine

06 novembre 2020

L’Ukraine vient d’annoncer que les programmes de prévention, de soins et d’assistance au sein de sa riposte nationale au VIH sont financés aujourd’hui à 80 % par l’État.

Dans le cadre de son plan de transition 20–50–80 lancé en 2018, le gouvernement s’était donné trois ans pour augmenter sa participation au financement des programmes de prévention, de soins et d’assistance du VIH qui étaient auparavant financés à 100 % par des donateurs internationaux. La part du gouvernement était fixée à 20 % la première année, les 80 % restants étant financés par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial). La seconde année prévoyait la parité et la troisième année un financement à 80 % par l’État et à 20 % par le Fonds mondial. Ce niveau de financement est désormais atteint et l’argent provient aussi bien de budgets nationaux que locaux. Il est destiné d’une part à des programmes de prévention, de soins et d’assistance au sein de la riposte nationale contre le VIH et la tuberculose, et d’autre part à l’approvisionnement en services fournis pas des organisations communautaires.

Le plan de transition a été proposé par un groupe d’organisations publiques et communautaires sous la houlette de 100% Life, une association connue auparavant sous le nom de All-Ukrainian Network of People Living with HIV. Dmytro Sherembey, président du conseil de 100% Life, explique qu’autrefois la majorité des financements de la riposte nationale au VIH provenait de donateurs, le Fonds mondial en tête. La formule 20–50–80 a apporté une ligne directrice claire couplée à un calendrier approuvé par le gouvernement. Ce dernier était tenu d’augmenter les financements nationaux, car le plan prévoyait un arrêt des financements par les donateurs si jamais il ne satisfaisait pas ses obligations.

« Cette décision n’a pas été aisée. Signer pour une aide du Fonds mondial aurait été beaucoup plus facile. Mais nous avons compris que si le gouvernement n’augmentait pas ses financements, près de 500 000 utilisateurs et utilisatrices des services se retrouveraient démuni-es », raconte M. Sherembey. Le gouvernement n’étant pas en mesure de fournir lui-même une offre variée de services de prévention, de soins et d’assistance contre le VIH, des organisations communautaires avaient commencé à le suppléer. Toutefois, on craignait une baisse du financement destiné aux organisations communautaires, car cela aurait marqué la fin de certains services et, par conséquent, empêché des milliers de personnes d’avoir accès aux soins.

Un groupe stratégique pour la mise en œuvre du plan de transition composé du Centre de santé publique du ministère ukrainien de la Santé, 100% Life, l’ONUSIDA, l’ICF Alliance for Public Health, Renaissance et Deloitte a alors élaboré de nouveaux mécanismes permettant aux organisations communautaires locales de coopérer avec les administrations locales. Le Soumy et la Poltava ont été les premières régions en Ukraine à financer les programmes du VIH et de la tuberculose à partir de sources nationales. En 2018, le budget national ukrainien a attribué l’équivalent de 650 000 $ aux programmes.

« Le plan de transition est l’occasion de resserrer les liens entre le gouvernement et les organisations non gouvernementales pour ce qui est de la fourniture de services de qualité aux personnes vivant avec le VIH et la tuberculose. Le rôle des organisations non gouvernementales connaît aussi une transformation. Il consiste de moins en moins à militer comme à leur début, et de plus en plus à fournir un travail social professionnel et à prendre leur part de responsabilité dans les résultats. Et l’État, de son côté, achète leurs services par le biais du système public d’appels d'offres », indique Igor Kuzin, directeur adjoint du Centre de Santé publique du ministère de la Santé en Ukraine.

La mise en œuvre du plan de transition s’est concrétisée grâce au soutien du ministère ukrainien des Finances. En 2019, l’enveloppe représentait près de 4 millions de dollars, soit la moitié des financements, et 25 régions en Ukraine en ont bénéficié. En 2020, on estime que le gouvernement aura déboursé près de 12,5 millions de dollars pour le traitement et d’autres services, ce qui représente 80 % des financements de ce type de programmes.

« En collaboration avec le Centre de Santé publique du ministère ukrainien de la Santé, avec des partenaires internationaux et la société civile, nous allons assurer une veille minutieuse et analyser les résultats de ce nouveau modèle de fourniture de services liés au VIH afin de garantir sa pérennité, son efficacité et sa cohérence », déclare Raman Hailevich, directeur pays de l’ONUSIDA pour l’Ukraine.