Reportage
Les femmes s’expriment : Le rôle des femmes vivant avec le VIH dans la lutte mondiale contre le sida
11 décembre 2012
11 décembre 201211 décembre 2012Dans un nouveau rapport intitulé Les femmes s'expriment, l'ONUSIDA étudie l'impact du VIH chez les femmes et le rôle majeur joué par les femmes qui vivent avec le virus dans l'éradication du sida. Ce rapport présente les données les plus récentes ainsi que les commentaires de militants de premier plan sur les sujets des femmes et du VIH.
Il inclut les déclarations de près de 30 femmes vivant avec le VIH qui ont donné leur avis personnel sur la manière dont l'épidémie affecte les femmes et dont ces dernières œuvrent activement pour réduire la propagation et l'impact du sida.
Le VIH continue d'avoir un effet disproportionné sur la vie des femmes. Il est toujours la première cause de mortalité pour les femmes en âge de procréer et les inégalités entre les sexes et les violations des droits des femmes persistent à rendre les femmes et les filles plus vulnérables au VIH et à les empêcher d'accéder aux services essentiels en matière de lutte contre le VIH.
« La réalisation de l'objectif de zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida nécessite une action accélérée en faveur des femmes et des filles », déclare Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA. « Les femmes doivent avoir accès à l'éducation et aux connaissances et être en mesure de se protéger contre le VIH. Nous devons être à l'écoute de leurs besoins et de leurs sentiments et transformer leurs mots en action. »
Chaque minute, une jeune femme contracte le VIH
Le taux d'infection chez les jeunes femmes de 15 à 24 ans est deux fois plus élevé que chez les jeunes hommes, ce qui souligne l'impact que le VIH a sur la vie des jeunes femmes. Cette disparité est la plus marquée en Afrique subsaharienne, où 3 % des jeunes femmes vivent avec le VIH.
Une éducation complète sur la sexualité pour tous les jeunes est essentielle pour qu'ils puissent se protéger du VIH, en particulier les jeunes femmes. Toutefois, le pourcentage de jeunes femmes qui peuvent identifier convenablement les différentes manières de prévenir le VIH est encore extrêmement faible dans de nombreux pays à forte prévalence du VIH.
« Aujourd'hui, près de 60 % des adultes vivant avec le VIH dans les régions les plus touchées sont des femmes ; nous devons donc agir rapidement », affirme Michelle Bachelet, Directeur exécutif ONU Femmes. « Pour que notre riposte soit plus efficace, il faut que les femmes impliquées dans les prises de décision soient plus nombreuses, que l'accès aux informations et aux services en matière de santé sexuelle et reproductive soit plus aisé et que la promotion et la protection des droits des femmes et des filles soient mieux mises en valeur. »
Les inégalités entre les sexes ont une influence déterminante sur le risque d'infection à VIH
Des progrès importants doivent être réalisés pour assurer l'égalité entre les sexes et le respect des droits et de la santé sexuelle et reproductive des femmes, et plus particulièrement de celles qui vivent avec le VIH. Des normes défavorables aux femmes et l'absence d'autonomisation économique rendent les femmes plus vulnérables à la contamination par le VIH par le biais d'une transmission par voie sexuelle.
« L'amélioration du statut social et économique des femmes et le renforcement de leur pouvoir de décision réduisent le risque d'infection à VIH », précise Jennifer Gatsi, Directrice exécutive du Réseau namibien pour la santé des femmes.
Pour que notre riposte soit plus efficace, il faut que les femmes impliquées dans les prises de décision soient plus nombreuses, que l'accès aux informations et aux services en matière de santé sexuelle et reproductive soit plus aisé et que la promotion et la protection des droits des femmes et des filles soient mieux mises en valeur
Michelle Bachelet, Directrice exécutive ONU Femmes
Les femmes marginalisées demeurent les plus touchées par le VIH
Les professionnels du sexe et les consommateurs de drogues sont particulièrement vulnérables au VIH. Lorsque le sexe sert de monnaie d'échange pour de l'argent ou de la drogue, les femmes n'ont souvent qu'une influence très limitée sur le port du préservatif. Les professionnelles du sexe sont 13,5 fois plus nombreuses à vivre avec le VIH que les autres femmes. Certains pays ont signalé un taux de prévalence du VIH supérieur à 20 % chez les professionnelles du sexe dans les capitales. Des études conduites dans neuf pays de l'Union européenne ont indiqué, en moyenne, une prévalence du VIH 50 % plus élevé chez les consommatrices de drogues injectables que chez les consommateurs masculins de ces produits.
Stopper les nouvelles infections chez les enfants et maintenir leurs mères en vie
Depuis que l'ONUSIDA a lancé le Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants à l'horizon 2015 et maintenir leurs mères en vie, les nouvelles infections chez les enfants en Afrique subsaharienne ont baissé de près de 25 % (2009 à 2011). Cela représente une progression considérable vers la réalisation de l'objectif de zéro nouvelle infection à VIH chez les enfants d'ici 2015.
Néanmoins, la stigmatisation et la discrimination ou la menace de ces dernières empêchent encore de nombreuses femmes d'accéder à des services de soins prénataux. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, quasiment deux femmes enceintes sur trois ne connaissent pas leur statut sérologique.
Il est essentiel de protéger les droits et la santé sexuelle et reproductive de toutes les femmes vivant avec le VIH. Cela inclut aussi leur droit d'accéder de façon volontaire et confidentielle au dépistage et aux conseils sur le VIH, à des informations précises et sans jugement et à des traitements et des services de qualité, et de porter leurs enfants dans un environnement sain, exempt de toute stigmatisation, discrimination et violence.
Droits et politiques visant à protéger les droits des femmes qui vivent avec le VIH
Les droits et les politiques devraient protéger les femmes et les filles. Toutefois, certains punissent, stigmatisent et exercent une discrimination à l'encontre des femmes qui vivent avec le VIH, créant ainsi un obstacle considérable à l'accès des femmes à des services en rapport tant avec le VIH qu'avec la réduction des risques. Le rapport souligne la nécessité de modifier les lois, les politiques, les programmes et les pratiques, et appelle les femmes à faire partie intégrante des processus décisionnels et de programmation.
L'amélioration du statut social et économique des femmes et le renforcement de leur pouvoir de décision réduisent le risque d'infection à VIH
Jennifer Gatsi, Directrice exécutive du Réseau namibien pour la santé des femmes
« Les femmes s'expriment » donne un aperçu détaillé des nombreux défis auxquels sont confrontées les femmes et en particulier celles qui vivent avec le VIH. Il offre en outre une vue d'ensemble de la manière dont les femmes façonnent la riposte au VIH et de l'importance de leur implication active dans la prise de décision et dans la programmation.
L'avant-propos de « Les femmes s'expriment » est signé Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michelle Bachelet, Directrice exécutive ONU Femmes et Jennifer Gatsi, Cofondatrice et Directrice exécutive du Réseau namibien pour la santé des femmes. Ce rapport a été présenté officiellement à la Mission polonaise de Genève le mardi 11 décembre 2012 par Igor Radziewicz-Winnicki, Sous-secrétaire d'État auprès du Ministère de la Santé polonais et Président du 31e CCP, et Son Excellence Remigiusz A. Henczel, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, Représentant permanent de la République de Pologne auprès du Bureau des Nations Unies et d'autres organisations internationales à Genève.