Reportage
La riposte internationale prend insuffisamment en compte la vulnérabilité au sida des populations autochtones
10 juin 2010
10 juin 201010 juin 2010La conclusion du Rapport final du 5e dialogue international sur les politiques du Canada est claire : les populations autochtones doivent être identifiées en tant que groupe prioritaire au sein de la riposte au VIH. Ce rapport milite aussi pour une meilleure intégration des populations autochtones dans la riposte internationale au sida.
En collaboration avec l’Agence de la santé publique du Canada et l’ONUSIDA, Santé Canada a tenu un dialogue international sur les politiques concernant le VIH/sida et les populations autochtones à Ottawa, Canada, en octobre 2009. Le dialogue a fourni une tribune pour discuter de l’impact du VIH sur les populations autochtones et pour étudier comment aller de l’avant au niveau du développement de la recherche, des politiques et des programmes.
Le rapport final qui a été rédigé à la suite de ce dialogue indique que la relation entre le VIH et les populations autochtones n’obtient pas l’attention escomptée au niveau international en dépit du fait que ces populations sont particulièrement vulnérables à l’infection à VIH.
Le rapport recense les modes de transmission chez les hommes et les femmes autochtones, y compris une augmentation de la proportion de nouveaux diagnostics de VIH parmi les populations autochtones, des taux élevés de transmission du VIH parmi les femmes autochtones – en particulier dans les pays en développement, et une infection par le VIH à un plus jeune âge chez les populations autochtones (comparativement aux populations non autochtones) dans certains pays.
Compte tenu de ces vulnérabilités, le rapport milite pour que les populations autochtones soient identifiées en tant que groupe prioritaire. Il invite aussi les pays à élaborer des stratégies nationales axées sur le VIH et les populations autochtones, et à plaider pour que les organisations de services en rapport avec le sida développent des services adaptés au plan culturel aux populations autochtones en partenariat avec les représentants de leurs communautés.
Recensant les limites des systèmes actuels de surveillance et de collecte de données, le rapport remarque que les populations autochtones sont très souvent invisibles dans les statistiques publiées. Il étudie aussi comment faire pour mieux exploiter les instruments de politique internationaux, tels que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) et la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (Convention sur les populations tribales et autochtones).
Le rapport salue la création d’un Groupe de travail international des populations autochtones sur le VIH/sida (GTIPAVS) dont les participants ont exprimé, pendant le dialogue, l’idée qu’il pourrait unifier la voix des populations autochtones. Il recommande que le GTIPAVS tienne une réunion annuelle, en commençant par préparer la participation des populations autochtones avant et pendant la XVIIIe Conférence internationale sur le sida de Vienne en 2010.
L’ONUSIDA observe que plusieurs facteurs de risque importants qui rendent les personnes et les communautés particulièrement vulnérables au VIH sont présents au sein de nombreuses populations autochtones du monde entier. Ces facteurs incluent une absence de pouvoir politique et social, les désavantages socio-économiques (dont la pauvreté, un faible niveau de scolarité et, par conséquent, un faible taux d’alphabétisme en matière de santé), ainsi qu’une stigmatisation et une discrimination liées à la race, à la sexualité et au statut sérologique VIH.
Cinquante parties prenantes environ ont participé au dialogue de trois jours, notamment des personnes de Nouvelle-Zélande, d’Australie, d’Amérique du Nord, centrale et latine, de communautés et de réseaux de populations autochtones, et d’organisations gouvernementales et non gouvernementales.