Reportage
Des jobs chics pour les personnes vivant avec le VIH
02 février 2007
02 février 200702 février 2007En Algérie, la mode la plus récente, les couleurs les plus ‘in’ et les coupes les plus branchées
En Algérie, la mode la plus récente, les couleurs les plus ‘in’ et les coupes les plus branchées vont être au cœur d’une initiative liée au sida et destinée à aider les personnes vivant avec le VIH à retrouver un travail.
L’Association algérienne des personnes vivant avec le VIH, El Hayet, a lancé un projet pilote à l’intention des séropositifs, dans le cadre duquel les participants seront formés à la production de vêtements de haute couture et de prêt-à-porter.
La formation est conçue et dirigée par un couturier professionnel et le cours permettra aux participants d’apprendre les méthodes et techniques de l’industrie de la mode, notamment, le dessin, la coupe, le stylisme et la couture. Les candidats qui réussiront le cours pourront obtenir une reconnaissance officielle de leur nouveau métier auprès de la Chambre nationale du commerce et de l’artisanat.
« La société algérienne peut être impitoyable, » déclare Zohira Merah, présidente d’El Hayet. « Mais les personnes vivant avec le VIH ont le droit de travailler, d’être créatives et de subvenir à leurs besoins, sans avoir à dépendre de dons ou de charité, » ajoute-t-elle.
Le programme sur 12 mois a commencé en septembre 2006, avec l’appui du Secrétariat de l’ONUSIDA et de deux Coparrainants de l’ONUSIDA, l’OIT et le PNUD. Le projet a été rendu possible par des subsides du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
L’initiative offre des possibilités économiques novatrices aux participants qui seront payés pendant les 12 mois de leur formation. En outre, tous les vêtements créés pendant l’année seront vendus et les fonds provenant de leur vente utilisés pour aider des personnes vivant avec le VIH en Algérie. « Le volet économique du projet contribuera d’une part à attirer de nouveaux candidats et d’autre part à faire en sorte que ces personnes restent motivées pour élaborer des plans de carrière à plus long terme, » déclare Zohira Merah.
« Dans ce monde, nous devons apprendre à nous débrouiller, c’est pourquoi je me suis inscrite, » indique l’une des participants. « Il est difficile de trouver un emploi dans la société d’aujourd’hui, en particulier pour une femme. Je vis avec le VIH depuis 12 ans et ce cours me donne une chance de prendre le contrôle de ma vie et d’être indépendante. Lorsque je l’aurai terminé, je serai en mesure de transmettre ce que j’ai appris à d’autres personnes vivant avec le VIH ou affectées par le virus, et c’est très gratifiant, » ajoute-t-elle.
A la fin du cours, les personnes vivant avec le VIH auront la possibilité d’accéder à une indépendance économique durable grâce à l’accord signé entre l’Agence nationale de gestion du microcrédit et El Hayet. Des formateurs spécialisés aideront les participants intéressés ayant réussi le cours à présenter une demande de microcrédit allant de 400 à 5500 dollars remboursable sur cinq ans maximum.
« Ce projet est un bel exemple d’application du principe de la participation accrue des personnes vivant avec le VIH, » indique Andy Seale, Chef des Partenariats avec la société civile à l’ONUSIDA. « Des solutions à plus long terme du type de cet atelier en Algérie sont un élément essentiel de la riposte au sida, » ajoute-t-il.
« Avec la généralisation de la thérapie antirétrovirale qui permet de prolonger la vie, nous devons de plus en plus assurer aux personnes vivant avec le VIH des occasions d’exprimer tout leur potentiel de membres de la société productifs et indépendants sur le plan économique. Cela signifie souvent une réintégration dans le monde du travail, mais ce processus peut être difficile étant donné la stigmatisation et la discrimination qui entourent encore l’infection à VIH. Ce projet montre bien comment on peut, en réfléchissant, faciliter ce processus, » estime Kate Thomson, Conseillère en matière de partenariats à l’ONUSIDA.