Reportage

Étude qualitative pour raconter les histoires qui se cachent derrière les chiffres relatifs aux femmes et au VIH en Amérique latine

29 avril 2011

Des participantes à la première réunion consacrée au lancement d’une étude sur la « vulnérabilité des femmes vivant avec le VIH en Amérique latine et dans les Antilles hispanophones ».

Les femmes d’Amérique latine qui vivent avec le VIH et en sont touchées se sont récemment réunies au Panama pour identifier les outils et méthodologies nécessaires pour mener leur propre étude sur la « vulnérabilité des femmes vivant avec le VIH en Amérique latine et dans les Antilles hispanophones ».

Les vingt participantes sont membres du Mouvement des femmes d’Amérique latine et des Antilles qui vivent avec le VIH et refusent que leur vie soit uniquement représentée par des graphiques et des chiffres. Elles ont donc entamé une étude qualitative sur la vulnérabilité et la diversité des femmes qui vivent avec le VIH dans 13 pays d’Amérique latine et Cuba.

« Nous souhaitons que cette étude qualitative raconte les histoires que les chiffres ne disent pas », déclare Marcela Alsina, directrice du Mouvement des femmes vivant avec le VIH. « Il s’agit d’une étude que nous avons menée, pour nous, afin de demander un changement de politique, des financements et une participation des femmes. Nous en avons assez de faire l’objet d’études qui finissent au fond d’un tiroir. La réussite de cette étude ne dépend que de nous. Si nous la rangeons au fond d’un tiroir, ce sera comme si nous y rangions nos vies. »

Il s’agit d’une étude que nous avons menée, pour nous, afin de demander un changement de politique, des financements et une participation des femmes.

Marcela Alsina, directrice du Mouvement des femmes vivant avec le VIH

L’étude comprendra trois volets. Premièrement, une cartographie des politiques existantes et des lois en vigueur en faveur de la promotion et de la protection de la femme. Deuxièmement, une évaluation du nombre de femmes vivant avec le VIH qui participent aux ripostes nationales au sida. Troisièmement, des entretiens approfondis avec des femmes vivant avec le VIH, appartenant à plusieurs tranches d’âge et ayant des conditions de vie différentes, notamment les femmes les plus vulnérables à la contamination, telles les migrantes et les femmes déplacées, les détenues et les consommatrices de drogues. Ces entretiens permettront d’établir les différents éléments qui rendent les femmes vulnérables et les exposent au VIH.

L’ONUSIDA appuie cette étude dans le cadre des efforts régionaux déployés pour mettre en œuvre l’Agenda pour une action accélérée au niveau des pays en faveur des femmes, des filles et de l’égalité des sexes et du VIH axé sur les droits et besoins des femmes et des filles et qui met en valeur les opportunités de travail avec les réseaux de femmes vivant avec le VIH.

« Cette étude nous fournira des informations et des données stratégiques nous permettant d’être les actrices des ripostes de nos pays », a déclaré Gracia Violeta Ross, du Réseau bolivien des personnes vivant avec le VIH (REDBOL).

Mme Alsina est l’une des 550 000 femmes d’Amérique latine vivant avec le VIH, d’après les estimations. Le nombre d’infections au VIH a augmenté chez les femmes de la région. Les participantes à la réunion ont dit combien il fallait compléter les normes actuelles de prévention du VIH en mettant l’accent sur la diminution des comportements à risques individuels par des démarches visant à réduire la vulnérabilité à l’infection au VIH.

D’après les membres du Mouvement, les démarches visant à la diminution des comportements à risques individuels, par exemple la réduction du nombre de partenaires et l’augmentation de l’utilisation des préservatifs sont insuffisantes. La riposte au VIH n’est pas dotée de suffisamment de programmes pour réduire la vulnérabilité des femmes au VIH, notamment la réduction de la pauvreté, l’augmentation de l’accès à l’éducation des femmes, des services intégrés en matière de santé sexuelle et de santé génésique, des services non-discriminatoires pour les femmes séropositives et l’élimination de toute forme de violence sexuelle. Des stratégies sur le long terme et intégrées sont nécessaires pour lutter contre ces éléments.

« Il est nécessaire qu’un mouvement en faveur de la justice sociale existe. Nous avons également besoin d’une place autour de la table pour changer les situations qui rendent toutes les femmes vulnérables », a déclaré Nadine Gasman, directrice de la campagne du Secrétaire général de l’ONU intitulée Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes dont l’objectif est de prévenir et d’éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles dans le monde entier.

La nouvelle stratégie de l’ONUSIDA pour 2011-2015 prône la tolérance zéro en matière de violence sexuelle et de discrimination. Le directeur de l’équipe ONUSIDA d’appui aux régions, César Núñez, insiste sur le fait qu’il faut placer les hommes et les femmes vivant avec le VIH au cœur de la riposte au sida.