Reportage

Le lancement du réseau de leadership des femmes africaines a pour vocation de faire progresser l'égalité des sexes et la riposte au sida

24 mai 2012

Son Excellence le président du Zimbabwe Robert Mugabe s'adresse aux participants lors de l'ouverture de la réunion du Réseau africain de femmes GlobalPOWER à Harare. Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé, le premier ministre Morgan Tsvangirai ainsi que le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillayse se joignent au président. 24 mai 2012.
Photo : ONUSIDA/D.Kwande

Les femmes africaines élues des ministères et parlements nationaux, la communauté des affaires, les réseaux de femmes vivant avec le VIH ainsi que la société civile et les organisations de développement se réunissent dans la capitale du Zimbabwe pour participer à la réunion inaugurale du Réseau africain de femmes GlobalPOWER. Cette initiative menée par les femmes fournira une plate-forme politique stratégique pour accélérer la prévention du VIH ainsi que la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles en Afrique subsaharienne.

Dans tout le continent africain, les femmes et les filles portent un poids disproportionné de l'épidémie de VIH, ce qui représente 59% de toutes les personnes vivant avec le VIH. Dans certains pays, les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont huit fois plus de chance que les jeunes hommes d'être séropositives. L'inégalité des sexes régnant, y compris la violence sexiste, les disparités socio-économiques et la privatisation des lois et des politiques augmentent le risque d'infection à VIH des femmes et des filles.

Organisée en collaboration avec l'Union africaine et l'ONUSIDA, la réunion a été officiellement ouverte par Son Excellence le président du Zimbabwe, Robert Mugabe. “L'un des objectifs de cette conférence est de lancer un appel aux gouvernements et aux partenaires afin de mobiliser le leadership de haut niveau national et l'appropriation par les pays pour la diminution du VIH et la santé et droits sexuels et reproductifs », déclare le président Mugabe. Il a utilisé son discours pour attirer l'attention sur le rôle des hommes dans le soutien total des femmes pour l'accès aux services de santé et aider à changer les inégalités auxquelles font face les femmes et les filles.

Cette réunion inaugurative du Réseau africain de femmes GlobalPOWER arrive à un moment crucial. Elle est parfaitement positionnée en tant que plate-forme politique stratégique pour promouvoir des approches innovantes qui impacteront positivement les vies des femmes et des filles en Afrique

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

Dans son allocution, Son Excellence le premier ministre Morgan Tsvangirai demande une plus grande égalité des sexes. « Cinquante neuf pour cent des personnes vivant avec le VIH en Afrique sont des femmes, il est donc impératif de prendre en considération et de diminuer cette réalité alarmante. Au Zimbabwe, cela est surtout lié à l'inégalité des sexes, » fait remarquer M. Tsvangirai. « Le Zimbabwe et l'Afrique dans son ensemble gagneront largement s'ils répondent à l'inégalité des sexes qui, conjuguée au manque d'éducation et de responsabilisation économique, empêche la participation active des femmes dans l'agenda de développement. »

S'adressant aux participants, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé a souligné le rôle important du réseau de femmes pour accélérer la riposte au sida. « Cette réunion inaugurative du Réseau africain de femmes GlobalPOWER arrive à un moment crucial, » indique M. Sidibé. « Elle est parfaitement positionnée en tant que plate-forme politique stratégique pour promouvoir des approches innovantes qui impacteront positivement les vies des femmes et des filles en Afrique. Et pas seulement par rapport au VIH, mais également pour promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs ainsi que la tolérance zéro pour la violence sexiste. »

Dans les deux prochains jours, plus de 300 participants prendront part à des séries de discussions plénières et des panels autour de questions clé impactant les vies des femmes et des filles dans tout le continent. Ces travaux incluront la prévention du VIH, la santé maternelle et pédiatrique, la violence sexiste, l'égalité des sexes, la responsabilisation du leadership et l'appropriation par les pays de l'Agenda d'action de l'ONUSIDA pour les femmes et les filles. Des exemples d'approches réussies seront également partagés pour encourager une plus grande innovation dans la fourniture de services.

Prenant la parole lors de la cérémonie d'ouverture, le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a mis l'accent sur le lien intrinsèque entre la santé maternelle et pédiatrique et les droits de l'homme. « Lorsque les droits des femmes sont violés, cela les empêche de mener une vie saine et prospère, cela enlève leur liberté de choix d'avoir ou de démarrer une famille, » affirme t-elle. Madame Pillay a également insisté sur le fait que la violence sexiste ainsi que la stigmatisation et la discrimination entravent l'accès aux services de santé maternels.

Le premier ministre adjoint du Zimbabwe, Hon Thokozani Khupe, agissant également comme présidente du Réseau africain de femmes GlobalPOWER, a attiré l'attention sur le rôle central des femmes et des filles dans la riposte au sida dans tout le continent. « Pour atteindre la vision zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida, il est important de reconnaître les femmes et les filles comme des actrices indispensables pour que cette vision devienne réalité. La société doit investir dans la santé des femmes et des filles, » affirme Madame Khupe.

Le ministre des Finances du Nigéria Dr Ngozi Okonjo-Lweala s’adresse aux délégués lors de l’ouverture officielle du Réseau africain de femmes GlobalPOWER à Harare, au centre international de conférence le 24 mai 2012.
Photo : ONUSIDA/D.Kwande

Représentant la Commission de l'Union africaine à la réunion, le président adjoint, Son Excellence Erastus Mwencha, a déclaré « Le poids du VIH ne peut pas être correctement pris en compte sans payer attention aux problèmes des droits et de santé reproductifs. Les personnes, les familles et les communautés doivent avoir leur mot à dire dans la mise en œuvre des programmes. »

Dr Ngozi Okonjo-Iweala, la ministre des Finances du Nigéria, était l'invitée d'honneur de l'ouverture et a prononcé le discours-programme. Dans ses remarques, elle a rappelé aux participants que les progrès d'un pays sont liés à la santé de sa population féminine.

« Tout pays qui néglige l'investissement dans les femmes et les filles ne doit pas s'attendre à une réelle croissance. Ce sont des économies intelligentes que d'investir dans l'éducation des filles, dans la santé et le bien-être social, car aucune femme ne devrait mourir du sida en accouchant, » affirme t-elle. « Nous pouvons faire la différence en Afrique et le changement s'opère déjà, mais nous, les femmes, devons pousser plus fort pour encore plus de changements car personne d'autre ne le fera pour nous. C'est la raison pour laquelle GlobalPOWER Afrique est tellement important. Nous avons besoin de nos femmes en tant que leaders pour exiger les investissements dans les femmes et les filles et contrôler la façon dont l'argent est dépensé. »

Nous pouvons faire la différence en Afrique et le changement s'opère déjà, mais nous, les femmes, devons pousser plus fort pour encore plus de changements car personne d'autre ne le fera pour nous.

Dr Ngozi Okonjo-Iweala, ministre des Finances du Nigéria

Cette réunion aboutira avec “l'Appel à l'action de Harare”, un plan d'action unifié pour la santé des femmes, avec un objectif spécifique sur la santé et les droits sexuels et reproductifs dans le contexte du VIH. L'Appel à l'action sera un important outil politique et de sensibilisation, promouvant fortement le sentiment d'appartenance régionale et la responsabilité partagée pour encourager la riposte au sida ainsi que l'agenda de l'égalité des sexes plus élargi.

L'idée de créer un Réseau de femmes GlobalPOWER spécifique à l'Afrique découle d'une réunion en septembre 2010 à Washington, DC. Lors de cette réunion, des décideurs, à savoir des femmes africaines connues, se sont réunies avec leurs pairs américaines pour discuter la manière d'accélérer la mise en œuvre de l'Agenda de l'ONUSIDA pour les femmes et les filles. L'initiative GlobalPOWER a été créée en 2006 par le Center for Women Policy Studies, une organisation de femmes basée aux États-Unis.

Différents autres représentants de haut niveau ont participé au lancement du réseau de femmes, y compris l'ambassadeur des États-Unis du Zimbabwe, Charles A. Ray, le vice-président du Zimbabwe, Hon Joyce Mujuru et le premier ministre adjoint du Zimbabwe, professeur honoraire Arthur Mutambara. Un message de soutien a été envoyé par le Directeur exécutif ONU Femmes, Michelle Bachelet.