Reportage
De l’isolement à l’intégration : un projet rwandais transforme la vie des femmes
24 mars 2011
24 mars 201124 mars 2011En 2004, deux sœurs du Rwanda ont lancé une initiative « trade-not-aid » (« Le commerce, pas la charité ») qui produit des objets artisanaux haut de gamme. Après de modestes débuts, avec seulement 20 artisans installés dans le village reculé de Gitarama, le réseau Gahaya Links s’est étendu à plus de 5 000 tisserands implantés à travers le pays.
La plupart des employés de Gahaya Links sont des femmes qui ont perdu leur mari et leurs enfants lors du génocide rwandais de 1994. Elles sont nombreuses à être séropositives. Le revenu qu’elles gagnent par leur travail leur permet d’assurer l’alimentation, l’éducation et les soins médicaux de leur famille.
« Cette initiative montre ce qu’est le développement dans la pratique », a déclaré le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, lors de sa visite mardi au siège de Gahaya Links à Kigali. « Ce projet réussit également à restaurer la dignité des personnes vivant avec le VIH », a-t-il ajouté. Lors de sa visite guidée consacrée à ce projet, M. Sidibé a pu voir de près la large gamme de produits artisanaux proposés à la vente, qui incluent des paniers tressés aux couleurs chatoyantes et des colliers en perles de verre.
Gahaya Links organise des séances de prévention contre le VIH pour ses employés et ses équipes, avec la participation de partenaires nationaux et de centres de soins, afin d’assurer l’accès des femmes aux traitements antirétroviraux et aux soins. Ce programme suscite un climat de soutien, de coopération et de confiance mutuelle parmi les personnes vivant avec le VIH.
Joy Ndugutse, co-fondatrice de Gahaya Links, a indiqué à M. Sidibé que le projet transforme la vie des femmes vivant avec le VIH. « Ces femmes sont maintenant plus fortes et ont plus d’assurance », a-t-elle déclaré, en ajoutant que beaucoup d’autres personnes pourraient profiter d’un tel soutien.
Gahaya Links collabore étroitement avec Same Sky, une entreprise new yorkaise, fondée par l’entrepreneur social Francine Le Frak, qui commercialise les produits d’artisanat rwandais sur le marché nord-américain. Les recettes réalisées sont réinvesties dans le développement des ventes dans d’autres régions du monde et pour employer davantage de femmes-artisans.
PrePex : un nouvel outil pour la prévention du VIH
Lors de son séjour à Kigali, M. Sidibé s’est rendu à l’hôpital public de Nyamata qui soigne une population d’environ 300 000 personnes. Cet hôpital a été sélectionné pour participer à une étude de sécurité sur une nouvelle méthode non chirurgicale de circoncision masculine appelée « PrePex ».
« L’aspect le plus intéressant du procédé « PrePex » est qu’il ne nécessite aucune intervention en salle d’opération », a déclaré le Dr Agnès Binagwaho, Secrétaire permanente au Ministère rwandais de la Santé. « Cette intervention peut être réalisée dans n’importe quel environnement propre. En outre, elle représente un coût modeste et ne requiert aucun personnel hautement qualifié ; une simple formation suffit », a-t-elle ajouté.
Des études ont montré que la circoncision de l’homme adulte réduit le risque de la transmission du VIH, effectuée de la femme à l’homme, d’environ 60 %. Les techniques existantes de circoncision masculine exigent du personnel médical hautement qualifié et des installations chirurgicales.
Lors de sa visite dans cet hôpital, M. Sidibé a salué les organismes de santé publique du Rwanda pour le travail qu’ils ont fourni en faveur de cette étude innovante. « Le procédé « PrePex » marque une révolution dans l’accélération de la prévention du VIH », a-t-il dit. Si des études approfondies confirment la sûreté et l’efficacité de « PrePex », il pourrait être reconnu comme outil médical et tripler le nombre de circoncisions masculines réalisées quotidiennement en milieu médical.