PLHIV

Feature Story

N’oublier personne, y compris les personnes qui consomment des drogues

04 mai 2023

Daouda Diouf vient tous les jours à l’hôpital Fann. Il fait partie des 250 personnes inscrites au programme de thérapie de substitution aux opiacés (TSO) du CEPIAD*. La TSO est une intervention reconnue dans le monde entier. Elle vise à réduire la consommation de drogue par injection, car les personnes qui utilisent des drogues injectables sont exposées à un risque de contracter le VIH et d’autres maladies transmissibles par le sang, telles que l’hépatite virale.

« Je suis ici pour prendre mon traitement et je suis aussi un tailleur. J’apprends donc la couture à quelques personnes qui consomment de la drogue », explique M. Diouf en coupant du tissu dans son atelier improvisé en plein air. Rester actif et vendre ses marchandises l’a aidé à rester en bonne santé au cours des sept dernières années.

Un autre participant au programme lui donne aussi raison. Ce dernier s’est découvert une passion pour le jardinage et supervise désormais d’autres patients et patientes dans le jardin du centre.

Pour El Hadj Diallo, planter des graines et tailler des arbres est un peu comme une thérapie. « Quand on est là, on oublie tous les problèmes, on est bien, je prends cela pour ma thérapie », indique-t-il.

Leur autre traitement consiste en une dose quotidienne de méthadone. Le pharmacien du centre, Mangane Boutha, mesure attentivement et distribue chaque dose dans son bureau.

« La méthadone est un médicament de substitution à l’héroïne qui est sous forme de sirop dosé à 10 milligrammes par millilitre et les doses varient d’un patient à un autre », explique-t-il.

Fondé en 2014, le CEPIAD a pris en charge plus d’un millier de personnes. Il s’agit d’un des premiers centres de réduction des risques en Afrique de l’Ouest. Outre la thérapie de substitution des opiacés, la distribution d’aiguilles propres et le soutien psychosocial, il propose également des soins de santé.

« Le CEPIAD est devenu un centre de dépistage et de diagnostique pour le VIH, la tuberculose, les hépatites, et on distribue des préservatifs », indique le  Dr Idrissa Ba qui coordonne le centre.

Au Sénégal, la prévalence du VIH chez les personnes qui consomment des drogues injectables est de 9 %, soit bien plus que la moyenne nationale de 0,5 %. Globalement, en raison de la stigmatisation et de la criminalisation, les personnes qui consomment des drogues injectables sont confrontées à un risque 35 fois plus élevé d’infection au VIH que celles qui ne s’en injectent pas.

Les trois quarts des patientset patientes ici sont des hommes, mais le CEPIAD fait des efforts pour atteindre davantage de femmes. Selon le Dr Ba, les femmes toxicomanes sont plus susceptibles de vivre avec le VIH que leurs homologues masculins. 

Mariama Ba Thiam est une ancienne toxicomane et a vécu pendant des années dans la rue. Elle est maintenant éducatrice auprès de ses pairs à Dakar.  « Je vais dans la communauté, je vais voir mes pairs, j’essaye de les sensibiliser à non seulement arrêter la drogue, mais à réduire les risques de la consommation, les référer au CEPIAD et faire comme moi, arrêter. », explique-t-elle.

Son plaidoyer : obtenir plus de fonds pour attirer davantage de femmes et de jeunes vers le centre.

Au Sénégal, alors que la consommation de drogues est une infraction pénale, le travail du CEPIAD bénéficie du soutien du gouvernement, des Nations Unies ainsi que d’autres partenaires.

À l’occasion de la Journée internationale de réduction des risques, l’ONUSIDA est fermement convaincue que si nous voulons mettre fin au sida d’ici 2030, personne ne doit être oublié. Et cela inclut les personnes qui consomment des drogues.

* Le Centre de Prise en Charge Intégrée des Addictions de Dakar (CEPIAD)

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Press Statement

Message de la directrice exécutive de l’ONUSIDA à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose : « Oui, nous devons et pouvons mettre fin à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH ! »

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, il est de notre devoir de reconnaître l'urgence à mettre fin à l’épidémie de tuberculose dans le monde, en particulier parmi les personnes vivant avec le VIH.

La tuberculose demeure l’une des principales causes de maladie grave et de mortalité chez les personnes séropositives. Selon le Rapport mondial sur la tuberculose 2022 de l’Organisation mondiale de la Santé, ces personnes sont 14 à 18 fois plus susceptibles de contracter la tuberculose que les personnes non infectées par le VIH. En 2021, environ un décès du sida sur trois était imputable à la tuberculose. Cela ne peut pas continuer ainsi. Nous devons veiller à ce que toutes les personnes vivant avec le VIH et celles exposées à la tuberculose aient accès aux services de prévention, de dépistage et de traitement de la tuberculose.

Nous continuons de rater des opportunités pour déployer les outils disponibles contre la co-infection VIH/tuberculose. Près de la moitié des personnes vivant avec le VIH qui ont contracté la tuberculose en 2021 n’ont pas été diagnostiquées ou leur infection à la tuberculose n’a pas été signalée. Par ailleurs, la couverture du traitement préventif de la tuberculose chez les personnes séropositives qui pourraient en bénéficier n’est que de 42 %.

À l’instar des ripostes au VIH et à la COVID-19, les inégalités sont la cause profonde qui expose certaines personnes à un risque plus élevé de contracter la tuberculose, que ce soit en raison de facteurs sociaux, géographiques, de genre, de situations humanitaires ou de crise. Les environnements juridiques et politiques affectent également l’accès aux services de santé pour les personnes qui en ont le plus besoin. Nous n'oublions pas que les programmes de santé fonctionnent si nous plaçons toute l’attention sur les personnes et impliquons les bénéficiaires, en particulier les communautés les moins servies, au sein de la planification, de la mise en œuvre et du suivi de la riposte.

Alors que nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, j’aimerais inviter nos partenaires à redoubler d’efforts pour identifier, traiter et prévenir le plus tôt possible la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH. Il s’agit ici d’étendre l’accès aux outils de dépistage et de diagnostic recommandés, de fournir des traitements et des soins de qualité, de déployer des traitements préventifs de brève durée contre la tuberculose et d’éliminer les obstacles qui affectent la mise en œuvre efficace des programmes.

En mettant fin à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH, nous sauverons plus de vies, soulagerons des souffrances et ferons un pas de plus en direction de l’éradication des deux épidémies.

Our work

Press Statement

Un an après le début du conflit : nous devons soutenir la riposte au VIH en Ukraine

Un an après le début du conflit, la guerre en Ukraine continue d’engendrer des souffrances et des destructions massives. Depuis le 24 février 2022, plus de 13,5 millions de personnes, y compris des personnes vivant avec le VIH et des membres des populations clés, ont été déplacées à l’intérieur du pays ou ont été contraintes d’aller se réfugier dans des pays voisins.

Le deuxième pays le plus affecté par l’épidémie de sida en Europe de l’Est et en Asie centrale, l’Ukraine, est durement touché par la guerre.

Le pays réalisait toutefois de solides progrès dans la riposte au sida : 1) le nombre de personnes séropositives recevant des médicaments vitaux a augmenté (plus de 150 000 personnes sous traitement sur les 240 000 personnes vivant avec le VIH), 2) le pays travaille main dans la main avec des organisations communautaires et 3) il finance totalement des services innovants de prévention du VIH au sein des populations clés.

Le choc provoqué par la guerre a poussé tous les acteurs à protéger ces précieuses avancées. 

Avec le soutien du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, du Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR), de l’ONUSIDA et d’autres parties prenantes, le gouvernement ukrainien et ses partenaires de la société civile ont reçu suffisamment de thérapies antirétrovirales (ARV), de médicaments contre la tuberculose et de traitement de substitution aux opioïdes (OST) pour assurer le suivi du traitement à l’ensemble des personnes qui en ont besoin.

Avant la guerre, la société civile était déjà le moteur de la riposte nationale au VIH aux côtés du Centre de santé publique ukrainien et elle a continué de l’être tout au long de l’année passée. Elle fournit des services, des médicaments et de l’aide humanitaire à ceux et celles qui en ont le plus besoin malgré les bombardements, les attaques, le manque d’électricité et les difficultés d’accéder aux régions à l’est et au sud du pays.

Cet effort nécessite notre soutien et notre financement continus. Nous ne pouvons pas laisser faiblir la riposte au VIH de l’Ukraine.

Les agences et partenaires des Nations Unies sur le terrain travaillent en étroite collaboration avec les autorités locales pour atteindre et aider les personnes dans le besoin. Plus récemment, ils ont fourni une assistance humanitaire à des territoires durement touchés qui viennent seulement de redevenir accessibles.

« La collaboration est primordiale pour fournir une aide et une assistance ô combien nécessaires », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Une coalition regroupant le gouvernement, la société civile et des organisations internationales a été et reste primordiale pour préserver l’efficacité de la riposte au VIH de l’Ukraine pendant la guerre. L’ONUSIDA est solidaire de toutes les personnes et de nos partenaires qui travaillent si dur en première ligne. »

Un Fonds d’urgence de l’ONUSIDA a permis à des partenaires dans tout le pays de maintenir des services de prise en charge et d’assistance liés au VIH, ainsi que d’apporter une aide humanitaire directe et un soutien ciblé aux plus vulnérables. Cela s’est traduit, par exemple, par la création de dizaines de refuges pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays, y compris les toxicomanes, les personnes LGBTIQ+ et d’autres populations clés, et en établissant des liens entre les prestataires de services anti-VIH et les programmes d’aide humanitaire disponibles. Le Fonds jouit du soutien de la Croix-Rouge de Monaco, des États-Unis d’Amérique et de l’Allemagne.

Fortes du financement supplémentaire de la part de l’Allemagne, des organisations de la société civile en Moldavie, en Pologne et dans d’autres pays voisins ont uni leurs efforts pour améliorer l’accès aux services pour les personnes réfugiées ukrainiennes vivant avec le VIH.

L’ONUSIDA demande ardemment à la communauté internationale de financer davantage les organisations de la société civile afin qu’elles continuent à fournir des services anti-VIH essentiels en Ukraine et dans les pays recevant des personnes réfugiées ayant besoin de ce type de services.

L’ONUSIDA continuera de soutenir la prévention, le dépistage, le traitement, les soins et l’assistance en matière de VIH pour les personnes en Ukraine victimes de la guerre et déplacées à cause du conflit.

Contact

UNAIDS
Snizhana KOLOMIIETS
kolomiietss@unaids.org

Sitrep: UNAIDS response to the crisis in Ukraine

Key humanitarian messages

War in Ukraine and the HIV response

Feature Story

En République démocratique du Congo, Thérèse Omari maintient son engagement pour mettre fin au sida et offrir une vie digne et harmonieuse aux personnes vivant avec le VIH

28 juillet 2022

« Nous sommes là, nous ne baissons pas les bras ». Ce sont les mots encourageants de Thérèse Omari, une activiste engagée depuis plus de 20 ans dans la lutte contre le sida au sein de la fondation Femme Plus dont elle est la cofondatrice et la Directrice nationale en République démocratique du Congo.

Femme Plus, fidèle à sa devise « vie positive », œuvre pour l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. « L'objectif est avant tout que nos bénéficiaires vivent en harmonie avec eux-mêmes, avec leur entourage et avec leurs croyances », explique Mme Omari.

Pour cela, la fondation assure l’accompagnement psychosocial des personnes vivant avec le VIH ou affectées par le virus grâce à des services de conseils, de soins et d’assistance. Femme Plus mène aussi de nombreuses activités au sein des communautés afin de libérer les personnes vivant avec le VIH du poids de la stigmatisation. « Il y a encore beaucoup à faire pour changer les comportements à l’égard des personnes vivant avec le VIH », regrette Mme Omari. En République Démocratique du Congo, la stigmatisation liée au VIH est encore très présente, notamment en milieu communautaire. « Beaucoup de personnes vivant avec le VIH déclarent ne plus participer à des réunions de famille et autres évènements, de peur d’être discriminées. Il est alors primordial que les personnes qui se présentent à Femme Plus se sentent considérées comme des personnes normales ayant des droits et des obligations », explique-t-elle. Afin de faire évoluer les consciences, la fondation met en place des ateliers destinés à apporter aux communautés les connaissances nécessaires pour mieux accompagner une personne vivant avec le VIH, sans la mettre à l’écart ni la traiter différemment.

Mme Omari déplore également la persistance de la stigmatisation et de la discrimination dans les milieux de soins malgré les nombreuses formations sur le VIH destinées au personnel soignant. Elle reçoit notamment des témoignages de femmes enceintes ayant été diagnostiquées positives au VIH dans une structure et souhaitant accoucher dans un autre centre de soin, de peur d’être stigmatisées et traitées différemment. Ce phénomène est problématique puisqu’il peut nuire à une prise en charge adaptée de la mère et du nourrisson.

Mettre fin à la discrimination et assurer la protection des droits des personnes vivant avec le VIH est donc l’une des priorités de Femmes Plus pour les aider à s’affirmer et faire les bons choix en ce qui concerne leur santé. « Nous encourageons les personnes vivant avec le VIH à se prendre en charge, à parler de ce qui ne va pas, pour leur propre bien », nous dit Mme Omari.

Mme Omari nous interpelle aussi sur d’autres obstacles à la riposte au sida. Le manque d’accès à la prévention et aux traitements, le faible taux de personnes ayant une charge virale indétectable, font partie des points faibles de la lutte en République démocratique du Congo. « Tout le monde n’a pas accès au dépistage. Il y a encore des personnes porteuses du VIH qui vivent dans l’anonymat », alerte Mme Omari.

Pour pallier ce manque, la fondation Femme Plus intervient auprès des dirigeants communautaires pour leur enseigner comment rester en bonne santé avec le VIH. Parmi d’autres activités, elle agit également auprès des femmes en âge d'être enceintes ou allaitantes en leur apportant les connaissances nécessaires pour protéger leurs bébés et ainsi mettre fin à la transmission verticale.

« Tant qu’il y aura des personnes qui ne connaissent pas leur statut sérologique, qui n’ont pas accès aux traitements et qui n’ont pas atteint une charge virale indétectable, la lutte de la fondation Femme Plus aura toujours un sens » insiste Mme Omari.

Elle termine en précisant que la lutte contre le sida en République démocratique du Congo s’opère dans un contexte où les ressources sont limitées. « La population locale doit s’approprier les activités de prise en charge psychosociale et de prévention pour faire du VIH un enjeu électoral », explique-t-elle. Dans l’attente de financements plus conséquents de la part de l'Etat et d’une meilleure traçabilité des fonds, les services dirigés par les communautés ont un rôle crucial à jouer auprès des personnes vivant avec le VIH. Ils sont au cœur de la lutte contre le sida, plaidant pour l'accès à la prévention et aux soins vitaux, appelant au respect des droits humains et répondant aux besoins spécifiques de leurs bénéficiaires. Leur appui est donc crucial pour relever les défis de la lutte contre le VIH et mettre fin au sida d’ici 2030.

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Martine Somda, activiste engagée dans la lutte contre le VIH au Burkina Faso, poursuit son combat pour défendre les droits des personnes vivant avec le VIH

26 juillet 2022

Mme Martine Somda Dakuyo a 34 ans lorsqu’elle est diagnostiquée positive au VIH. Cette annonce, qu’elle décrit comme traumatisante, bouleverse soudainement tous les espoirs et projets de cette mère de quatre enfants. « J’ai beaucoup souffert de la peur de mourir prématurément et dans des conditions déplorables » explique-t-elle. Malgré un profond sentiment de colère et d’injustice, elle parvient finalement à accepter son statut et va même jusqu'à le rendre publique dans les médias pour encourager les personnes vivant avec le VIH à s’accepter et obtenir de l’aide.

Aujourd’hui, grâce à ses traitements qui contrôlent sa charge virale et la maintiennent en bonne santé, Martine peut espérer vivre une vie heureuse et productive. Elle est l’une des pionnières de la lutte contre le sida au Burkina Faso avec près de 29 ans de combat aux côtés de l’ONG Responsabilité Espoir Vie Solidarité (REVS+). Cette association, dont elle est l’initiatrice et la Présidente du Conseil d’Administration, œuvre en faveur de la prévention du VIH, la prise en charge des personnes exposées au virus et la promotion de leurs droits humains.

« La lutte contre le sida en Afrique de l’Ouest et du Centre reste une urgence sanitaire » alerte Mme Somda. Bien que le taux de prévalence du VIH s’élève à 0,7% au Burkina Faso, Mme Somda nous interpelle sur la situation des populations clés, davantage exposées aux dangers du VIH, et sur les raisons qui conduisent à cette triste réalité. Elle évoque notamment le contexte politique et sécuritaire de la région, les propositions de lois discriminatoires à l’égard des populations clés et la faible implication des personnes affectées par le VIH dans la lutte contre le sida comme obstacles à une prise en charge effective.

Afin de préserver les populations clés des dangers liés au VIH, Mme Somda a pour ambition de permettre l’accès universel aux méthodes de prévention, lesquelles sont un aspect crucial de la lutte contre le sida.

« Se concentrer sur l’accès effectif à la santé et aux droits des personnes en situation de rejet social et de criminalisation, c’est le défi auquel la lutte contre le sida devra répondre », affirme-t-elle.

Pour parvenir à un accès universel aux services de prévention, de soins et de suivi, Mme Somda préconise, entre autres, une plus grande implication des personnes affectées par le VIH dans l’élaboration des stratégies nationales de lutte contre le sida, une meilleure reconnaissance des actions menées sur le terrain et l’élimination des inégalités sociales et économiques qui alimentent l’épidémie.

En outre, Mme Somda nous fait part de ses préoccupations concernant le conservatisme et les pressions culturelles, religieuses et traditionnelles, qui favorisent la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH.  Cette discrimination se manifeste sous diverses formes ; par des attaques verbales ou physiques, des menaces, du harcèlement, des arrestations arbitraires, observe-t-elle. De tels comportements sont dangereux et représentent un obstacle majeur à la lutte contre le sida puisqu’ils découragent les personnes vivant avec le VIH à se tourner vers les services appropriés. Il est ainsi urgent de mettre fin à ces violences pour créer un climat favorable au respect et à la protection des droits des personnes vivant avec le VIH. Instaurer un discours plus inclusif, sans préjugés discriminatoires et erronés, permettra une réponse plus efficace et guidée par des valeurs de respect, d'intégrité et d'égalité.

C’est dans cette dynamique que REVS+ a mis en place en 2015 des ateliers et formations destinés aux décideurs, dirigeants religieux et coutumiers, professionnels de santé, police et médias. L'objectif de ces activités est avant tout de dénoncer les stéréotypes autour des personnes vivant avec le VIH et de mettre fin à la discrimination.

« La contribution des services communautaires à la réponse au VIH est connue et avérée, en cela qu’elle vient en complémentarité des services offerts par le système sanitaire public », explique Mme Somda. Assurer la continuité de leurs activités, et permettre au plus grand nombre d'en profiter est une nécessité pour lutter efficacement contre le sida dans la région. C’est notamment grâce à la résilience des réseaux comme REVS+, qui ont assuré le maintien des activités de prévention et des services de prise en charge des personnes affectées par le VIH, que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH a pu être minimisé.

Enfin, pour garantir l’efficacité de la lutte contre le sida dans la région, et plus particulièrement au Burkina Faso, Mme Somda espère voir des financements plus conséquents et « davantage orientés sur le terrain, sur l’alignement des politiques, des stratégies et en accord avec les besoins des groupes marginalisés ».

Grâce à cet échange avec Mme Somda, nous constatons une nouvelle fois que le chemin à parcourir est encore long pour mettre fin au sida dans la région. Cet objectif est toutefois à portée de main si l'ensemble des acteurs de la riposte au VIH travaillent conjointement à l'élaboration de stratégies multi-sectorielles. La mise en œuvre de mesures permettant un accès universel aux services de prévention, l'élimination des inégalités et des stéréotypes liés au VIH ainsi qu’une meilleure gestion des investissements sont des priorités incontournables pour mettre fin au sida d'ici 2030.

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L’ONUSIDA salue les excuses publiques du Chili dans une affaire historique concernant des femmes séropositives stérilisées sans leur consentement

GENÈVE, le 27 mai 2022—L’ONUSIDA salue la décision du gouvernement chilien de reconnaître publiquement sa responsabilité internationale dans une affaire retentissante portant sur les violations des droits de femmes vivant avec le VIH qui ont été stérilisées sans leur consentement. Le président du Chili, Gabriel Boric Font, a présenté des excuses publiques dans le cadre de la décision prise par la Commission interaméricaine des droits de l’homme concernant des accusations portées contre l’État chilien par Francisca, Chilienne séropositive stérilisée sans son consentement juste après avoir accouché en 2002.

« Nous saluons la reconnaissance de la responsabilité internationale dans ce dossier emblématique portant sur des violations des droits humains dont sont victimes depuis longtemps les femmes vivant avec le VIH et qui empiètent sur leur autonomie reproductive », a déclaré la directrice de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Luisa Cabal. « Cela marque la fin de plus de 10 ans de procédure, tant pour Francisca que pour les organisations qui l’ont accompagnée pour que justice soit rendue. » 

Francisca, originaire d’une commune rurale chilienne, a 20 ans lorsque son partenaire et elle apprennent une bonne nouvelle : ils vont devenir parents pour la première fois. Sa séropositivité au VIH est diagnostiquée lors d’un test de routine au cours de sa grossesse. Francisca prend alors toutes les mesures appropriées pour minimiser le risque de transmission verticale du VIH et donne naissance à un garçon séronégatif au VIH en novembre 2002. Toutefois, le lendemain de la césarienne, Francisca, dévastée, apprend que le chirurgien a décidé de la stériliser pendant l’accouchement sans demander son avis. 

En 2009, le Center for Reproductive Rights et l’organisation chilienne Vivo Positivo ont porté le cas de Francisca devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Cette affaire vient s’ajouter à une série de témoignages de femmes chiliennes séropositives souvent sous fortes pressions leur interdisant d'être enceintes et prônant une stérilisation chirurgicale. Un des témoignages récoltés concerne une autre femme qui se fait appeler Daniela. Après avoir accouché, on lui a dit qu’elle ne pouvait pas tenir son nouveau-né dans les bras ni l’embrasser parce qu’elle allait lui transmettre le VIH. Dans des entretiens, elle a déclaré que c’était ainsi qu’elle avait pris conscience de ce qu’était la discrimination. 

Après plus de dix ans de procédures internationales et après que la Commission interaméricaine des droits de l’homme a étudié l’affaire, un accord à l’amiable a été signé avec l’État chilien, dans lequel le gouvernement accepte sa responsabilité et s’engage à remédier aux violations et à prendre des mesures pour s’assurer que de tels actes ne se reproduisent plus. 

L’ONUSIDA est intervenue dans cette affaire en fournissant un mémoire en qualité d’amicus curiae (amie de la cour). Ce document informait la Commission interaméricaine des droits de l’homme sur les directives sanitaires et les normes en matière de droits humains que chaque pays doit suivre pour respecter, protéger et garantir les droits humains des personnes vivant avec le VIH. 

« Tout d’abord, je souhaite présenter mes excuses à Francisca, qui, à ce que l’on m’a dit, se trouve de l’autre côté de la caméra, pour la grave violation de vos droits ainsi que pour le déni de justice et pour tout le temps que vous avez dû attendre jusqu’à aujourd’hui », a déclaré M. Boric au début de son discours lors de la cérémonie officielle diffusée en direct sur les réseaux sociaux. « Combien de personnes comme vous n’ont pas été identifiées ? Je ressens une vive douleur à l’idée que l’État, que j’ai aujourd’hui l’honneur de représenter, est responsable dans ces affaires. Je m’engage envers vous, et envers ceux et celles qui vous représentent aujourd’hui en personne, que tant que nous serons au pouvoir, nous donnerons le meilleur de nous en tant qu’autorités afin qu’une situation comme celle-ci ne se reproduise plus jamais et vous pouvez être sure que dans les cas où ces atrocités ont été perpétrées, nous y remédierons en conséquence. » 

« J’aurais aimé être présente, avec ma voix, mon visage et mon corps, moi, la personne qui a lutté tant d’années, pour mener cette affaire sous mon propre nom. Cependant, révéler mon identité m’aurait fermé une infinité de portes », a déclaré Francisca dans son message adressé au public et lu par la directrice associée des stratégies juridiques pour l’Amérique latine et les Caraïbes pour le Center for Reproductive Rights, Carmen Martinez. « À ce jour, les personnes porteuses du VIH sont toujours regardées avec méfiance comme si nous avions décidé de nous faire infecter. Cependant, je veux avoir l’intime conviction que cela va changer. » 

« Justice a enfin été faite. Avec cette affaire, nous appelons tous les gouvernements à continuer d’investir dans l’élimination de la discrimination à l’égard du VIH dans tous les services, y compris les soins de santé », a déclaré la coordinatrice de Live Positive Gender, Sara Araya. « Le message est clair : l’autonomie et l’intégrité physique des femmes et de toutes les personnes vivant avec le VIH doivent être garanties sans discrimination. Il faut en finir avec les violations des droits des femmes vivant avec le VIH. »  

La stigmatisation et la discrimination liées au VIH ont un impact significatif sur la santé, la vie et le bien-être des personnes vivant avec le VIH ou exposées au risque d’infection. Elles entravent la riposte au VIH en limitant l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive au sens large et à d’autres services de santé. L’ONUSIDA continue de travailler jour après jour pour veiller à ce que les gouvernements investissent dans la prévention et la riposte aux violations liées aux formes de discriminations concomitantes auxquelles les personnes vivant avec le VIH sont soumises.

Francisca a accouché en 2002 d’un garçon en bonne santé et a ensuite été stérilisée sans son consentement par le médecin qui a procédé à la césarienne, estimant qu’une femme séropositive ne devrait pas pouvoir avoir d’enfants. L’accord à l’amiable annoncé cette semaine vient clore pour cette femme et son équipe juridique plus de dix ans de lutte devant les tribunaux.

« Cet accord est un moment important pour les femmes du monde entier qui se battent depuis des décennies en faveur de la justice reproductive. La stérilisation forcée des femmes vivant avec le VIH est une violation des droits humains les plus fondamentaux des femmes », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Malheureusement, cette pratique se perpétue dans de nombreux pays. Il faut renforcer les efforts pour l’arrêter et pour que justice soit rendue à plus de femmes. »

Cet accord vient conclure des années de procédure devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme après que le système judiciaire chilien a débouté une plainte. L’affaire a été portée par l’organisation chilienne Vivo Positivo et l’organisation internationale des droits humains Center for Reproductive Rights.

La Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021–2026 : Mettre fin aux inégalités, Mettre fin au sida repose sur la promotion des droits humains, de l’égalité des sexes et de la dignité, sur l’éradication de la stigmatisation et de la discrimination pour toutes les personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus. Il s’agit d’un engagement de l’ONUSIDA en faveur d’une vision ambitieuse pour mettre fin aux inégalités entre les sexes et respecter les droits humains, y compris le droit à la santé, en appelant l’ensemble des partenaires et parties prenantes de la riposte au VIH dans tous les pays à transformer les normes de genre inégales et à mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination.

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Considérations importantes à intégrer aux interventions sur le VIH et la santé mentale

28 avril 2022

Une nouvelle publication de l’ONUSIDA et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) souligne l’importance de l’intégration des services anti-VIH et de santé mentale et d’autres interventions, y compris en créant des liens vers les services de protection sociale, pour les personnes vivant avec le VIH et les autres populations vulnérables.

Les troubles mentaux augmentent le risque d’infection au VIH, et les personnes vivant avec le VIH sont davantage exposées à des problèmes de santé mentale, qui sont associés à un recours inférieur aux soins anti-VIH, à une augmentation des comportements à risque et à un plus faible engagement dans la prévention du VIH.

Par ailleurs, même si un nombre croissant de preuves démontrant que des méthodes efficaces de prévention, de dépistage, de diagnostic et de traitement des troubles mentaux courants, y compris la dépression et l’angoisse, existent et peuvent être mises en œuvre dans les pays à revenu faible et intermédiaire, les services de santé mentale, destinés aux troubles neurologiques et liés à la consommation de substances ne sont souvent pas intégrés dans des ensembles de services et de soins essentiels, y compris pour le VIH.

« Nous savons que l’intégration du dépistage, du diagnostic, du traitement et des soins pour les troubles mentaux et l’assistance psychosociale aux services anti-VIH ne coûte obligatoirement pas cher », a déclaré Eamonn Murphy, directeur exécutif adjoint par intérim de la branche Programme de l’ONUSIDA. « Les approches intégrées centrées sur les personnes et spécifiques au contexte local garantissent de meilleurs résultats sur le VIH et la santé dans son ensemble, le bien-être et la qualité de vie. »

Cette publication est principalement destinée aux législateurs et législatrices au niveau national et local, aux responsables de programmes mondiaux, régionaux, nationaux et locaux, aux organisations travaillant dans les domaines de la santé, du VIH, de la santé mentale et d’autres services pertinents, ainsi que les prestataires de service dans ces domaines, et aux organisations et activistes issus de la société civile et des communautés.

Bien que l’accent soit mis sur l’intégration de la santé mentale avec les services anti-VIH et d’autres interventions, les considérations de la publication peuvent être pertinentes pour d’autres services, y compris pour les comorbidités du VIH telles que la tuberculose, l’hépatite virale et les infections sexuellement transmissibles.

« Notre publication réunit et compile en un seul document un grand nombre d’outils, de bonnes pratiques, de directives, y compris celles de l’OMS, et d’études de cas qui peuvent inspirer les pays et faciliter l’intégration des interventions et des services pour s’attaquer aux problématiques interconnectées de la santé mentale et du VIH sur le terrain », a déclaré Meg Doherty, directrice du Département Programmes mondiaux de lutte contre le VIH, l’hépatite et les infections sexuellement transmissibles de l’OMS.

« Avec cette publication conjointe de l’ONUSIDA et de l’OMS, nous espérons pouvoir aider ensemble les pays, les prestataires de services et les autres praticiens, les législateurs et législatrices, les responsables de la mise en œuvre des programmes et les communautés dans leurs efforts pour lutter de manière intégrée et efficace contre le VIH, les troubles mentaux, neurologiques et liés à l’utilisation de substances pour les personnes touchées »,  a déclaré Devora Kestel, directrice du Département Santé mentale et usage de substances psychoactives de l’OMS.

L’intégration de la santé mentale et de l’assistance psychosociale aux services et interventions liés au VIH, y compris ceux dirigés par les communautés, est l’une des actions prioritaires clés incluses dans la Stratégie mondiale contre le sida 2021–2026 : Mettre fin aux inégalités, mettre fin au sida et la Déclaration politique des Nations Unies de 2021 sur le VIH et le sida : Mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030. Ces deux documents appellent à aborder les problématiques interconnectées du VIH et de la santé mentale par le biais de services intégrés en investissant dans des systèmes de santé et de protection sociale solides, résilients, justes et financés par des fonds publics, en inversant les inégalités sanitaires et sociales et en mettant fin à la stigmatisation et à la discrimination.

La nouvelle publication souligne que l’épidémie de sida ne peut pas se terminer sans prendre en compte la santé mentale des personnes vivant avec le VIH, exposées au risque ou touchées par le virus, en assurant un accès équitable aux services anti-VIH pour les personnes souffrant de troubles mentaux et en parvenant à une couverture sanitaire universelle. 

Integration of mental health and HIV interventions — Key considerations

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Brésil : des personnes séropositives soutiennent la création de revenus et l’entrepreneuriat social

29 mars 2022

À Recife, la capitale de l’état de Pernambouc situé dans la région brésilienne du Nordeste, un vélo spécial sert à transporter des produits fabriqués par des personnes vivant avec le VIH afin de les proposer directement à la clientèle. Il s’agit du Diversibike, une des stratégies de création de revenus mises en œuvre dans le cadre de la Cozinha Solidária. Ce projet de cuisine solidaire a été conçu par l’organisation non gouvernementale du Posithive Prevention Working Group (GTP+) qui est l’une des trois organisations brésiliennes à recevoir des ressources du Fonds de solidarité de l’ONUSIDA. L’objectif de ce dernier est de soutenir les activités entrepreneuriales menées par les personnes vivant avec le VIH et les populations clés. 

GTP+ a vu le jour en 2000 et a été la première organisation non gouvernementale de la région brésilienne du Nordeste à être dirigée exclusivement par des personnes vivant avec le VIH. Outre la Cozinha Solidária, l’organisation a mené à terme d’autres projets comme l’Espaço Posithivo, qui accueille et assiste les personnes séropositives, et Mercadores de Ilusões, qui œuvre pour aider les travailleuses et travailleurs du sexe à renforcer leur estime de soi et à revendiquer leurs droits à la citoyenneté. 

La Cozinha Solidária a vu le jour en 2005, initialement pour préparer des repas pour les personnes vivant avec le VIH qui venaient chercher de l’aide auprès de GTP+. Cette initiative a été complétée en 2019 par la Confectionery School qui utilise la cuisine pour fournir une source de revenus aux travailleuses et travailleurs du sexe, aux personnes sortant de prison et autres personnes vulnérables vivant avec le VIH. Grâce aux ressources reçues du Fonds de solidarité, GTP+ a réussi à dynamiser les initiatives de commercialisation des produits sortant de la cuisine solidaire et à former les bénéficiaires à différents aspects de l’entrepreneuriat. 

« Le projet permet de transformer la vie de personnes vivant avec le VIH qui se trouvent dans des situations vulnérables. Grâce à ce projet, elles ont trouvé une source de revenus par le biais d’activités entrepreneuriales. Elles ont développé leurs compétences en gastronomie, en apprenant des recettes et des techniques pour améliorer leurs produits », a déclaré Wladimir Reis, coordinateur général de GTP+. 

Et Sérgio Pereira, un des fondateurs de GTP+ et coordinateur de la Cozinha Solidária, de renchérir : « Lorsque le marché du travail sait que nous vivons avec le VIH, il ne nous accepte pas. La Cozinha Solidária offre à ses bénéficiaires la possibilité d’avoir une activité pérenne et d’entrer sur le marché du travail. »

Karen Silva, l’une des bénéficiaires de la Confectionery School de la Cozinha Solidária, a déclaré : « GTP+ m’a accueillie en faisant preuve de beaucoup d’attention et d’égards. Tout d’abord, j’ai participé au Posithive Space, puis petit à petit j’ai commencé à aider dans la cuisine et me voilà aujourd’hui. Participer à la Cozinha Solidária a également changé ma vie et l’estime que j’ai de moi. » Au total, 20 personnes ont bénéficié directement de la Cozinha Solidária, avec le soutien du Fonds de solidarité.

Comme le projet a pour objectif de trouver et de favoriser les meilleures conditions pour la commercialisation des produits fabriqués dans la Cozinha Solidária, l’équipe responsable a organisé des réunions hebdomadaires de planification, d’organisation et de production. Elle a également mené des études de marché pour connaître les goûts et les intérêts de la clientèle potentielle, ce qui était particulièrement important pour identifier les possibilités du Diversibike. 

Selon M. Reis, une partie importante du processus de renforcement des capacités et des connaissances du groupe de bénéficiaires a consisté en des formations virtuelles en gastronomie et en gestion proposées grâce à un partenariat avec l’Université rurale fédérale du Pernambouc. Deux personnes boursières de l’université ont accompagné le groupe lors des réunions et en produisant des supports informatifs.

Un point extrêmement important pour M. Reis est le fait que le projet est né en période d’inégalités sociales extrêmes. « C’est pourquoi il est essentiel que nous mettions en œuvre davantage d’initiatives comme celle-ci, avec le soutien du Fonds de solidarité, afin que d’autres personnes en situation de vulnérabilité aient les mêmes opportunités de développement. Le projet nous a permis d’observer l’impact de la génération de ressources financières pour les bénéficiaires, en plus de renforcer leurs connaissances pour concrétiser leurs projets et assurer leur pérennité pendant la pandémie de COVID-19. » 

« Le soutien du Fonds de solidarité envers GTP+ souligne l’importance de garantir la création de revenus par les organisations dirigées par les populations clés vulnérables. Il s’agit d’une action stratégique qui génère une protection sociale pour ces personnes. Elle leur permet d’accéder à des ressources de base pour prendre soin de leur santé, ainsi qu’aux services de prévention et de traitement du VIH », a déclaré Claudia Velasquez, directrice pays de l’ONUSIDA pour le Brésil.

Feature Story

« Avec les milliards dépensés pour cette guerre dénuée de sens, l’humanité pourrait trouver un remède contre le VIH, mettre fin à la pauvreté et résoudre d’autres crises humanitaires »

23 mars 2022

Yana Panfilova est Ukrainienne et est née avec le VIH. À 16 ans, elle a créé Teenergizer, une organisation de la société civile qui vient en aide aux adolescentes, adolescents et jeunes vivant avec le VIH en Ukraine. Teenergizer s’est internationalisée en 2016 et elle milite pour les droits des ados et des jeunes en Ukraine et dans sept villes de cinq pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale. En 2019, l’organisation a commencé à fournir des consultations par des pairs et une assistance psychologique aux ados. Elle a formé plus de 120 psychologues-conseils sur Internet pour soutenir les jeunes dans toute la région. En juin 2021, Yana Panfilova est intervenue lors de l’ouverture de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/sida. Lorsque la guerre a commencé en Ukraine, elle a quitté Kiev avec sa famille et s’est rendue à Berlin, en Allemagne, où elle poursuit son travail pour aider les jeunes vivant avec le VIH dans son pays.

Pourquoi et comment avez-vous quitté Kiev ?

Dans les jours qui ont suivi le début de l’invasion russe, j’ai compris que nous devions prendre une décision qui allait bouleverser nos vies. Des gens avec des mitraillettes patrouillaient dans les rues. J’ai dû convaincre ma mère de partir, car elle était réticente. Nous avons fait nos valises en moins d’une heure, nous sommes allées à la gare de Kiev, nous avons laissé notre voiture là-bas et nous sommes montées dans le premier train que nous pouvions trouver. La gare était pleine de gens, de mères, d’enfants, de pères et de frères qui faisaient leurs adieux à leur famille, et beaucoup de gens étaient paniqués. Nous sommes restées debout 12 heures dans le train, avec nos valises et notre chat. Lorsque notre grand-mère nous a retrouvées au premier arrêt, nous avons traversé ensemble l’Ukraine avec son chien, puis nous sommes passées en Pologne avant d’arriver à Berlin. Le voyage a duré sept jours en tout. C’était le voyage le plus long et le plus difficile de ma vie. Je n’avais pas l’intention de laisser ma superbe ville de Kiev sans savoir où nous allions arriver. Aujourd’hui, nous sommes ici à Berlin, réfugiées, en sécurité, mais nous avons toujours du mal à croire ce que nous avons vécu et ce que vit le peuple ukrainien. Mais au moins, nous sommes en sécurité et ensemble : ma mère, ma grand-mère et son chien, ainsi que moi et mon chat. J’ai eu la chance d’avoir emporté suffisamment de traitement antirétroviral pour tenir environ deux mois.

Êtes-vous bien installée à Berlin ?

Je vis toujours dans l’incertitude, comme c’est le cas pour des millions d’autres femmes et enfants qui ont fait ce voyage depuis l'Ukraine. Mais toutes les personnes que nous avons rencontrées à chaque étape de ce périple ont été vraiment gentilles et accueillantes. Nous sommes en train de clarifier les questions juridiques pour rester ici à Berlin les prochaines semaines, ainsi que la manière dont nous pouvons accéder aux services médicaux et sociaux de la ville. Nous ne savons même pas avec certitude comment louer un appartement. Nous avons pris rendez-vous en ligne avec les services de la ville de Berlin pour éclaircir ces détails avec eux. Ils essaient de me fournir une assurance médicale afin que je puisse accéder aux soins médicaux et poursuivre sans interruption mon traitement anti-VIH.

Je suis également en contact avec la Berliner Aids-Hilfe, l’une des plus anciennes organisations non gouvernementales de lutte contre le VIH en Europe. Depuis la guerre en ex-Yougoslavie, elle a beaucoup d’expérience dans le travail avec des migrants et migrantes qui vivent avec le VIH. L’équipe est incroyable. Elle est prête à m’aider à trouver une thérapie antirétrovirale ainsi qu’à apporter une solution aux autres besoins que les Ukrainiens et Ukrainiennes vivant avec le VIH auront ici à Berlin.

Vous êtes donc plus ou moins en sécurité maintenant. Comment vont les autres jeunes de Teenergizer ?

La plupart des ados vivant avec le VIH et membres de l’association ont déjà quitté l’Ukraine et sont désormais en Estonie, en Allemagne, en Lituanie, en Pologne et dans d’autres pays. Nous sommes quotidiennement en contact avec la plupart. Certains de nos activistes ont choisi de rester avec leurs parents à Kiev et dans d’autres villes qui sont la cible d’attaques. Nous étudions les dernières informations et essayons de savoir où se trouve tout le monde et si chacun, chacune est en sécurité. Mais ce n’est pas quelque chose de facile ou rapide. Tout le monde essaie en ce moment de survivre et de rester en contact. Notre personnel, nos pairs-éducateurs et éducatrices, ainsi que notre clientèle vivent désormais dans différents pays, chacun avec des lois, des régimes de traitement et un accès à Internet différents. Les personnes toujours à Kiev sont en lien avec nos partenaires qui continuent d’offrir un accès à une thérapie antirétrovirale et à l’aide humanitaire d’urgence. La plupart de nos psychologues-conseils fournissent toujours une assistance en ligne aux personnes qui en ont le plus besoin.

Quels problèmes rencontrez-vous pour rester à Berlin ?

Les Berlinois-es et l'ensemble des Allemand-es que nous rencontrons depuis notre arrivée ont fait preuve d'une incroyable gentillesse et d'un sens de l'accueil phénoménal. Nous en sommes très reconnaissantes. Je sais que toutes les villes d’Europe s’efforcent d’aider des millions de compatriotes, mais je ne pense pas que nous aurions pu trouver un endroit plus sûr et plus tolérant que Berlin.

Bien entendu, nos problèmes les plus pressants sont de nature juridique en lien avec le statut temporaire ici, puis viennent les questions concernant l’accès aux soins médicaux et au traitement antirétroviral. La troisième grande question concerne le logement. Je n’aurais jamais imaginé que la question du logement serait si importante ou si usante mentalement. Les associations locales de bénévoles nous aident 24 heures sur 24 et des millions d’Européen-nes nous ouvrent les portes de leur foyer. Mais pour les centaines de milliers de personnes restées en Ukraine, qui vivent encore dans des entrepôts, des abris et d’autres hébergements temporaires, ne pas avoir d’endroit digne du nom de logement temporaire peut plomber le moral.

Selon vous, qu’est-ce qui est le plus important pour continuer maintenant ?

Quelle que soit l’évolution de la guerre, nous devons continuer à nous serrer les coudes au sein de la famille Teenergizer. En Ukraine, nous avons passé des années à lutter pour la protection de la santé et des droits des jeunes vivant avec le VIH. Et maintenant, il semble que beaucoup de nos victoires chèrement acquises ont disparu du jour au lendemain. Au milieu de cette crise, nous devons continuer à défendre nos droits et nous concentrer sur les besoins urgents auxquels sont confrontés les membres les plus vulnérables de notre réseau Teenergizer. J’ai beaucoup de chance d’être en vie et de me trouver ici en sécurité sous la protection de l’Allemagne. Mais bon nombre de nos proches se trouvent toujours à Kiev et dans d’autres villes d’Ukraine et se battent pour défendre leur vie et notre pays. Un bon nombre n’a pas les moyens de quitter le pays et d’autres ne veulent pas laisser leur maison et leur famille. Aujourd’hui plus que jamais, ces gens ont besoin de notre soutien et de savoir que nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider quand c'est le plus nécessaire.

Premièrement, nous devons les aider à traverser cette nouvelle crise et préserver les services vitaux : le traitement du VIH pour les cas urgents, ainsi que les services de prévention et de dépistage. Deuxièmement, pendant cette crise, nous devons continuer à fournir aux jeunes des services de santé mentale, en particulier des consultations menées par des pairs. Dans notre région, le VIH est plus un problème social qu’un problème de santé. Aujourd’hui, en Ukraine, les jeunes vivant avec le VIH sont confrontés à trois crises : une crise sanitaire, une crise sécuritaire, ainsi qu’une crise liée au stress et à la dépression graves causés par la guerre. Les psychologues appellent cela le stress post-traumatique. Ce traumatisme touche une génération entière d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes. Les jeunes qui ont besoin d’un soutien psychologique professionnel commenceront à consommer des drogues et certains de ces jeunes contracteront le VIH, mais auront trop peur ou honte de demander de l’aide dans la crise actuelle. Il en va de même pour les adolescentes et les femmes qui ne peuvent pas exercer leurs droits reproductifs et sexuels, ou les jeunes qui n’utilisent pas de préservatif lors de rapports sexuels, ou les millions de femmes ukrainiennes qui risquent d’être exploitées lorsqu’elles seront seules en Europe, loin de leur famille et de leurs proches. Aujourd’hui, en Ukraine, il y a toujours des milliers d’ados vivant avec le VIH qui ont peur de révéler leur statut sérologique. Beaucoup ne savent pas comment se protéger du VIH et des violences liées à la guerre. Des millions de jeunes en Ukraine vivent dans la solitude face à leurs peurs et à leurs angoisses, et toute une génération sera touchée par des troubles post-traumatiques, ce qui nécessite une attention urgente. Je suis convaincue que si nous leur fournissons dès maintenant des conseils et un soutien même de base, les jeunes confrontés à de multiples crises seront mieux à même de faire face à leurs problèmes pour les années à venir.

Et quoi qu’il en soit, nous devons également pousser les responsables politiques à écouter les jeunes et leur permettre d’influencer le processus de prise de décision sur leur propre santé et leur avenir. Les voix des jeunes, en particulier celles des jeunes femmes, devraient être entendues pour mettre fin à la guerre et reconstruire l’Ukraine.

Comment voyez-vous l’avenir de Teenergizer maintenant ?

Aujourd’hui, ma famille et mon pays sont confrontés à la plus grande crise de notre vie. Donc, ne sachant pas ce que demain réserve, il m’est difficile de prédire en quoi l’avenir consistera. Au fil des années, nous avons construit une vraie famille, des équipes de jeunes leaders Teenergizer présentes dans différentes villes d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, au Kazakhstan, au Kirghizstan, au Tadjikistan, en Ukraine, et même en Russie. Mais maintenant nous ne sommes plus ensemble. Après la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill a prédit qu’il y aurait un mur. Et je pense qu’un nouveau mur est en train de se former.

Que diriez-vous aujourd’hui si vous vous teniez à nouveau sur la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies ?

Il s’agit d’une guerre entre l’ancien et le nouveau monde.

Nous sommes des jeunes qui souhaitent vivre dans un monde nouveau, où il n’y a pas de guerres, où les pandémies telles que le VIH, la tuberculose et la COVID-19 sont terminées, où la pauvreté et le changement climatique sont résolus. Dans ce nouveau monde, toutes les personnes, peu importe qui elles sont ou qui elles aiment, quelle que soit la langue qu’elles parlent ou le passeport qu’elles détiennent, peuvent profiter de la liberté et vivre leur vie avec dignité, et voyager et traverser des frontières ouvertes, entre des pays pacifiques. Ces dernières années, lorsque nous avons pu voyager, nous avons appris à quel point cela est important et précieux. Nous avons pu voir comment des gens pacifiques vivaient dans d’autres parties du monde, et cela nous a fait apprécier la beauté et la liberté que nous avons en Ukraine. Aujourd’hui plus que jamais, nous comprenons seulement ce que nous voulons reconstruire dans notre propre pays en le comparant aux valeurs que nous trouvons dans d’autres pays.

Et c’est cet ancien monde qui finance et soutient cette guerre. C’est un non-sens.

Avec les milliards dépensés pour cette guerre dénuée de sens, l’humanité pourrait trouver un remède contre le VIH, mettre fin à la pauvreté et résoudre d’autres crises humanitaires.

Le nouveau monde est synonyme de développement, pas de destruction. Il s’agit de pouvoir s’améliorer soi-même, d’améliorer sa qualité de vie et d’aider vraiment les autres à faire de même.

Tout a une fin. La guerre aussi, un jour. Que ferez-vous le premier jour après la fin de la guerre ?

Je me mettrai à lire Guerre et paix de Léon Tolstoï.

Press Statement

L’ONUSIDA salue la décision du Parlement zimbabwéen de supprimer la loi criminalisant la transmission du VIH

GENÈVE, le 18 mars 2022—L’ONUSIDA félicite la décision du parlement zimbabwéen d’abroger l’article 79 du Code pénal qui criminalise la transmission du VIH. Une nouvelle loi sur le mariage qui supprime cette partie du Code pénal été adoptée par le parlement et doit encore être signée par le président. La criminalisation de la transmission du VIH est inefficace, discriminatoire et entrave les efforts pour réduire les nouvelles infections à VIH. De telles lois découragent activement le dépistage et le renvoi vers les services de traitement et de prévention appropriés.

« Bafouer les droits individuels ne favorise en rien les objectifs de santé publique. Je félicite ainsi le Zimbabwe pour cette étape extrêmement importante », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Cette décision renforce la riposte au VIH au Zimbabwe en réduisant la stigmatisation et la discrimination qui empêchent trop souvent les groupes vulnérables de profiter des services de prévention, de prise en charge et de traitement anti-VIH. »

L’ONUSIDA a travaillé en étroite collaboration avec le Conseil national sur le sida du Zimbabwe, l’organisation Zimbabwe Lawyers for Human Rights, des parlementaires, des activistes de la société civile et des communautés pour plaider en faveur de l’abrogation de la loi criminalisant le VIH. L’application inappropriée et très large de lois pénales envers les personnes vivant avec le VIH reste une préoccupation majeure dans le monde entier. Dans plus de 130 pays dans le monde, des lois pénales spécifiques ou générales criminalisent encore la non-divulgation du statut sérologique, l’exposition au VIH et la transmission du virus.

En 2018, l’ONUSIDA, l’International Association of Providers of AIDS Care et la Société internationale du sida ont réuni un panel de scientifiques qui a élaboré la déclaration Expert Consensus Statement on the Science of HIV in the Context of Criminal Law. Ce texte enjoint aux systèmes juridiques pénaux d’assurer que l’application de la loi dans les affaires criminelles liées au VIH s’appuie sur la science. 

Le Zimbabwe a fait d’énormes progrès dans la riposte au VIH au cours des dix dernières années. On estime que 1,2 million des 1,3 million de personnes vivant avec le VIH dans le pays suivent une thérapie vitale. Depuis 2010, les décès imputables au sida ont diminué de 63 %, alors que les nouvelles infections au VIH ont reculé de 66 % au cours de la même période.

Contact

UNAIDS Geneva
Michael Hollingdale
tel. +41 79 500 2119
hollingdalem@unaids.org
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