West and Central Africa

Signature d’un partenariat stratégique entre Expertise France et ONUSIDA pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH dans six pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre

28 février 2024

GENÈVE, 28 février 2024 — Dans un engagement commun pour combattre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH, Expertise France et ONUSIDA ont officiellement signé un accord de partenariat d’un montant de 1 921 520 € à la représentation permanente de la France auprès des Nations unies à Genève. La cérémonie de signature a rassemblé Mme l’Ambassadrice Anne-Claire Amprou en charge des questions de santé mondiale, M. l’Ambassadeur Jérôme Bonnafont, représentant permanent de la France auprès des Nations unies à Genève et autres organisations internationales en Suisse, Mme Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA et secrétaire générale adjointe des Nations unies, ainsi que M. Jérémie Pellet, directeur général d’Expertise France.

Ce partenariat, qui vise à appuyer la réponse communautaire à la stigmatisation et à la discrimination et la réforme législative dans six pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, est financé par Expertise France via L’Initiative, une facilité française complémentaire du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le projet aspirant à favoriser l’accès à des services VIH inclusifs et respectueux des droits de l’Homme pour les populations clés, les jeunes femmes, les adolescentes et les filles sera mis en œuvre au Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, République Centrafricaine, Sénégal et Togo.

« Cet accord vise la réduction des inégalités en matière d’accès aux soins et aux traitements pour les populations les plus vulnérables au VIH en Afrique de l’Ouest et du Centre. La France s’engage ainsi pour la santé mondiale aux côtés d’ONUSIDA dans une approche d’équité, de solidarité et de progrès humain », a déclaré Jérôme Bonnafont, représentant permanent de la France auprès des Nations unies à Genève. Comme le souligne Anne-Claire Amprou, ambassadrice pour la santé mondiale, « par ce partenariat, la France est heureuse de pouvoir réaffirmer son engagement pour le renforcement des systèmes de santé, ainsi que sa volonté de lutter contre la stigmatisation, la discrimination et les inégalités de genre dans l’accès aux soins des populations les plus vulnérables, notamment par le soutien des dispositifs communautaires ».

Dans l’ensemble de ces pays, les populations clés sont touchées de manière disproportionnée par le VIH. À titre d’exemple en 2022, au Bénin et au Cameroun la prévalence du VIH était respectivement de 7,2 % et 24,3% chez les travailleurs et travailleuses du sexe, de 8,3 % et 20,6% chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, de 21,9 % chez les personnes transgenres et de 1,2 % et 4% chez les détenus et détenues alors que le taux de prévalence est de 0,8 % et 2,6% parmi la population générale.

La France et l’ONUSIDA ont ainsi l’ambition d’améliorer les réponses juridiques et sociales face au VIH, en ciblant notamment la réduction des inégalités de genre et des violences basées sur le genre dans l’accès à la prévention, au dépistage et au traitement du VIH pour les populations clés dans les services de santé publics et communautaires au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo et en promouvant un cadre juridique plus favorable et respectueux des droits de l’Homme, ainsi qu’à faciliter un meilleur accès aux services juridiques au Bénin, au Cameroun et en République centrafricaine. 

« Nous sommes ravis d’unir nos forces avec Expertise France car comme vous le savez la stigmatisation et la discrimination entravent la prévention, le dépistage, le traitement et les soins du VIH, et freinent les progrès vers l'élimination du SIDA d'ici 2030 », a déclaré Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'ONUSIDA et secrétaire générale adjointe des Nations unies. « Ce n'est qu'en protégeant les droits de chacun et chacune que nous pouvons protéger la santé de tous et toutes. »

Cette contribution française à ONUSIDA vient en complément des efforts déployés dans le cadre du 7e cycle de financement du Fonds mondial, soulignant l’importance d’une action coordonnée pour éliminer les obstacles, liés aux droits de l’Homme, qui entravent l’accès aux services de santé. « Ce partenariat avec ONUSIDA incarne notre engagement à soutenir les communautés les plus vulnérables et à promouvoir des sociétés plus justes et inclusives », a ajouté Jérémie Pellet, directeur général d’Expertise France.

Piloté par le bureau régional Afrique de l’Ouest et du centre de l’ONUSIDA, basé à Dakar, le projet sera mis en œuvre avec l’appui de l’Institut de la Société Civile pour le VIH et la santé en AOC, d’Alliance Côte d’Ivoire et de Coalition PLUS.

 

À propos d’Expertise France

Agence publique, Expertise France est l’acteur interministériel de la coopération technique internationale, filiale du groupe Agence française de développement (groupe AFD). Deuxième agence par sa taille en Europe, elle conçoit et met en œuvre des projets qui renforcent durablement les politiques publiques dans les pays en développement et émergents. Gouvernance, sécurité, climat, santé, éducation… Elle intervient sur des domaines clés du développement et contribue aux côtés de ses partenaires à la concrétisation des objectifs de développement durable (ODD). Des savoir-faire en commun.

En savoir plus : www.expertisefrance.fr

 

À propos de l’ONUSIDA

Le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

En savoir plus : https://www.unaids.org/fr

 

À propos de L’Initiative

Lancée fin 2011, L’Initiative est une facilité française complémentaire du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Elle apporte une assistance technique et un appui à des projets catalytiques dans une quarantaine de pays récipiendaires du Fonds mondial pour améliorer l’efficacité de ses subventions et renforcer l’impact sanitaire des programmes financés. Elle contribue ainsi à garantir l’efficacité de la riposte aux pandémies.

Les évolutions récentes de L’Initiative amplifient son effet catalytique en renforçant les capacités des acteurs de la santé, y compris de la société civile et de la recherche, en améliorant les cadres institutionnels, politiques et sociaux, et en soutenant des approches innovantes contre les pandémies et en renforcement des systèmes pour la santé.

Elle est mise en œuvre par Expertise France, l’agence de coopération technique internationale, sur financement du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères qui en exerce la tutelle.

En savoir plus : www.linitiative.expertisefrance.fr

Contact

Expertise France
Eric Fleutelot
eric.fleutelot@expertisefrance.fr

Contact

UNAIDS Geneva
Charlotte Sector
sectorc@unaids.org

N’oublier personne, y compris les personnes qui consomment des drogues

04 mai 2023

Daouda Diouf vient tous les jours à l’hôpital Fann. Il fait partie des 250 personnes inscrites au programme de thérapie de substitution aux opiacés (TSO) du CEPIAD*. La TSO est une intervention reconnue dans le monde entier. Elle vise à réduire la consommation de drogue par injection, car les personnes qui utilisent des drogues injectables sont exposées à un risque de contracter le VIH et d’autres maladies transmissibles par le sang, telles que l’hépatite virale.

« Je suis ici pour prendre mon traitement et je suis aussi un tailleur. J’apprends donc la couture à quelques personnes qui consomment de la drogue », explique M. Diouf en coupant du tissu dans son atelier improvisé en plein air. Rester actif et vendre ses marchandises l’a aidé à rester en bonne santé au cours des sept dernières années.

Un autre participant au programme lui donne aussi raison. Ce dernier s’est découvert une passion pour le jardinage et supervise désormais d’autres patients et patientes dans le jardin du centre.

Pour El Hadj Diallo, planter des graines et tailler des arbres est un peu comme une thérapie. « Quand on est là, on oublie tous les problèmes, on est bien, je prends cela pour ma thérapie », indique-t-il.

Leur autre traitement consiste en une dose quotidienne de méthadone. Le pharmacien du centre, Mangane Boutha, mesure attentivement et distribue chaque dose dans son bureau.

« La méthadone est un médicament de substitution à l’héroïne qui est sous forme de sirop dosé à 10 milligrammes par millilitre et les doses varient d’un patient à un autre », explique-t-il.

Fondé en 2014, le CEPIAD a pris en charge plus d’un millier de personnes. Il s’agit d’un des premiers centres de réduction des risques en Afrique de l’Ouest. Outre la thérapie de substitution des opiacés, la distribution d’aiguilles propres et le soutien psychosocial, il propose également des soins de santé.

« Le CEPIAD est devenu un centre de dépistage et de diagnostique pour le VIH, la tuberculose, les hépatites, et on distribue des préservatifs », indique le  Dr Idrissa Ba qui coordonne le centre.

Au Sénégal, la prévalence du VIH chez les personnes qui consomment des drogues injectables est de 9 %, soit bien plus que la moyenne nationale de 0,5 %. Globalement, en raison de la stigmatisation et de la criminalisation, les personnes qui consomment des drogues injectables sont confrontées à un risque 35 fois plus élevé d’infection au VIH que celles qui ne s’en injectent pas.

Les trois quarts des patientset patientes ici sont des hommes, mais le CEPIAD fait des efforts pour atteindre davantage de femmes. Selon le Dr Ba, les femmes toxicomanes sont plus susceptibles de vivre avec le VIH que leurs homologues masculins. 

Mariama Ba Thiam est une ancienne toxicomane et a vécu pendant des années dans la rue. Elle est maintenant éducatrice auprès de ses pairs à Dakar.  « Je vais dans la communauté, je vais voir mes pairs, j’essaye de les sensibiliser à non seulement arrêter la drogue, mais à réduire les risques de la consommation, les référer au CEPIAD et faire comme moi, arrêter. », explique-t-elle.

Son plaidoyer : obtenir plus de fonds pour attirer davantage de femmes et de jeunes vers le centre.

Au Sénégal, alors que la consommation de drogues est une infraction pénale, le travail du CEPIAD bénéficie du soutien du gouvernement, des Nations Unies ainsi que d’autres partenaires.

À l’occasion de la Journée internationale de réduction des risques, l’ONUSIDA est fermement convaincue que si nous voulons mettre fin au sida d’ici 2030, personne ne doit être oublié. Et cela inclut les personnes qui consomment des drogues.

* Le Centre de Prise en Charge Intégrée des Addictions de Dakar (CEPIAD)

Vidéo

Supprimer les inégalités dangereuses

18 novembre 2022

Grace Amodu avait 7 ans lorsqu’elle a découvert sa séropositivité. Jusqu’alors, on lui disait de prendre tous les jours des comprimés contre le paludisme ou des maux de tête, mais elle a fini par en avoir assez. Elle s’est mise à crier et à donner des coups de pied, et elle a dit à son frère qu’elle allait arrêter de prendre son médicament et qu’elle exigeait des réponses. Sa mère l’a prise à part et lui a expliqué qu’elle était née avec le VIH et que le traitement la garderait en bonne santé comme les autres enfants.

Elle se souvient avoir beaucoup pleuré et avoir refusé de quitter la maison.

Pour lui éviter d’entrer dans une spirale néfaste, sa mère l’a encouragée à rejoindre un groupe de soutien, ce qui, selon Mme Amodu, a changé sa vie.

Elle est fière de dire qu’elle a deux enfants séronégatifs. Elle savait qu’elle ne transmettrait pas le VIH à ses bébés en prenant ses médicaments à la même heure chaque jour de sa grossesse et après son accouchement. « Lorsque vous prenez des médicaments, le virus devient indétectable et même si j’avais peur que mes enfants aient le VIH, leurs tests se sont révélés négatifs. »

Elle estime que l’antenne nigériane de l’International Community of Women Living with HIV (ICW) lui a donné espoir et confiance.

« L’ICW a vraiment été un pilier pour moi, l’équipe était là pour moi comme des proches, tout le monde était là pour moi, même la directrice, Assumpta Reginald, était comme une mère pour moi », a déclaré Mme Amodu. « Elle m’a tenu la main en me disant : « tu peux le faire et devenir une meilleure personne ». »

Mme Amodu est ainsi devenue militante de la lutte contre le VIH et pharmacienne communautaire.

« Nous allons chercher les médicaments à l’hôpital et nous les distribuons aux personnes qui ne peuvent peut-être pas accéder à leur traitement parce qu’elles ne peuvent pas payer le transport, parce qu’elles sont loin ou en raison de la stigmatisation à l’hôpital. Ces personnes ne veulent pas aller à l’hôpital pour être harcelées verbalement par le personnel médical, alors nous leur livrons ces médicaments à domicile », explique-t-elle.

Plus de 90 % des personnes vivant avec le VIH au Nigeria prennent des médicaments antirétroviraux, mais la stigmatisation et la discrimination restent monnaie courante.

Pour Mme Amodu, la solution est simple. Il suffit de fournir les bonnes informations sur le VIH pour briser ce cycle vicieux.

« Nous devons faire comprendre aux gens que notre séropositivité ne nous rend pas moins humaine ou humain, que nous sommes également des êtres humains et que nous méritons d’avoir les mêmes droits », a déclaré la jeune femme de 28 ans.

Pour Stella Ebeh, la stigmatisation n'a plus de secrets. Elle a commencé le bénévolat en 2004 en venant en aide à des personnes qui, comme elle, vivaient avec le VIH. Elle a ensuite commencé à travailler dans un centre de santé et est devenue agente de santé publique. Au fil des années, Mme Ebeh estime s’être occupée de plus de 7 000 patients et patientes et elle est aussi devenue mère-mentor (elle informe les femmes enceintes sur le VIH et les conseille) et ambassadrice de la lutte contre la stigmatisation.

Elle est très fière de surmonter la stigmatisation et comme elle le dit, de « la piétiner », mais elle déplore de ne toujours pas être une membre du personnel à temps plein. « Les personnes séropositives ont de nombreuses compétences et pourtant, nous sommes souvent négligées, » a-t-elle déclaré, en ajoutant : « Je travaille comme un éléphant, mais je mange comme un rat ».

Le centre de santé de Marabara en périphérie d’Abuja attire un flux important de patients et patientes toute la journée. Mme Ebeh va d’une personne à l’autre. Elle reste un moment avec une femme enceinte qui prépare également son déjeuner dans les locaux, Ngozi Blessing.

Mme Ebeh insiste pour que les femmes enceintes prennent toutes les précautions possibles pour donner naissance à des bébés en bonne santé. Son mari et leurs cinq enfants sont tous séronégatifs. Malheureusement, au Nigeria, ils font figure d’exceptions.

La transmission verticale (c’est-à-dire lorsqu’une mère transmet le virus à son enfant pendant la grossesse ou l’allaitement) est de 25 % dans le pays, un record dans la région.

Le directeur pays de l’ONUSIDA, Leopold Zekeng trouve cela inacceptable. Cela prouve à ses yeux qu’il existe des inégalités d’accès aux services.

« Deux tiers des 8 millions de femmes qui tombent enceintes chaque année au Nigeria n’ont pas accès aux services de PTME (prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant) pendant les soins prénataux », a-t-il déclaré.  

C’est pourquoi le Nigeria et l'Organisation des Nations Unies, ainsi que d’autres partenaires, conjuguent leurs efforts pour mettre fin au sida pédiatrique.

Dr Akudo Ikpeazu, directrice et coordonnatrice nationale du National AIDS and STDs Control Programme (NASCP), a expliqué qu’un énorme travail de cartographie a été réalisé au cours des 2 dernières années afin de comprendre où vont les femmes enceintes et où elles reçoivent d’éventuels soins prénataux.

« Beaucoup d’entre elles sont dans des maisons de naissance, elles vont voir des accoucheuses traditionnelles et elles sont nombreuses à accoucher chez elles et à recevoir des services à domicile. Nous avons donc une nouvelle stratégie qui vise à aller à leur rencontre là où elles se trouvent, à s’assurer qu’elles reçoivent un traitement, à veiller à les rencontrer en premier, à s’assurer que nous pouvons leur proposer un dépistage, les renvoyer vers un traitement et compter chaque nouvelle personne qui a accès aux soins », a-t-elle déclaré.

En d’autres termes, trouver et dépister, fournir un traitement et recenser tout le monde, soit exactement ce qu’énonce le slogan global du Nigeria dans lequel s’inscrit cette stratégie.

Une fois que le robinet de la transmission verticale, comme elle l’appelle, sera fermé, le nombre d’enfants nécessitant un traitement sera plus restreint. Dr Ikpeazu a déclaré que le Nigeria avait l’intention de mettre en place un plan d’accélération pour que davantage d’enfants et d’ados reçoivent un traitement et respectent leur traitement.

Pour Toyin Chukwudozie, directrice d’Education as a Vaccine (EVA), le VIH fait partie d’un plan plus vaste.

« Nous voyons le nombre de grossesses non désirées, nous voyons le fardeau du VIH en particulier chez les adolescentes, nous voyons également les violences sexuelles et basées sur le genre se produire dans notre société, donc ces choses existent, mais les ados et les jeunes n’ont pas les informations nécessaires pour prendre des décisions, que ce soit à l’école, dans les établissements de santé ou même à la maison où il y a d’autres adultes, il y a donc d’énormes lacunes », a-t-elle déclaré.

Cette femme de 35 ans travaille avec des jeunes pour combler ces manques en matière d’éducation et mettre en place une aide. Elle est convaincue que les inégalités en particulier alimentent ces lacunes.  

« Je pense que les inégalités entre les sexes sont à l’origine de nombreuses autres inégalités, alors si j’avais une baguette magique, les inégalités entre les sexes seraient celles que je supprimerais en premier, car c’est essentiel », a-t-elle déclaré. « La lutte contre les inégalités entre les sexes est essentielle pour libérer le potentiel des femmes et des filles partout dans ce pays. »

Pour appuyer son point de vue, Mme Chukwudozie a ajouté que même si tout le monde s'accorde pour dire que les jeunes sont la force du futur : « Si vous ne fournissez pas cet environnement sûr, si [les jeunes] ne sont pas en bonne santé, si leurs rêves et leurs aspirations ne sont pas écoutés, comment incarner l’avenir auquel nous aspirons. »

République démocratique du Congo : l’ONUSIDA craint que la flambée de violence ne menace les services de traitement et de prévention du VIH

02 novembre 2022

GENÈVE/KINSHASA, le 2 novembre 2022—L’ONUSIDA est vivement préoccupée par les combats opposant les forces gouvernementales aux rebelles dans l’est de la République démocratique du Congo. L’organisation craint qu’ils ne perturbent et ne nuisent gravement aux services de traitement, de prévention et de soins pour les personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus.

Dans les zones dépendant des établissements de santé de Rutshuru et Rwanguba où ont été signalés des combats intenses, le Programme national de lutte contre le sida (PNLS) au Nord-Kivu recense 1 155 personnes séropositives actuellement sous traitement, dont 102 femmes enceintes et 46 enfants. Ces derniers jours, de très nombreuses personnes ont fui ces zones face à l’escalade de la violence et la plupart ont pris la direction du sud vers Goma.

« Je me fais beaucoup de souci pour la santé et le bien-être des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, tant dans les zones de combat que dans les communautés accueillant les personnes déplacées. Certaines ont peut-être dû quitter leur domicile à la hâte sans avoir le temps de prendre leurs médicaments », a déclaré la directrice pays de l’ONUSIDA, Susan Kasedde. « Je suis particulièrement préoccupée par la situation des mères enceintes et allaitantes vivant avec le VIH et de leurs bébés. L’interruption du traitement pour ces mères aurait des conséquences catastrophiques pour leurs jeunes enfants. C’est une course contre la montre et nous devons faire tout notre possible pour trouver rapidement ces femmes et les renvoyer vers les services de soins. »

L’ONUSIDA collabore étroitement avec les responsables de programmes nationaux de lutte contre le VIH, les groupes de la société civile, les organisations communautaires, ainsi qu’avec l'ensemble des partenaires pour établir une riposte face à la situation d’urgence actuelle.

Les activités suivantes sont prioritaires :

  • Recenser le nombre de personnes vivant avec le VIH actuellement sous traitement afin de connaître et de planifier les besoins dans les communautés touchées par les combats de Rutshuru et Rwanguba et dans les communautés d’accueil
  • Mener une évaluation avec des partenaires humanitaires pour permettre l’intégration des services anti-VIH dans une riposte conjointe. Cela passe par la collaboration avec des agences partenaires des Nations Unies, notamment l’UNOCHA, l’UNICEF, le PAM, l’UNFPA et le HCR, pour recueillir des informations auprès d’organisations de la société civile afin de comprendre les besoins et les capacités à la fois dans les zones touchées par les conflits et au sein des communautés accueillant des personnes déplacées
  • Reconstruire les réseaux d’aide aux communautés en contactant les centres de liaison des organisations de la société civile, des organisations communautaires telles que les associations de marraines et les prestataires de services. Le but étant de créer un réseau capable d’aider à suivre et tracer les personnes vivant avec le VIH et de soutenir la continuité des services anti-VIH pour elles, y compris les services psychosociaux destinés aux victimes de violence sexiste et sexuelle, ainsi que l’aide alimentaire pour permettre la prise du traitement anti-VIH  
  • Soutenir les efforts au niveau communautaire pour garantir une communication plus efficace pour les personnes vivant avec le VIH et en lien avec la protection des droits des personnes vivant avec le VIH. L’ONUSIDA lutte également sans cesse pour renforcer l’intégration des besoins en matière de VIH dans les ripostes d’urgence.

L’organisation soutient pleinement les appels à la cessation immédiate des hostilités lancés par le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, et par l’Union Africaine.

 

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Variole du singe : le directeur pays de l’ONUSIDA au Nigeria explique comment les leçons tirées de la riposte au sida s’appliquent

24 août 2022

Dr Leo Zekeng, directeur pays et représentant de l’ONUSIDA au Nigeria, explique comment les leçons tirées de la riposte au sida s’appliquent à celle de la variole du singe.

Dr Zekeng a déclaré :

« La variole du singe est endémique au Nigeria. Nous avons constaté ces dernières semaines une hausse significative des cas suspects et confirmés. Le rapport de situation du 7 août publié par le Nigeria Center for Disease Control (NCDC) indique qu’en 2022, plus de 473 cas suspects ont été recensés (dont 407 depuis le 30 mai). Parmi eux, 172 sont confirmés (dont 151 depuis le 30 mai).  Les données hebdomadaires les plus récentes (du 1er au 7 août) indiquent 60 cas suspects en une semaine, dont 15 confirmés.

Le gouvernement nigérian, les organisations de la société civile, les partenaires de développement et les Nations Unies collaborent pour répondre à l’augmentation des cas suspectés et confirmés de variole du singe au Nigeria. Le 26 mai 2022, le Nigeria Centre for Disease Control and Prevention (NCDC) a mis en place un centre national multisectoriel d’opérations d’urgence dédié à la variole du singe afin de renforcer et de coordonner les activités de riposte en cours dans le pays tout en contribuant à la riposte mondiale.

Les leçons que nous avons tirées de la riposte au sida s’appliquent à la variole du singe Au Nigeria, la stigmatisation sociale et les inégalités générales dans l’accès aux médicaments essentiels, y compris aux vaccins, entravent la riposte à cette nouvelle épidémie.

Le personnel local des états fédéraux les plus touchés rapporte que la stigmatisation, associée à des réactions dans le monde entier accusant les gays de propager la variole du singe, empêche certaines personnes de demander des soins. Le personnel local signale des cas où des personnes ont trop peur d’accéder aux soins médicaux à cause de la stigmatisation. Les responsables de la santé publique s’efforcent de sensibiliser le personnel des établissements de santé à la lutte et à la prévention contre cette forme de stigmatisation. Des fonctionnaires du ministère fédéral de la Santé se lancent également dans des efforts d’information des communautés sur la variole du singe, en insistant sur l’identification des symptômes, la prévention et la nécessité de se faire dépister.

Le manque criant de médicaments essentiels freine également la riposte nationale à la variole du singe. Il est nécessaire d’encourager le renforcement des livraisons de médicaments, d’équipements et de matériel de collecte d’échantillons. Contrairement aux États-Unis et à l’UE, le Nigeria ne dispose d’aucun stock de vaccins contre la variole du singe. Dans les zones touchées, un sentiment de frustration monte parmi la population qui se sent laissée pour compte par le reste du monde. Il faut lutter de toute urgence contre cette inégalité dans l’accès aux vaccins et aux autres médicaments essentiels en partageant les doses, les droits de production et le savoir-faire.

Il est essentiel de soutenir la lutte contre la stigmatisation et de permettre l’accès aux médicaments essentiels afin de s’assurer que toutes les personnes touchées par la variole du singe au Nigeria reçoivent les soins dont elles ont besoin. Soutenir la riposte au Nigeria, c’est participer au succès de la riposte mondiale. »

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Contact

UNAIDS Geneva
Charlotte Sector
tél. +41 79 500 86 17
sectorc@unaids.org

Notre action

Variole du singe

En République démocratique du Congo, Thérèse Omari maintient son engagement pour mettre fin au sida et offrir une vie digne et harmonieuse aux personnes vivant avec le VIH

28 juillet 2022

« Nous sommes là, nous ne baissons pas les bras ». Ce sont les mots encourageants de Thérèse Omari, une activiste engagée depuis plus de 20 ans dans la lutte contre le sida au sein de la fondation Femme Plus dont elle est la cofondatrice et la Directrice nationale en République démocratique du Congo.

Femme Plus, fidèle à sa devise « vie positive », œuvre pour l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. « L'objectif est avant tout que nos bénéficiaires vivent en harmonie avec eux-mêmes, avec leur entourage et avec leurs croyances », explique Mme Omari.

Pour cela, la fondation assure l’accompagnement psychosocial des personnes vivant avec le VIH ou affectées par le virus grâce à des services de conseils, de soins et d’assistance. Femme Plus mène aussi de nombreuses activités au sein des communautés afin de libérer les personnes vivant avec le VIH du poids de la stigmatisation. « Il y a encore beaucoup à faire pour changer les comportements à l’égard des personnes vivant avec le VIH », regrette Mme Omari. En République Démocratique du Congo, la stigmatisation liée au VIH est encore très présente, notamment en milieu communautaire. « Beaucoup de personnes vivant avec le VIH déclarent ne plus participer à des réunions de famille et autres évènements, de peur d’être discriminées. Il est alors primordial que les personnes qui se présentent à Femme Plus se sentent considérées comme des personnes normales ayant des droits et des obligations », explique-t-elle. Afin de faire évoluer les consciences, la fondation met en place des ateliers destinés à apporter aux communautés les connaissances nécessaires pour mieux accompagner une personne vivant avec le VIH, sans la mettre à l’écart ni la traiter différemment.

Mme Omari déplore également la persistance de la stigmatisation et de la discrimination dans les milieux de soins malgré les nombreuses formations sur le VIH destinées au personnel soignant. Elle reçoit notamment des témoignages de femmes enceintes ayant été diagnostiquées positives au VIH dans une structure et souhaitant accoucher dans un autre centre de soin, de peur d’être stigmatisées et traitées différemment. Ce phénomène est problématique puisqu’il peut nuire à une prise en charge adaptée de la mère et du nourrisson.

Mettre fin à la discrimination et assurer la protection des droits des personnes vivant avec le VIH est donc l’une des priorités de Femmes Plus pour les aider à s’affirmer et faire les bons choix en ce qui concerne leur santé. « Nous encourageons les personnes vivant avec le VIH à se prendre en charge, à parler de ce qui ne va pas, pour leur propre bien », nous dit Mme Omari.

Mme Omari nous interpelle aussi sur d’autres obstacles à la riposte au sida. Le manque d’accès à la prévention et aux traitements, le faible taux de personnes ayant une charge virale indétectable, font partie des points faibles de la lutte en République démocratique du Congo. « Tout le monde n’a pas accès au dépistage. Il y a encore des personnes porteuses du VIH qui vivent dans l’anonymat », alerte Mme Omari.

Pour pallier ce manque, la fondation Femme Plus intervient auprès des dirigeants communautaires pour leur enseigner comment rester en bonne santé avec le VIH. Parmi d’autres activités, elle agit également auprès des femmes en âge d'être enceintes ou allaitantes en leur apportant les connaissances nécessaires pour protéger leurs bébés et ainsi mettre fin à la transmission verticale.

« Tant qu’il y aura des personnes qui ne connaissent pas leur statut sérologique, qui n’ont pas accès aux traitements et qui n’ont pas atteint une charge virale indétectable, la lutte de la fondation Femme Plus aura toujours un sens » insiste Mme Omari.

Elle termine en précisant que la lutte contre le sida en République démocratique du Congo s’opère dans un contexte où les ressources sont limitées. « La population locale doit s’approprier les activités de prise en charge psychosociale et de prévention pour faire du VIH un enjeu électoral », explique-t-elle. Dans l’attente de financements plus conséquents de la part de l'Etat et d’une meilleure traçabilité des fonds, les services dirigés par les communautés ont un rôle crucial à jouer auprès des personnes vivant avec le VIH. Ils sont au cœur de la lutte contre le sida, plaidant pour l'accès à la prévention et aux soins vitaux, appelant au respect des droits humains et répondant aux besoins spécifiques de leurs bénéficiaires. Leur appui est donc crucial pour relever les défis de la lutte contre le VIH et mettre fin au sida d’ici 2030.

Martine Somda, activiste engagée dans la lutte contre le VIH au Burkina Faso, poursuit son combat pour défendre les droits des personnes vivant avec le VIH

26 juillet 2022

Mme Martine Somda Dakuyo a 34 ans lorsqu’elle est diagnostiquée positive au VIH. Cette annonce, qu’elle décrit comme traumatisante, bouleverse soudainement tous les espoirs et projets de cette mère de quatre enfants. « J’ai beaucoup souffert de la peur de mourir prématurément et dans des conditions déplorables » explique-t-elle. Malgré un profond sentiment de colère et d’injustice, elle parvient finalement à accepter son statut et va même jusqu'à le rendre publique dans les médias pour encourager les personnes vivant avec le VIH à s’accepter et obtenir de l’aide.

Aujourd’hui, grâce à ses traitements qui contrôlent sa charge virale et la maintiennent en bonne santé, Martine peut espérer vivre une vie heureuse et productive. Elle est l’une des pionnières de la lutte contre le sida au Burkina Faso avec près de 29 ans de combat aux côtés de l’ONG Responsabilité Espoir Vie Solidarité (REVS+). Cette association, dont elle est l’initiatrice et la Présidente du Conseil d’Administration, œuvre en faveur de la prévention du VIH, la prise en charge des personnes exposées au virus et la promotion de leurs droits humains.

« La lutte contre le sida en Afrique de l’Ouest et du Centre reste une urgence sanitaire » alerte Mme Somda. Bien que le taux de prévalence du VIH s’élève à 0,7% au Burkina Faso, Mme Somda nous interpelle sur la situation des populations clés, davantage exposées aux dangers du VIH, et sur les raisons qui conduisent à cette triste réalité. Elle évoque notamment le contexte politique et sécuritaire de la région, les propositions de lois discriminatoires à l’égard des populations clés et la faible implication des personnes affectées par le VIH dans la lutte contre le sida comme obstacles à une prise en charge effective.

Afin de préserver les populations clés des dangers liés au VIH, Mme Somda a pour ambition de permettre l’accès universel aux méthodes de prévention, lesquelles sont un aspect crucial de la lutte contre le sida.

« Se concentrer sur l’accès effectif à la santé et aux droits des personnes en situation de rejet social et de criminalisation, c’est le défi auquel la lutte contre le sida devra répondre », affirme-t-elle.

Pour parvenir à un accès universel aux services de prévention, de soins et de suivi, Mme Somda préconise, entre autres, une plus grande implication des personnes affectées par le VIH dans l’élaboration des stratégies nationales de lutte contre le sida, une meilleure reconnaissance des actions menées sur le terrain et l’élimination des inégalités sociales et économiques qui alimentent l’épidémie.

En outre, Mme Somda nous fait part de ses préoccupations concernant le conservatisme et les pressions culturelles, religieuses et traditionnelles, qui favorisent la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH.  Cette discrimination se manifeste sous diverses formes ; par des attaques verbales ou physiques, des menaces, du harcèlement, des arrestations arbitraires, observe-t-elle. De tels comportements sont dangereux et représentent un obstacle majeur à la lutte contre le sida puisqu’ils découragent les personnes vivant avec le VIH à se tourner vers les services appropriés. Il est ainsi urgent de mettre fin à ces violences pour créer un climat favorable au respect et à la protection des droits des personnes vivant avec le VIH. Instaurer un discours plus inclusif, sans préjugés discriminatoires et erronés, permettra une réponse plus efficace et guidée par des valeurs de respect, d'intégrité et d'égalité.

C’est dans cette dynamique que REVS+ a mis en place en 2015 des ateliers et formations destinés aux décideurs, dirigeants religieux et coutumiers, professionnels de santé, police et médias. L'objectif de ces activités est avant tout de dénoncer les stéréotypes autour des personnes vivant avec le VIH et de mettre fin à la discrimination.

« La contribution des services communautaires à la réponse au VIH est connue et avérée, en cela qu’elle vient en complémentarité des services offerts par le système sanitaire public », explique Mme Somda. Assurer la continuité de leurs activités, et permettre au plus grand nombre d'en profiter est une nécessité pour lutter efficacement contre le sida dans la région. C’est notamment grâce à la résilience des réseaux comme REVS+, qui ont assuré le maintien des activités de prévention et des services de prise en charge des personnes affectées par le VIH, que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH a pu être minimisé.

Enfin, pour garantir l’efficacité de la lutte contre le sida dans la région, et plus particulièrement au Burkina Faso, Mme Somda espère voir des financements plus conséquents et « davantage orientés sur le terrain, sur l’alignement des politiques, des stratégies et en accord avec les besoins des groupes marginalisés ».

Grâce à cet échange avec Mme Somda, nous constatons une nouvelle fois que le chemin à parcourir est encore long pour mettre fin au sida dans la région. Cet objectif est toutefois à portée de main si l'ensemble des acteurs de la riposte au VIH travaillent conjointement à l'élaboration de stratégies multi-sectorielles. La mise en œuvre de mesures permettant un accès universel aux services de prévention, l'élimination des inégalités et des stéréotypes liés au VIH ainsi qu’une meilleure gestion des investissements sont des priorités incontournables pour mettre fin au sida d'ici 2030.

Samba Peuzzi, chanteur populaire et engagé, appelle à mettre fin aux infections à VIH parmi les enfants

16 juin 2022

Dans son studio d’enregistrement, Samba Peuzzi discute avec ses musiciens avec son énergie habituelle. Il est l’une des stars montantes de la scène musicale Sénégalaise. Une côte grandissante, des concerts à tout va, des millions de suiveurs sur les réseaux sociaux, Samba est un artiste que les jeunes au Sénégal et en Afrique de l’Ouest admirent et respectent. Ses paroles ont de l’impact et ses opinions comptent aux yeux de ses fans. 

Samba, c’est aussi un homme concerné par les défis auxquels fait face son pays, un homme indigné par le malheur de toutes ces personnes qui manquent encore de tout.  

C’est ce qui a poussé le chanteur à s’engager avec l’ONUSIDA pour lutter contre le VIH au Sénégal et dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Notamment, ce qui lui tient le plus à cœur, c’est de mettre fin au VIH pédiatrique dans le pays et la région. Il décide donc de prêter sa voix à cette cause à l’occasion de la journée internationale de l’enfant Africain.  

Malgré son agenda chargé, Samba fait une pause et enregistre un message adressé à la jeunesse au Sénégal et dans la région. Il les met en garde contre la complaisance et leur demande de ne pas oublier le sida, qui fait encore des ravages et cause une mort par minute dans le monde. « Dans la région, 4,7 millions de personnes vivent avec la maladie et 150,000 personnes sont mortes de causes reliées au sida en 2020 », explique-t-il. « Nous ne serons à l’abri qu’une fois que tout le monde sera à l’abri ». Il rappelle l’importance du dépistage et insiste particulièrement sur la question des enfants, souvent laissés de côté et livrés à eux-mêmes. 

En 2020, 24% des enfants infectés par le VIH vivaient en Afrique de l’Ouest et du Centre, où le taux de dépistage des bébés à la naissance est le plus faible au monde. La même année, environ 39 000 enfants et adolescents entre 0 et 14 ans sont décédés de maladies liées au sida dans la région—cela représente 39% des décès globaux pour cette tranche d’âge. Samba ajoute que la transmission verticale du virus est la plus élevée au monde, une transmission qui peut être prévenue grâce à la prise de traitements adaptés. « Nous devons faire mieux ! Engageons-nous ! » insiste-t-il.  

Pour l’ONUSIDA, collaborer avec des artistes comme Samba revêt une importance toute particulière. “Peu de gens doutent du bien-fondé de nos messages”, explique Patrick Brenny, Directeur Régional de l’ONUSIDA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. “Le sida est un problème qui doit être résolu, tout le monde peut s’accorder sur cela. Mais faire en sorte que ce message parvienne aux bonnes personnes, là est la difficulté. Samba Peuzzi, grâce à sa visibilité et le respect que les jeunes ont pour lui, nous aide à les sensibiliser, et à les inviter à s’impliquer dans le combat contre le VIH. C’est une action essentielle.” 

Le message de Samba Peuzzi place les jeunes devant une réalité douloureuse, mais a également le pouvoir de susciter une prise de conscience porteuse d’espoir. Il rappelle aux jeunes qu’aujourd’hui, on peut mener une vie normale et productive avec le VIH. Un dépistage précoce constitue le point de départ pour vivre longtemps et en bonne santé avec le VIH en accédant rapidement à un traitement qui peut arrêter l’évolution et la transmission du virus. « Le sida, on n’a plus besoin d’en mourir de nos jours », dit Samba. De plus, découvrir que l’on vit avec le VIH ne signifie pas que l’on doit renoncer à une vie affective et sexuelle épanouie, ou que l’on ne peut plus envisager d’avoir des enfants. 

Alors que la région fait face à des crises multiples, liées à la COVID-19, le conflit en Ukraine et la flambée des prix, il est indispensable de maintenir les efforts investis dans la réponse au VIH et rétablir au plus vite l’accès au dépistage et au traitement. Avec Samba, on regarde vers l’avenir avec une note d’optimisme et d’ambition.  

Retrouvez les clips de Samba Peuzzi sur nos plateformes Twitter, Facebook et  Instagram ainsi que sur les chaines de Trace Sénégal à la télévision et à la radio.

Au Sénégal, de jeunes personnalités féminines demandent d’améliorer l’éducation de leurs pairs

24 mai 2022

Dans le cadre de l’initiative Education Plus, de jeunes militantes sénégalaises ont rencontré des femmes influentes de la région pour discuter de l’éducation des filles en Afrique subsaharienne et des défis auxquels elles sont confrontées.

Une étudiante en deuxième année de formation professionnelle en travail social, a déclaré que les jeunes femmes qui, comme elle, vivent avec le VIH sont toujours confrontées à la stigmatisation et à la marginalisation économique dans la plupart des domaines de la vie. « Parfois, les médicaments ne sont pas disponibles en stock et il n’est pas rare que les jeunes femmes vivant avec le VIH doivent partager leurs médicaments entre elles en attendant la prochaine livraison. » Selon cette étudiante, l’éducation garantit un meilleur avenir aux jeunes, tout comme elle l’a aidée à surmonter les défis auxquels elle est confrontée en raison de son statut sérologique et de son enfance difficile.

Une autre participante, Maah Koudia Keita (connue sous le nom de Lady Maah Keita), une musicienne sénégalaise albinos, a déclaré que les femmes atteintes d’albinisme étaient victimes de harcèlement et que la majorité d’entre elles sont la cible de viol et de violence sexuelle.

Elle est l’une des trois bassistes professionnelles en Afrique et la seule au Sénégal. Elle a déclaré : « les gens comme moi qui ont eu la chance d’aller à l’école ont maintenant le devoir de détruire les idées reçues sur les femmes albinos, surtout celles qui favorisent la violence. » Selon Mme Keita, plus le niveau d’éducation et de sensibilisation de la communauté augmentera, plus les femmes et les personnes albinos auront les moyens de se défendre.

Au cours de la réunion, Adama Pouye, militante féministe et membre du collectif féministe sénégalais qui a mené le mouvement Buul Ma Risu (Laisse-moi tranquille), a abordé longuement la question de la sensibilisation sur les agressions sexuelles dans les transports en commun.

« La violence verbale est omniprésente et les femmes finissent par croire qu’elles l’ont bien méritée », a-t-elle déclaré. « On vous fixe des limites en se fondant sur des normes mises en place par une société patriarcale, par des hommes et par des normes religieuses, mais notre religion ne peut pas être interprétée de manière à opprimer les femmes », a continué Mme Pouye.

Les jeunes femmes sont des relais essentiels à l’initiative Education Plus. Cette dernière travaille avec elles pour rassembler les leaders politiques, les partenaires de développement et les communautés afin que le droit à l’éducation et à la santé de chaque adolescente soit respecté en permettant à toutes les filles de suivre une éducation secondaire de qualité sans être exposées à des violences.

Comme l’a souligné lors de la réunion la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima : « les filles sont très vulnérables ici en Afrique occidentale et centrale. »

Elle a également expliqué que quatre jeunes femmes sur dix sont mariées avant leurs 18 ans et que le mariage des enfants est une grave violation de leurs droits et qu’il empêche les filles de développer leur plein potentiel.

« La scolarisation des filles jusqu’à la fin de l’école secondaire est un levier de protection des filles contre le VIH. Nous avons lutté par le passé pour l’école primaire et nous avons réussi. Nous devons maintenant en faire de même pour l’école secondaire », a expliqué Mme Byanyima.

La secrétaire exécutive adjointe du Conseil national de lutte contre le sida au Sénégal, Fatou Nar Mbaye Diouf, a abondé en ce sens. « Nous savons qu’en permettant aux filles de finir leur éducation secondaire, cela les protège du VIH et améliore de nombreux autres facteurs de santé et de développement, » a-t-elle déclaré.

Communiquant des chiffres clés du Sénégal, Mme Nar a indiqué que le niveau de connaissances complètes sur le VIH augmentait avec le niveau d’éducation. « Parmi les jeunes femmes, il est de 10 % chez les personnes sans éducation et de 41 % chez les personnes avec une éducation secondaire ou supérieure, tandis que parmi les jeunes hommes, la connaissance du VIH varie de 9 % chez les personnes sans éducation à 51 % avec éducation », a-t-elle déclaré. « L’éducation est essentielle. »

La directrice régionale pour l’Afrique occidentale et centrale de l’ONU Femmes, Oulimata Sarr, a conclu cette réunion intergénérationnelle en déclarant que l’éducation des filles n’était pas une menace et ne devait pas non plus être considérée comme telle. « Nous voulons changer le paradigme et le changer avec les jeunes femmes », a-t-elle déclaré.

Mme Sarr souhaite que la prochaine génération soit soutenue dans ses revendications pour être davantage entendue dans la prise de décision. « Nous devons passer le flambeau aux jeunes qui disposent d’autres formes d’organisation que nous, créer un héritage intergénérationnel avec des jeunes qui nous demanderont des comptes. »

Pages