West and Central Africa

Feature Story

En République démocratique du Congo, Thérèse Omari maintient son engagement pour mettre fin au sida et offrir une vie digne et harmonieuse aux personnes vivant avec le VIH

28 juillet 2022

« Nous sommes là, nous ne baissons pas les bras ». Ce sont les mots encourageants de Thérèse Omari, une activiste engagée depuis plus de 20 ans dans la lutte contre le sida au sein de la fondation Femme Plus dont elle est la cofondatrice et la Directrice nationale en République démocratique du Congo.

Femme Plus, fidèle à sa devise « vie positive », œuvre pour l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. « L'objectif est avant tout que nos bénéficiaires vivent en harmonie avec eux-mêmes, avec leur entourage et avec leurs croyances », explique Mme Omari.

Pour cela, la fondation assure l’accompagnement psychosocial des personnes vivant avec le VIH ou affectées par le virus grâce à des services de conseils, de soins et d’assistance. Femme Plus mène aussi de nombreuses activités au sein des communautés afin de libérer les personnes vivant avec le VIH du poids de la stigmatisation. « Il y a encore beaucoup à faire pour changer les comportements à l’égard des personnes vivant avec le VIH », regrette Mme Omari. En République Démocratique du Congo, la stigmatisation liée au VIH est encore très présente, notamment en milieu communautaire. « Beaucoup de personnes vivant avec le VIH déclarent ne plus participer à des réunions de famille et autres évènements, de peur d’être discriminées. Il est alors primordial que les personnes qui se présentent à Femme Plus se sentent considérées comme des personnes normales ayant des droits et des obligations », explique-t-elle. Afin de faire évoluer les consciences, la fondation met en place des ateliers destinés à apporter aux communautés les connaissances nécessaires pour mieux accompagner une personne vivant avec le VIH, sans la mettre à l’écart ni la traiter différemment.

Mme Omari déplore également la persistance de la stigmatisation et de la discrimination dans les milieux de soins malgré les nombreuses formations sur le VIH destinées au personnel soignant. Elle reçoit notamment des témoignages de femmes enceintes ayant été diagnostiquées positives au VIH dans une structure et souhaitant accoucher dans un autre centre de soin, de peur d’être stigmatisées et traitées différemment. Ce phénomène est problématique puisqu’il peut nuire à une prise en charge adaptée de la mère et du nourrisson.

Mettre fin à la discrimination et assurer la protection des droits des personnes vivant avec le VIH est donc l’une des priorités de Femmes Plus pour les aider à s’affirmer et faire les bons choix en ce qui concerne leur santé. « Nous encourageons les personnes vivant avec le VIH à se prendre en charge, à parler de ce qui ne va pas, pour leur propre bien », nous dit Mme Omari.

Mme Omari nous interpelle aussi sur d’autres obstacles à la riposte au sida. Le manque d’accès à la prévention et aux traitements, le faible taux de personnes ayant une charge virale indétectable, font partie des points faibles de la lutte en République démocratique du Congo. « Tout le monde n’a pas accès au dépistage. Il y a encore des personnes porteuses du VIH qui vivent dans l’anonymat », alerte Mme Omari.

Pour pallier ce manque, la fondation Femme Plus intervient auprès des dirigeants communautaires pour leur enseigner comment rester en bonne santé avec le VIH. Parmi d’autres activités, elle agit également auprès des femmes en âge d'être enceintes ou allaitantes en leur apportant les connaissances nécessaires pour protéger leurs bébés et ainsi mettre fin à la transmission verticale.

« Tant qu’il y aura des personnes qui ne connaissent pas leur statut sérologique, qui n’ont pas accès aux traitements et qui n’ont pas atteint une charge virale indétectable, la lutte de la fondation Femme Plus aura toujours un sens » insiste Mme Omari.

Elle termine en précisant que la lutte contre le sida en République démocratique du Congo s’opère dans un contexte où les ressources sont limitées. « La population locale doit s’approprier les activités de prise en charge psychosociale et de prévention pour faire du VIH un enjeu électoral », explique-t-elle. Dans l’attente de financements plus conséquents de la part de l'Etat et d’une meilleure traçabilité des fonds, les services dirigés par les communautés ont un rôle crucial à jouer auprès des personnes vivant avec le VIH. Ils sont au cœur de la lutte contre le sida, plaidant pour l'accès à la prévention et aux soins vitaux, appelant au respect des droits humains et répondant aux besoins spécifiques de leurs bénéficiaires. Leur appui est donc crucial pour relever les défis de la lutte contre le VIH et mettre fin au sida d’ici 2030.

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Martine Somda, activiste engagée dans la lutte contre le VIH au Burkina Faso, poursuit son combat pour défendre les droits des personnes vivant avec le VIH

26 juillet 2022

Mme Martine Somda Dakuyo a 34 ans lorsqu’elle est diagnostiquée positive au VIH. Cette annonce, qu’elle décrit comme traumatisante, bouleverse soudainement tous les espoirs et projets de cette mère de quatre enfants. « J’ai beaucoup souffert de la peur de mourir prématurément et dans des conditions déplorables » explique-t-elle. Malgré un profond sentiment de colère et d’injustice, elle parvient finalement à accepter son statut et va même jusqu'à le rendre publique dans les médias pour encourager les personnes vivant avec le VIH à s’accepter et obtenir de l’aide.

Aujourd’hui, grâce à ses traitements qui contrôlent sa charge virale et la maintiennent en bonne santé, Martine peut espérer vivre une vie heureuse et productive. Elle est l’une des pionnières de la lutte contre le sida au Burkina Faso avec près de 29 ans de combat aux côtés de l’ONG Responsabilité Espoir Vie Solidarité (REVS+). Cette association, dont elle est l’initiatrice et la Présidente du Conseil d’Administration, œuvre en faveur de la prévention du VIH, la prise en charge des personnes exposées au virus et la promotion de leurs droits humains.

« La lutte contre le sida en Afrique de l’Ouest et du Centre reste une urgence sanitaire » alerte Mme Somda. Bien que le taux de prévalence du VIH s’élève à 0,7% au Burkina Faso, Mme Somda nous interpelle sur la situation des populations clés, davantage exposées aux dangers du VIH, et sur les raisons qui conduisent à cette triste réalité. Elle évoque notamment le contexte politique et sécuritaire de la région, les propositions de lois discriminatoires à l’égard des populations clés et la faible implication des personnes affectées par le VIH dans la lutte contre le sida comme obstacles à une prise en charge effective.

Afin de préserver les populations clés des dangers liés au VIH, Mme Somda a pour ambition de permettre l’accès universel aux méthodes de prévention, lesquelles sont un aspect crucial de la lutte contre le sida.

« Se concentrer sur l’accès effectif à la santé et aux droits des personnes en situation de rejet social et de criminalisation, c’est le défi auquel la lutte contre le sida devra répondre », affirme-t-elle.

Pour parvenir à un accès universel aux services de prévention, de soins et de suivi, Mme Somda préconise, entre autres, une plus grande implication des personnes affectées par le VIH dans l’élaboration des stratégies nationales de lutte contre le sida, une meilleure reconnaissance des actions menées sur le terrain et l’élimination des inégalités sociales et économiques qui alimentent l’épidémie.

En outre, Mme Somda nous fait part de ses préoccupations concernant le conservatisme et les pressions culturelles, religieuses et traditionnelles, qui favorisent la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH.  Cette discrimination se manifeste sous diverses formes ; par des attaques verbales ou physiques, des menaces, du harcèlement, des arrestations arbitraires, observe-t-elle. De tels comportements sont dangereux et représentent un obstacle majeur à la lutte contre le sida puisqu’ils découragent les personnes vivant avec le VIH à se tourner vers les services appropriés. Il est ainsi urgent de mettre fin à ces violences pour créer un climat favorable au respect et à la protection des droits des personnes vivant avec le VIH. Instaurer un discours plus inclusif, sans préjugés discriminatoires et erronés, permettra une réponse plus efficace et guidée par des valeurs de respect, d'intégrité et d'égalité.

C’est dans cette dynamique que REVS+ a mis en place en 2015 des ateliers et formations destinés aux décideurs, dirigeants religieux et coutumiers, professionnels de santé, police et médias. L'objectif de ces activités est avant tout de dénoncer les stéréotypes autour des personnes vivant avec le VIH et de mettre fin à la discrimination.

« La contribution des services communautaires à la réponse au VIH est connue et avérée, en cela qu’elle vient en complémentarité des services offerts par le système sanitaire public », explique Mme Somda. Assurer la continuité de leurs activités, et permettre au plus grand nombre d'en profiter est une nécessité pour lutter efficacement contre le sida dans la région. C’est notamment grâce à la résilience des réseaux comme REVS+, qui ont assuré le maintien des activités de prévention et des services de prise en charge des personnes affectées par le VIH, que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH a pu être minimisé.

Enfin, pour garantir l’efficacité de la lutte contre le sida dans la région, et plus particulièrement au Burkina Faso, Mme Somda espère voir des financements plus conséquents et « davantage orientés sur le terrain, sur l’alignement des politiques, des stratégies et en accord avec les besoins des groupes marginalisés ».

Grâce à cet échange avec Mme Somda, nous constatons une nouvelle fois que le chemin à parcourir est encore long pour mettre fin au sida dans la région. Cet objectif est toutefois à portée de main si l'ensemble des acteurs de la riposte au VIH travaillent conjointement à l'élaboration de stratégies multi-sectorielles. La mise en œuvre de mesures permettant un accès universel aux services de prévention, l'élimination des inégalités et des stéréotypes liés au VIH ainsi qu’une meilleure gestion des investissements sont des priorités incontournables pour mettre fin au sida d'ici 2030.

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Samba Peuzzi, chanteur populaire et engagé, appelle à mettre fin aux infections à VIH parmi les enfants

16 juin 2022

Dans son studio d’enregistrement, Samba Peuzzi discute avec ses musiciens avec son énergie habituelle. Il est l’une des stars montantes de la scène musicale Sénégalaise. Une côte grandissante, des concerts à tout va, des millions de suiveurs sur les réseaux sociaux, Samba est un artiste que les jeunes au Sénégal et en Afrique de l’Ouest admirent et respectent. Ses paroles ont de l’impact et ses opinions comptent aux yeux de ses fans. 

Samba, c’est aussi un homme concerné par les défis auxquels fait face son pays, un homme indigné par le malheur de toutes ces personnes qui manquent encore de tout.  

C’est ce qui a poussé le chanteur à s’engager avec l’ONUSIDA pour lutter contre le VIH au Sénégal et dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Notamment, ce qui lui tient le plus à cœur, c’est de mettre fin au VIH pédiatrique dans le pays et la région. Il décide donc de prêter sa voix à cette cause à l’occasion de la journée internationale de l’enfant Africain.  

Malgré son agenda chargé, Samba fait une pause et enregistre un message adressé à la jeunesse au Sénégal et dans la région. Il les met en garde contre la complaisance et leur demande de ne pas oublier le sida, qui fait encore des ravages et cause une mort par minute dans le monde. « Dans la région, 4,7 millions de personnes vivent avec la maladie et 150,000 personnes sont mortes de causes reliées au sida en 2020 », explique-t-il. « Nous ne serons à l’abri qu’une fois que tout le monde sera à l’abri ». Il rappelle l’importance du dépistage et insiste particulièrement sur la question des enfants, souvent laissés de côté et livrés à eux-mêmes. 

En 2020, 24% des enfants infectés par le VIH vivaient en Afrique de l’Ouest et du Centre, où le taux de dépistage des bébés à la naissance est le plus faible au monde. La même année, environ 39 000 enfants et adolescents entre 0 et 14 ans sont décédés de maladies liées au sida dans la région—cela représente 39% des décès globaux pour cette tranche d’âge. Samba ajoute que la transmission verticale du virus est la plus élevée au monde, une transmission qui peut être prévenue grâce à la prise de traitements adaptés. « Nous devons faire mieux ! Engageons-nous ! » insiste-t-il.  

Pour l’ONUSIDA, collaborer avec des artistes comme Samba revêt une importance toute particulière. “Peu de gens doutent du bien-fondé de nos messages”, explique Patrick Brenny, Directeur Régional de l’ONUSIDA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. “Le sida est un problème qui doit être résolu, tout le monde peut s’accorder sur cela. Mais faire en sorte que ce message parvienne aux bonnes personnes, là est la difficulté. Samba Peuzzi, grâce à sa visibilité et le respect que les jeunes ont pour lui, nous aide à les sensibiliser, et à les inviter à s’impliquer dans le combat contre le VIH. C’est une action essentielle.” 

Le message de Samba Peuzzi place les jeunes devant une réalité douloureuse, mais a également le pouvoir de susciter une prise de conscience porteuse d’espoir. Il rappelle aux jeunes qu’aujourd’hui, on peut mener une vie normale et productive avec le VIH. Un dépistage précoce constitue le point de départ pour vivre longtemps et en bonne santé avec le VIH en accédant rapidement à un traitement qui peut arrêter l’évolution et la transmission du virus. « Le sida, on n’a plus besoin d’en mourir de nos jours », dit Samba. De plus, découvrir que l’on vit avec le VIH ne signifie pas que l’on doit renoncer à une vie affective et sexuelle épanouie, ou que l’on ne peut plus envisager d’avoir des enfants. 

Alors que la région fait face à des crises multiples, liées à la COVID-19, le conflit en Ukraine et la flambée des prix, il est indispensable de maintenir les efforts investis dans la réponse au VIH et rétablir au plus vite l’accès au dépistage et au traitement. Avec Samba, on regarde vers l’avenir avec une note d’optimisme et d’ambition.  

Retrouvez les clips de Samba Peuzzi sur nos plateformes Twitter, Facebook et  Instagram ainsi que sur les chaines de Trace Sénégal à la télévision et à la radio.

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Au Sénégal, de jeunes personnalités féminines demandent d’améliorer l’éducation de leurs pairs

24 mai 2022

Dans le cadre de l’initiative Education Plus, de jeunes militantes sénégalaises ont rencontré des femmes influentes de la région pour discuter de l’éducation des filles en Afrique subsaharienne et des défis auxquels elles sont confrontées.

Une étudiante en deuxième année de formation professionnelle en travail social, a déclaré que les jeunes femmes qui, comme elle, vivent avec le VIH sont toujours confrontées à la stigmatisation et à la marginalisation économique dans la plupart des domaines de la vie. « Parfois, les médicaments ne sont pas disponibles en stock et il n’est pas rare que les jeunes femmes vivant avec le VIH doivent partager leurs médicaments entre elles en attendant la prochaine livraison. » Selon cette étudiante, l’éducation garantit un meilleur avenir aux jeunes, tout comme elle l’a aidée à surmonter les défis auxquels elle est confrontée en raison de son statut sérologique et de son enfance difficile.

Une autre participante, Maah Koudia Keita (connue sous le nom de Lady Maah Keita), une musicienne sénégalaise albinos, a déclaré que les femmes atteintes d’albinisme étaient victimes de harcèlement et que la majorité d’entre elles sont la cible de viol et de violence sexuelle.

Elle est l’une des trois bassistes professionnelles en Afrique et la seule au Sénégal. Elle a déclaré : « les gens comme moi qui ont eu la chance d’aller à l’école ont maintenant le devoir de détruire les idées reçues sur les femmes albinos, surtout celles qui favorisent la violence. » Selon Mme Keita, plus le niveau d’éducation et de sensibilisation de la communauté augmentera, plus les femmes et les personnes albinos auront les moyens de se défendre.

Au cours de la réunion, Adama Pouye, militante féministe et membre du collectif féministe sénégalais qui a mené le mouvement Buul Ma Risu (Laisse-moi tranquille), a abordé longuement la question de la sensibilisation sur les agressions sexuelles dans les transports en commun.

« La violence verbale est omniprésente et les femmes finissent par croire qu’elles l’ont bien méritée », a-t-elle déclaré. « On vous fixe des limites en se fondant sur des normes mises en place par une société patriarcale, par des hommes et par des normes religieuses, mais notre religion ne peut pas être interprétée de manière à opprimer les femmes », a continué Mme Pouye.

Les jeunes femmes sont des relais essentiels à l’initiative Education Plus. Cette dernière travaille avec elles pour rassembler les leaders politiques, les partenaires de développement et les communautés afin que le droit à l’éducation et à la santé de chaque adolescente soit respecté en permettant à toutes les filles de suivre une éducation secondaire de qualité sans être exposées à des violences.

Comme l’a souligné lors de la réunion la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima : « les filles sont très vulnérables ici en Afrique occidentale et centrale. »

Elle a également expliqué que quatre jeunes femmes sur dix sont mariées avant leurs 18 ans et que le mariage des enfants est une grave violation de leurs droits et qu’il empêche les filles de développer leur plein potentiel.

« La scolarisation des filles jusqu’à la fin de l’école secondaire est un levier de protection des filles contre le VIH. Nous avons lutté par le passé pour l’école primaire et nous avons réussi. Nous devons maintenant en faire de même pour l’école secondaire », a expliqué Mme Byanyima.

La secrétaire exécutive adjointe du Conseil national de lutte contre le sida au Sénégal, Fatou Nar Mbaye Diouf, a abondé en ce sens. « Nous savons qu’en permettant aux filles de finir leur éducation secondaire, cela les protège du VIH et améliore de nombreux autres facteurs de santé et de développement, » a-t-elle déclaré.

Communiquant des chiffres clés du Sénégal, Mme Nar a indiqué que le niveau de connaissances complètes sur le VIH augmentait avec le niveau d’éducation. « Parmi les jeunes femmes, il est de 10 % chez les personnes sans éducation et de 41 % chez les personnes avec une éducation secondaire ou supérieure, tandis que parmi les jeunes hommes, la connaissance du VIH varie de 9 % chez les personnes sans éducation à 51 % avec éducation », a-t-elle déclaré. « L’éducation est essentielle. »

La directrice régionale pour l’Afrique occidentale et centrale de l’ONU Femmes, Oulimata Sarr, a conclu cette réunion intergénérationnelle en déclarant que l’éducation des filles n’était pas une menace et ne devait pas non plus être considérée comme telle. « Nous voulons changer le paradigme et le changer avec les jeunes femmes », a-t-elle déclaré.

Mme Sarr souhaite que la prochaine génération soit soutenue dans ses revendications pour être davantage entendue dans la prise de décision. « Nous devons passer le flambeau aux jeunes qui disposent d’autres formes d’organisation que nous, créer un héritage intergénérationnel avec des jeunes qui nous demanderont des comptes. »

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La Journée zéro discrimination à Dakar est l’occasion de libérer la parole sur le VIH avec les étudiants de l’école de gestion BEM

01 mars 2022

Le niveau élevé de stigmatisation et de discrimination à l'égard des personnes vivant avec le VIH et des diverses populations clés continue de faire obstacle à la lutte contre le sida.

Partout dans le monde, on pointe du doigt des personnes ou des groupes jugés "différents", pour des raisons aussi nombreuses qu’injustifiées. Dans le contexte du VIH, la discrimination, qui désigne le traitement injuste ou inéquitable d'une personne en raison de son statut sérologique réel ou supposé, empêche la reconnaissance des risques, la gestion de la situation et la prise en charge des personnes concernées. Les comportements discriminatoires et la stigmatisation liées au VIH s’enracinent dans des inégalités sociales préexistantes et les renforcent, ce qui exclut encore davantage les personnes touchées par le virus et alimente l’épidémie.

Dans le cadre de la Journée zéro discrimination du 1er mars 2022, l’ONUSIDA, accompagné du Réseau National des Associations de Personnes vivant avec le VIH (RNP+) du Sénégal et de Trace Sénégal, discute avec les étudiants de la BEM Management School de Dakar. C’est l’occasion de solidifier la compréhension du VIH et de sa réponse parmi les étudiants, et d’exposer les situations de stigmatisation et de discrimination liées au VIH. C’est aussi une façon de favoriser l’engagement dans la lutte contre ces obstacles au sein d’une communauté d’étudiants potentiellement amenés à occuper des postes à responsabilité dans le futur. 

“Nous sommes très engagés dans la sensibilisation du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles pour protéger la santé et le bien-être de nos étudiants”, dit monsieur Diakhaté, Directeur d’école de gestion BEM Dakar. “Nous avons immédiatement saisi l’opportunité de recevoir l’ONUSIDA et ses partenaires ici, puisque nous savons que ce genre d’échanges peut jouer un rôle déterminant dans le développement et l’engagement de nos étudiants en tant que membres de la société et en tant que professionnels. Nous restons fidèles à la vision du PDG qui consiste à voir nos étudiants devenir militants et acteurs d'un monde de paix, de tolérance et de progrès responsables ”. La discussion s’est tenue dans un environnement convivial et ouvert, propice à l’établissement d’une relation de confiance entre les intervenants et les jeunes afin de libérer la parole.

La connaissance du VIH chez les 15-24 ans au Sénégal et en Afrique de l’Ouest et du Centre est encore limitée. Seuls 27,5 % des jeunes sénégalais parviennent à identifier correctement les moyens de prévention de la transmission sexuelle du VIH et à rejeter les principales idées reçues sur la propagation du virus. Les informer et les aider à mieux connaître le VIH pour lutter contre la discrimination constituent ainsi d’une intervention essentielle en faveur de la prévention.

Pour sensibiliser les étudiants, des acteurs clés dans la lutte contre la discrimination et la stigmatisation liées au VIH ont tenu à partager leurs expériences personnelles.

Soukeyna Ndiaye, activiste profondément engagée aux côtés des personnes vivant avec le VIH et Présidente du RNP+, témoigne sur son vécu. Elle raconte comment elle a été exclue par sa famille, qui voulait la priver de « ses responsabilités de femme et de mère » après avoir appris son statut sérologique. « Les gens me regardaient avec pitié, comme si j’étais déjà morte ». Ses enfants aussi ont souffert de discrimination à l’école, notamment de la part des enseignants qui organisaient des conseils de classe pour discuter de leur « cas ». Aujourd’hui, grâce aux médicaments, Soukeyna est en bonne santé et aucun de ses sept enfants n’a le VIH. Dans un monde sans discrimination, elle vivrait normalement.

Wassour Touré est le Président de l’Association Départementale And Juboo (ADAJ), une association de personnes vivant avec le VIH. En wolof, And Juboo veut dire « vivre ensemble dans la paix et la tolérance ». Il partage un témoignage poignant sur les traitements discriminatoires qu’il a pu observer dans un hôpital. « Les personnes vivant avec le VIH devaient attendre que tous les autres patients soient passés avant d'être pris en charge. On les mettait sur un banc, à part, en attendant qu’un docteur s'occupe d’eux séparément ». L’indignation et l’étonnement se faisaient sentir dans la salle, reflétant une réelle empathie des étudiants, mais montrant aussi que la discrimination et la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH sont un sujet dont on parle bien trop peu. « Je n’avais aucune idée de tout ça ! » s’exclame une étudiante, « ça me choque. Il faut qu’on en parle. Pourquoi je n’en ai jamais entendu parler ? »

De toute évidence, les intervenants ont su éveiller les consciences et provoquer des réactions fortes parmi les étudiants. « L'histoire de tous ces gens m'a beaucoup émue et j'aimerais vraiment contribuer à lutter contre toute cette discrimination », explique une étudiante.

L’ONUSIDA souhaite élaborer un partenariat à plus long terme avec les étudiants. La création d’un groupe de discussion et d’un programme de jeunes ambassadeurs contre la discrimination et la stigmatisation permettraient d’impliquer des étudiants de BEM dans les activités de plaidoyer, aux côtés de l’ONUSIDA et ses partenaires. « Les étudiants ont une énergie et une volonté contagieuses. Cela peut être déterminant dans la lutte contre la discrimination et la stigmatisation–un domaine où « montrer le bon exemple » est particulièrement important », dit Patrick Brenny, Directeur Régional de l’ONUSIDA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Travailler avec eux peut permettre d’atteindre un public encore plus large, d’une façon personnelle et crédible. Nous nous réjouissons de l’enthousiasme des étudiants pour notre projet. »

La volonté des étudiants de BEM de bâtir un environnement plus inclusif, exempt de discrimination sous toutes ses formes, est particulièrement encourageante dans un pays où les questions de droits humain sont parfois contentieuses, et où l'on observe régulièrement des manifestations en faveur d’un durcissement de la législation condamnant l'homosexualité. Les jeunes sont les moteurs du rayonnement économique et social du Sénégal et il est essentiel de s’appuyer sur eux pour préparer le futur du pays. Encourager le dialogue sur le VIH et apporter aux étudiants les connaissances nécessaires sur le virus, les méthodes de prévention, de dépistage, et de traitement sont parmi les éléments clés de ce cheminement, et une étape cruciale pour donner aux jeunes les moyens de lutter contre la discrimination et la stigmatisation liées au VIH.

Journée zéro discrimination 2022

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Le Fonds de solidarité de l’ONUSIDA aide les travailleuses du sexe au Ghana

04 février 2022

Susana Dartey a grandi à Jamestown, l’un des plus anciens quartiers d’Accra, la capitale du Ghana. Elle y a été témoin jour après jour des abus et de l’exploitation dont sont victimes les travailleuses du sexe. Forte de cette expérience, elle a décidé de fonder la Women of Dignity Alliance (WODA) pour émanciper les professionnelles du sexe et lutter contre les inégalités auxquelles elles sont confrontées.

« Étant donné que le travail du sexe est illégal au Ghana, nos adhérentes sont victimes de nombreux abus et ne peuvent pas les signaler de peur d’être arrêtées », explique Mme Dartey qui est aussi la directrice exécutive de WODA. L’équipe de WODA est passée d’une adhérente en 2016 à 16 aujourd’hui et se compose de travailleuses du sexe en activité ou qui ont arrêté. « Je viens du même quartier. Le théâtre m’a appris à m’exprimer et je me suis rendu compte que je pouvais utiliser la même méthodologie ou technique pour donner une voix à ces femmes », continue Mme Dartey.

Deux catégories de travailleuses du sexe existent au Ghana : les « roamers » et les « seaters ». Les premières sont mobiles et se rendent chez leurs clients, tandis que les secondes ont un lieu fixe et travaillent de chez elles ou dans une maison close. En 2020, la prévalence du VIH chez les professionnelles du sexe au Ghana était estimée à 6,9 %.

La pandémie de COVID-19 a été difficile pour les travailleuses du sexe au Ghana, car les restrictions liées aux confinements ont compliqué l’exercice de leur activité. Elles signalent également avoir l’impression d’être oubliées par l’aide officielle apportée à la société dans son ensemble pendant la pandémie.

Face à ces obstacles, Mme Dartey est déterminée à donner aux travailleuses du sexe les moyens de devenir des modèles pour les femmes au sein de leur communauté grâce au projet Women Empowered Through Social Entrepreneurship (L’émancipation des femmes grâce à l’entrepreneuriat social) qui jouit du soutien du Fonds de solidarité de l’ONUSIDA.

Pour faire face aux problèmes socio-économiques engendrés par la pandémie de COVID-19, WODA encourage des entreprises sociales prometteuses qui sont fondées, dirigées, exploitées et développées par des professionnelles du sexe elles-mêmes. L’association s’est donné pour objectif d’émanciper jusqu’à 400 d’entre elles, directement ou indirectement.

Le programme repose sur trois domaines : des formations sur la création pérenne de revenus, des informations sur la prévention de la COVID-19 chez les travailleuses du sexe et la possibilité pour ces femmes de devenir des moteurs de changement au sein de leurs communautés.

Mme Dartey explique que les travailleuses du sexe suivent des formations dans des domaines aussi variés que les soins esthétiques, la fabrication de savon, la production de confiseries, la boulangerie et la décoration florale. Les bénéficiaires du projet sont formées aux méthodes opérationnelles des entreprises sociales et ont la possibilité d’apprendre des compétences entrepreneuriales auprès de spécialistes.

« Je travaille comme « roamer » depuis huit ans et la COVID-19 a rendu mon travail difficile comme jamais. Avant l’arrivée de la COVID-19, je pouvais gagner jusqu’à 230 cedis par jour, mais aujourd’hui, j’arrive à peine à en gagner 50. J’ai été heureuse quand Susana m'a parlé de l’initiative soutenue par le Fonds de solidarité de l’ONUSIDA. J’aime aider les femmes à se sentir belles. J’ai vraiment hâte d’apprendre des choses en pédicure, manucure et maquillage pour gagner ma vie », raconte une des bénéficiaires.

Une partie des efforts pour aider les populations clés et les communautés vulnérables à surmonter les difficultés engendrées par la pandémie de COVID-19 consiste à soutenir des sources de revenus durables qui viennent de ces communautés. Le Fonds de solidarité de l’ONUSIDA a été créé pour mettre en avant l’ingéniosité des populations clés en permettant l’accès au financement pour la création d’entreprises sociales pérennes.

« Mon espoir est de réunir ces femmes et de les voir trouver leur propre objectif. Ce projet est tourné vers leur avenir et, à la fin du projet, les travailleuses du sexe auront créé des entreprises sociales qui leur appartiennent », explique Mme Dartey lorsqu’on lui demande ce qu’elle attend de ce projet.

Une bénéficiaire qui souhaite créer un salon d'esthétique déclare : « J’ai rencontré Susana début 2021 et depuis je suis une autre personne. Grâce à WODA, je peux maintenant être fière de mes compétences en maquillage et en fabrication de bases de perruque. » Elle demande également la légalisation du travail du sexe. « Je veux que le travail du sexe soit légal afin que la police cesse de nous arrêter et de nous harceler », conclut-elle.

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Une chanson pour ne plus discriminer

17 décembre 2021

L’humanité est en retard pour éradiquer le sida à l’horizon 2030. Ce retard n’est pas imputable à un manque de connaissances, de capacités ou de moyens, mais à des inégalités structurelles telles que la stigmatisation et la discrimination qui sont des freins à l’accès aux services de santé.

Les virus tels que le VIH ou la COVID-19 ne font pas de différence entre les gens, mais nous constatons que les sociétés, elles, le font. Elles stigmatisent et discriminent les personnes vivant avec le VIH, le plus souvent par ignorance, parce qu’elles ont peur de la maladie.

La discrimination reste un des plus grands champs de bataille en République Centrafricaine. C’est la raison pour laquelle le pays a été le premier au monde a adhéré au Partenariat mondial de lutte contre toutes les formes de discrimination et stigmatisation liées au VIH.

Pour mettre en œuvre les actions clés de ce Partenariat mondial, une Plateforme Zéro Discrimination a été établie. Elle se compose d'une trentaine de partenaires représentant les ministères, le Comité National de Lutte contre le Sida (CNLS), les agences des Nations unies, les partenaires techniques et financiers, la société civile, les organisations de défense des droits de l'homme et d'autres organisations. Avec l’appui de l’ONUSIDA, la Plateforme a fait appel à Ozaguin, le « roi de la rumba centrafricaine », pour que la musique et l’art portent ses messages de tolérance et de compassion.

Lors de la cérémonie de lancement de la nouvelle chanson d’Ozaguin contre la discrimination qui a eu lieu ce 9 décembre 2021 au stade de Bangui d’une capacité de 20,000 places, il a également été nominé comme porte-parole de la Plateforme.

Au nom de la Première Dame de Centrafrique, le Ministre de la santé et de la population a invité l’ensemble des institutions et des personnalités influentes, et tout un chacun, non seulement à ne pas discriminer, mais aussi à lutter contre la discrimination et la stigmatisation. « Nous devons collégialement signaler la discrimination et la stigmatisation dès que nous les voyons et œuvrer pour donner l’exemple. La discrimination tue. Elle exacerbe les situations d’urgence et alimente les pandémies. », a souligné le Ministre Pierre Somsé.

Le leadership déployé par les communautés victimes de discrimination et de stigmatisation reste une source d’inspiration. Leur détermination, leur courage et leur vision sont une étoile au firmament, comme l’a démontré le témoignage émouvant de Madame Christine Wilikon, membre du réseau national des personnes vivant avec le VIH (RECAPEV) lors de la cérémonie. « Les premières réactions à la connaissance de ma sérologie positive furent le désarroi, et une envie de mettre fin à ma vie. Mon rejet par les membres de sa famille a amplifié ma désorientation mentale et sociale. Mais les conseils et le soutien fournis par le Prêtre de ma paroisse ont progressivement conduit à ma réintégration sociale à travers les activités génératrices de revenus telles que le petit commerce, l’agriculture et le maraîchage. », a partagé Christine. Le public présent s’est levé en ovation pour elle. Elle a exhorté tous les Centrafricains à mettre un terme aux sentiments de culpabilité, de honte et de se faire dépister pour connaitre leur statut sérologique au VIH et au besoin prendre le traitement qui est gratuit.

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Les actions de proximité au sein des communautés répondent à un besoin en Mauritanie

25 novembre 2021

Dans une banlieue de Nouakchott, en Mauritanie, une tente a été dressée pour accueillir une soirée d’information et de dépistage du VIH. Des membres de l’organisation non gouvernementale SOS Pairs Éducateurs répondent aux questions, et les personnes souhaitant connaître leur statut sérologique font la queue pour effectuer un dépistage rapide.

Mohammed Bilal, ci-dessus, supervise la soirée avec des éducatrices et éducateurs issus de la communauté, une infirmière et une assistante sociale. Montrant derrière lui une petite bâtisse en béton recouverte de tôle ondulée, il explique que pour préserver l’anonymat des tests, les gens reçoivent un numéro et entrent un par un dans ce bureau de fortune. « Nous parlons avec les gens avant de faire le dépistage du VIH et après avoir communiqué le résultat », déclare M. Bilal.

Plus de 70 hommes et femmes ont choisi de faire un test rapide aujourd’hui.

Dans le quartier d’El Mina où se déroule cette action de proximité, la majorité de la population tire le diable par la queue, beaucoup de femmes élèvent seules leurs enfants et la scolarisation est très faible. M. Bilal a grandi ici et connaît bien la communauté. Son équipe et lui savent également ce dont a besoin la population locale. Pour Mohammed Mouloid, ci-dessus à droite, coordonnateur de programme auprès de REMAP+, un réseau de personnes vivant avec le VIH, les actions de proximité au sein des communautés répondent à un besoin. Au cours des restrictions liées à la COVID-19, par exemple, son réseau a fait équipe avec SOS Pairs Éducateurs, l’ONUSIDA et d’autres partenaires pour distribuer des kits alimentaires.

Remontant les lunettes sur son nez, M. Mouloid explique : « une personne a deux priorités avant de prendre ses médicaments. Elle doit d’abord manger et trouver un moyen de transport pour aller chercher son traitement. Si ces deux priorités ne sont pas satisfaites, alors elle ne pensera même pas à la troisième et ne prendra jamais son traitement. »

« Le problème numéro un en Mauritanie est la stigmatisation associée au VIH », continue M. Mouloid, expliquant que les personnes vivant avec le VIH abandonnent souvent leur traitement. Seulement 40 % des 8 500 personnes séropositives dans le pays suivent une thérapie qui les maintient en vie. M. Mouloid vit avec le VIH depuis près de 20 ans et a été, en 2004, l’un des premiers en Mauritanie à prendre des antirétroviraux. « J’ai été marié deux fois et j’ai deux enfants qui sont tous les deux séronégatifs au VIH. Je suis donc l’exemple vivant que l’on peut vivre en bonne santé, mais les choses sont difficiles dans notre société », poursuit-il.

L’épidémie de VIH en Mauritanie se concentre dans les villes et parmi les populations clés. La prévalence du VIH chez les adultes est d’environ 0,3 %, mais elle est de 9 % chez les travailleuses et travailleurs du sexe et de 23 % chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. La Mauritanie criminalise le commerce du sexe et les relations homosexuelles, de sorte que les gens ont tendance à se cacher.  

Pour toucher les populations clés, SOS Pairs Educateurs, avec le soutien des Nations Unies et de partenaires, a récemment ouvert un centre d’accueil, ci-dessus, devant la gare routière de la capitale (l’ONG a huit autres centres dans toute la ville). Une télévision est allumée dans un coin, volume à fond, tandis que des membres de l’équipe déambulent en parlant avec un chauffeur de camion. L'association a également mis en place un projet pilote de distribution de kits d’autodépistage du VIH pouvant être utilisés dans l’anonymat du foyer. 

Sharif (il ne souhaite pas donner son nom) explique qu’il passe régulièrement chercher des préservatifs et s’informer auprès de l’équipe. « Je suis venu ici pour en savoir plus sur la COVID-19 et d’autres risques pour la santé », explique-t-il. Il déclare n’avoir jamais fait de test de dépistage du VIH, qui est gratuit, mais qu’il y réfléchit.

Selon El Mustapha Attighie, Directeur pays de l’ONUSIDA pour la Mauritanie, les actions de proximité dans les communautés comme celle-ci sont un moyen d’aider les groupes vulnérables.

« La stigmatisation entrave notre riposte au VIH. Si les droits humains sont bafoués et que des gens sont laissés pour compte, alors les risques liés au VIH augmentent », indique-t-il. Il ajoute que le mandat de l’ONUSIDA stipule clairement de défendre les droits et le traitement pour toutes et tous et, en tant que médecin de formation, il concentre le débat sur l’accès aux soins de santé.

Il pense que la Mauritanie pourrait mettre fin au sida d’ici 2030. « Nous avons la possibilité d’atteindre cet objectif », poursuit-il. « Il faut canaliser plus d’argent et de moyens là où se trouve l’épidémie, la juguler et l’empêcher de se propager à une population plus large. »

SOS Pairs Educateurs a étendu ses activités pour atteindre différentes populations. L’ONG a fondé une école pour les enfants vivant dans la rue et déscolarisés. Elle organise aussi des formations de couture pour les filles ainsi qu’un groupe de danse pour les ados. « L’espoir est quasiment absent du quotidien de beaucoup de personnes. En faisant en sorte que les enfants réussissent à l’école ou sur scène, cela les stimule et a un impact sur toute la famille », explique Djibril Sy, directeur de SOS Pairs Educateurs, ci-dessus. Il a grandi à El Mina et y vit encore. Il indique que son travail a touché d’innombrables personnes au cours des 20 dernières années. « Nous essayons de donner espoir, mais surtout que les gens développent une estime de soi », ajoute-t-il, en expliquant qu’il souhaite maintenant dispenser des formations aux jeunes dans le domaine de l’entrepreneuriat.

L’Afrique occidentale et centrale représente 8 % de la population mondiale, mais, malgré les progrès, elle abrite toujours 12 % des personnes vivant avec le VIH et concentre 22 % des décès dus au sida dans le monde.

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La journée mondiale de lutte contre le sida 2021 à Dakar a permis de commémorer ceux qui ont perdu la vie et de rappeler toutes les difficultés auxquelles font face les personnes vivant avec le VIH

08 décembre 2021

Aujourd’hui encore, le sida brise des vies. Pour y faire face, l’ONUSIDA, les communautés et les artistes de la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre travaillent main dans la main pour confronter les inégalités et la stigmatisation qui exacerbent les pandémies.

A l’occasion de la Journée Mondiale de Lutte contre le Sida, le bureau régional de l’ONUSIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre a coorganisé un événement avec Trace Sénégal, la filiale sénégalaise du groupe de média Trace Africa, présent dans tout le continent à travers ses chaines de télévision et de radio.

Dans le prolongement du Sommet de Haut Niveau sur le VIH/sida en Afrique de l’Ouest et du Centre, qui s’est également tenu à Dakar, cet événement a permis de mettre en lumière les acteurs engagés dans la lutte contre le VIH dans la région, ainsi que le rôle des partenaires de l’ONUSIDA dans ce combat.

« Malgré les progrès accomplis au cours des dernières années, le sida est toujours une pandémie qui emporte une vie précieuse par minute », a dit Patrick Brenny, Directeur régional de l’ONUSIDA. « La seule façon d’y mettre fin c’est en nous attaquant aux inégalités qui gangrènent la société, et en travaillant ensemble et dans le respect de la dignité de chacun. »

En effet, beaucoup de progrès restent à accomplir en Afrique de l'Ouest et du Centre (AOC). Dans la région, 1,2 million de personnes attendent toujours de commencer un traitement anti-VIH salvateur, et 150 000 décès liés au sida ont été enregistrés l’année dernière. Les femmes et les filles représentent une part disproportionnée de l'épidémie et chaque semaine, plus de 1000 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont infectées par le VIH. Les enfants sont aussi durement frappés : une nouvelle infection pédiatrique sur trois dans le monde survient dans cette région.

Madame Soukeyna Ndiaye, la Présidente du Réseau National des Associations de Personnes vivant avec le VIH (RNP+) au Sénégal, veuve et mère de 7 enfants, vivant avec le VIH depuis son dépistage positif en 2005, a expliqué comment la stigmatisation l’avait affectée personnellement et lui avait fait perdre toute confiance en elle-même. « Après mon test positif, ma famille et mes amis ont commencé à me traiter comme si j’étais un cas désespéré, comme si j’étais déjà morte », a dit Soukeyna, devant une assemblée émue. « Ils ne voulaient plus me laisser faire de tâches ménagères, ils ne voulaient plus me laisser jouer mon rôle de femme. Mais ce n’était pas juste, parce que j’allais bien et je vais toujours très bien. Un test positif n’est pas une sentence. Avec quelques ajustements, la vie continue comme avant. »

Madame Nene Maricou, Présidente du groupe Youth Women for Action (YWA) au Sénégal et membre de la commission jeune de l'Union africaine, a parlé de l’expérience douloureuse d’une amie dépistée positive au VIH. Elle a expliqué sa crainte de se rendre au centre de santé local pour récupérer son traitement, parce que son oncle y travaillait. Elle craignait que toute sa famille apprenne son statut et l’exclue. « J’ai dû user de tout mon pouvoir de persuasion pour convaincre mon amie de surmonter ses peurs et d’aller prendre le traitement qui lui a sauvé la vie », a dit Nene.

Ces témoignages ont permis aux personnes présentes de saisir l’ampleur de la stigmatisation, la discrimination et les inégalités qui déstabilisent la vie des personnes vivant avec le VIH au quotidien. Trop nombreux sont ceux et celles qui vivent dans la peur, ce qui ne fait qu’ajouter des difficultés à leur situation déjà précaire.

La cérémonie s’est terminée avec un message de Coumba Gawlo, qui a coproduit, il y quelques mois, un single musical avec l’ONUSIDA et trois autres artistes de la région—Wally Seck du Sénégal, Djelly Mady Kouyaté de Gambie et Nestor Lendjy de Guinée Bissau. L’artiste a réaffirmé son attachement à cette cause, et a exhorté ses pairs à suivre son exemple en relayant des messages positifs et en s’engageant dans la lutte contre le sida à ses côtés. Sans attendre, Ndongo Daara Ji et Samba Peuzzi se sont portés volontaires pour prêter leurs voix au plaidoyer de l’ONUSIDA en faveur de l’amélioration des conditions des personnes vivant avec le VIH.

 

TRACE SENEGAL

Le groupe TRACE possède et distribue 26 chaînes de télévision payantes localisées, 100 radios FM et digitales, plus de 30 services digitaux et offres mobiles. Il développe également la production de contenus et des activités de syndication. TRACE touche 350 millions de fans dans plus de 160 pays. Marque média leader auprès des jeunes en Afrique Sub-Saharienne, TRACE est aussi la marque afro-urbaine de référence en France, dans la Caraïbe et l’Océan Indien.

Contact

ONUSIDA
Tristan Gijsenbergh
tel. +221 77 480 3066
gijsenberght@unaids.org
ONUSIDA
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tel. +41 79 793 95 31
bosiol@unaids.org

Feature Story

Commémoration de la Journée mondiale du sida en République centrafricaine

06 décembre 2021

La Journée mondiale de lutte contre le sida 2021 a vu les autorités de la République centrafricaine et les autres acteurs de la lutte contre le VIH dans le pays se réunir pour fournir des informations sur le VIH, promouvoir la prévention, le traitement et les soins du VIH et montrer leur solidarité face à cette pandémie. Cette année, le Président et Chef d'Etat de la République centrafricaine, et Président du Conseil national de lutte contre le sida, Faustin-Archange Touadéra, a présidé la cérémonie dans la commune de Bégoua, près de la capitale, Bangui.

Conformément à l'Appel de Dakar pour réinventer la réponse à la pandémie du VIH, adopté lors du récent Sommet régional de haut niveau sur le VIH/sida en Afrique de l'Ouest et du Centre, M Touadéra a exhorté les ministres de la Santé et de la Population et du Budget et des Finances à veiller à ce que 500 millions de francs centrafricains soient inclus dans le budget 2022 du gouvernement pour la réponse au VIH. Il a également chargé le Premier ministre de rendre compte des actions menées dans le cadre de la riposte au VIH. L'un des quatre piliers de l'appel à l'action de Dakar est d'augmenter de 33% les ressources nationales et internationales consacrées au VIH dans la région d'ici 2025.

M Touadéra a également noté l'importance de supprimer les obstacles financiers à l'accès aux services de santé pour les personnes vivant avec le VIH.

Bienvenu Gazalima, président du Réseau des personnes vivant avec le VIH en République centrafricaine (RECAPEV), a déclaré que "l'accès aux médicaments antirétroviraux s'est amélioré, passant de 12 % de l'ensemble des personnes vivant avec le VIH en 2013 à 58 % à la fin de 2020, mais il reste l'un des plus faibles au monde. Le traitement du VIH n'est disponible que dans 10 % des établissements de santé du pays."

À la veille de la commémoration de la Journée mondiale du sida, des messages du ministre de la Santé et de la Population et de l'ONUSIDA ont été diffusés sur les principales stations de radio et la télévision nationale. Des informations sur la prévention des nouvelles infections par le VIH et le COVID-19 ont été diffusées, notamment auprès des jeunes, dans plusieurs provinces du pays. Avec le soutien de l'ONUSIDA, des caravanes de sensibilisation ont sillonné les rues de Bangui pendant plusieurs jours pour diffuser des messages sur la transmission du VIH, la prévention du VIH, la vulnérabilité au VIH et la discrimination liée au VIH.

"Nous sommes à la croisée des chemins. Les dirigeants ont le choix entre des actions audacieuses et des demi-mesures. L'approche transformatrice dont nous avons besoin pour mettre fin au sida protégera également l'humanité des futures pandémies ", a déclaré Marie Engel, directrice de l'ONUSIDA pour la République centrafricaine. 

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