Reportage

Engagement de la Jamaïque envers la protection sociale

05 mai 2022

La COVID-19 a eu un impact dévastateur sur l’économie jamaïcaine qui s’est rétractée de plus de 5 % en 2020. Selon la Banque mondiale, le taux de pauvreté est passé de 19 % en 2018 et 2019 à environ 23 % en 2020. Les femmes actives ont été parmi les groupes les plus touchés par la crise. Elles représentent environ 78 % du personnel humanitaire et de santé, et 55 % des effectifs dans les secteurs très exposés à la COVID-19, notamment le commerce et le tourisme. Par exemple, le secteur du tourisme de l’île qui avait accueilli 4,2 millions de personnes en 2019 a enregistré une baisse considérable en 2020 et 2021 en raison des restrictions de voyage mondiales liées à la pandémie.

En réaction, le gouvernement jamaïcain a mis en place une série de stratégies de relance, notamment par le biais d’une réduction des impôts et taxes. Il a également lancé le programme COVID-19 Allocation of Resources for Employees (CARE) qui visait à aider les travailleurs et travailleuses, ainsi que les entreprises en ces temps difficiles.

Les personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus ont également ressenti l’impact de la pandémie. La charge supplémentaire causée par la COVID-19 sur le personnel et les établissements de santé, aggravée par les pertes de revenus et les restrictions de déplacement, a provoqué des perturbations dans l’accès aux services anti-VIH et d’autres services de santé.

En réponse, le Conseil national de planification familiale (National Family Planning Board) et l’ONUSIDA, en partenariat avec des acteurs essentiels pour la conception et la mise en œuvre de la stratégie nationale de protection sociale, notamment le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, l’Institut de planification de Jamaïque, le ministère du Gouvernement local et du Développement rural, ainsi que des organisations de la société civile, ont collaboré pour réaliser une évaluation de la protection sociale et contre le VIH dans le pays. Cette étude a permis de réaliser une cartographie des services de protection sociale, d’identifier les lacunes pour atteindre les personnes, mais aussi les opportunités pour répondre aux besoins spécifiques des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, comme une meilleure information sur l’existence et les conditions pour bénéficier des aides, et de fournir des recommandations pour l’amélioration de la protection sociale.

Parmi la centaine de personnes interrogées, beaucoup ne connaissaient pas l’existence de programmes de protection sociale alors que le pays en propose plusieurs. La confusion régnait également sur les personnes éligibles pour bénéficier des programmes. En général, les personnes vivant avec le VIH, en particulier les mères séropositives de moins de 25 ans, font partie des populations confrontées aux plus grandes difficultés pour accéder aux programmes de lutte contre le VIH et de protection sociale en Jamaïque, en particulier le Programme de progrès grâce à la santé et à l’éducation (Programme of Advancement Through Health and Education, PATH). Par exemple, pour déposer une demande pour le PATH, une famille obtient une note qui prend en compte tous ses membres. Si elle n’est pas considérée comme pauvre, elle ne peut pas bénéficier du PATH, y compris les jeunes mères.

« Les systèmes de protection sociale sont essentiels pour mettre fin à l’épidémie de sida, car ils permettent de lutter contre les inégalités socio-économiques qui alimentent le risque et la vulnérabilité au VIH, y compris la stigmatisation et la discrimination ainsi que d’autres violations des droits humains, notamment en éliminant les obstacles à l’accès aux services anti-VIH », a déclaré le directeur pays de l’ONUSIDA pour la Jamaïque, Richard Amenyah.

Parmi ses recommandations, l’évaluation a souligné l’importance d’informer sur les programmes de protection sociale existants, de revoir les critères de sélection pour l’assistance sociale, de numériser l’inscription et les virements, de renforcer la coordination locale et de consolider les programmes concernant le marché du travail.

« Les programmes de protection sociale jouent un rôle important pour les plus vulnérables de la société, car ils atténuent les effets de situations sociales et économiques difficiles engendrées par des circonstances telles que la pandémie de COVID-19. Ainsi, les recommandations de cette évaluation ne peuvent qu’améliorer les programmes de protection sociale existants et renforcer la collaboration multisectorielle dans ce domaine au profit des personnes les plus touchées, y compris les personnes vivant avec le VIH », a déclaré Lovette Byfield, directrice principale du National Family Planning Board.

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