Reportage
Le groupe de travail de haut niveau sur les femmes, les filles, l'égalité entre les sexes et le VIH appelle à accélérer la mise en œuvre de mesures visant à protéger les droits et le bien-être des jeunes femmes et des filles en Afrique du Sud
31 octobre 2012
31 octobre 201231 octobre 2012Le groupe de travail de haut niveau sur les femmes, les filles, l'égalité entre les sexes et le VIH en Afrique orientale et australe vient d'achever une mission de militantisme politique d'une semaine en Afrique du Sud et appelle à un renouvellement des engagements et du leadership pour protéger la santé et les droits des jeunes femmes et des filles du pays.
Le ministère des femmes, des enfants et des personnes souffrant de handicaps d'Afrique du Sud a invité le groupe de travail à militer avec le leadership du pays pour la suppression des problèmes auxquels sont confrontées les jeunes femmes et les filles aujourd'hui, à savoir les grossesses à l'adolescence, la violence sexiste, la transmission mère-enfant du VIH et le commerce du sexe.
« Le travail accompli par le groupe de travail nous permettra d'identifier les lacunes et les défis, et de développer des programmes d'intervention plus efficaces », a déclaré la ministre adjointe des femmes, des enfants et des personnes souffrant de handicaps, Mme Hendrietta Bopane-Zulu.
Les membres du groupe de travail ont rencontré de hauts responsables du gouvernement sud-africain, des représentants d'organisations internationales et de la société civile, des délégués parlementaires et d'autres acteurs de la riposte au VIH. La délégation s'est également entretenue avec des réseaux de femmes vivant avec le VIH et des communautés de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et intersexe (LGBTI).
Grossesses à l'adolescence
Malgré les progrès de l'Afrique du Sud en matière de riposte au sida, les femmes et les filles continuent d'être touchées de façon disproportionnée par l'épidémie. D'après l'enquête 2008 du Human Sciences Research Council (HSRC), la prévalence du VIH était 4 fois plus élevée chez les femmes âgées de 20 à 24 ans (21,1 %) que chez les hommes de la même tranche d'âge (5,1 %).
Toutes les politiques nécessaires sont en place mais le plus gros défi consiste à changer les comportements de la société
Kgalema Motlanthe, vice-président d'Afrique du Sud
Des facteurs sociaux, tels que la pauvreté, les inégalités, la violence sexiste et l'accès limité à des informations sur la santé sexuelle et reproductive, associés à un manque de services de santé adressés aux adolescents, rend les adolescentes plus vulnérables aux grossesses non désirées et à l'infection à VIH. Les données du Plan stratégique national sur le VIH, les IST et la TB, 2012–2016 indiquent que 39 % des filles âgées de 15 à 19 ans sont tombées enceinte au moins une fois et 49 % des mères adolescentes retombent enceinte dans les 24 mois suivants. Elles révèlent également qu'une adolescente enceinte sur 5 est séropositive au VIH.
« Nous faisons notre possible pour mettre fin aux grossesses chez les adolescentes, qui sont essentiellement dues au fait que des hommes plus âgés profitent des jeunes filles », a déclaré le vice-président d'Afrique du Sud, M. Kgalema Motlanthe. « Toutes les politiques nécessaires sont en place mais le plus gros défi consiste à changer les comportements de la société », a ajouté M. Motlanthe.
L'équipe du groupe de travail s'est entretenu avec le roi des Zoulous Goodwill Zwelithini de la province de KwaZulu-Natal au sujet des normes traditionnelles et sociales, comme les rapports sexuels intergénérationnels et les partenariats domestiques multiples qui contribuent au problème des grossesses chez les adolescentes. « Nous devons non seulement nous concentrer sur les programmes destinés aux jeunes », a déclaré le Roi Zwelithini, « mais nous devons également éduquer les parents à la maison car certains estiment qu'il est difficile de parler à leurs enfants. Cela ne sera pas facile mais nous devons dire la vérité, car l'amour de la vérité est l'esprit des hommes », a-t-il ajouté.
« La prévention des grossesses non désirées et de l'infection à VIH chez les jeunes filles doit être une priorité majeure pour le leadership sud-africain », a déclaré le Professeur Sheila Tlou, directrice régionale de l'ONUSIDA et membre du groupe de travail. « La scolarisation continue des filles est indispensable pour réduire les infections à VIH chez les filles et leur permettre d'atteindre leur potentiel. »
Mettre fin aux nouvelles infections à VIH chez les enfants
L'élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants et le maintien en vie de leurs mères ont également été abordés dans les discussions qu'ont eues les membres du groupe de travail avec le ministre de la santé sud-africain, le Dr Aaron Motsoaledi. L'Afrique du Sud a observé une diminution des transmissions mère-enfant du VIH, passant de 3,5 % en 2010 à 2,7 % en 2011, et elle est en passe d'atteindre l'objectif fixé dans la Déclaration politique sur le VIH/sida 2011 d'élimination virtuelle d'ici 2015.
Si elle reconnaît la baisse des nouvelles infections à VIH chez les enfants, la ministre du genre, des enfants et du développement social, Dr Naomi Shaban — qui a dirigé la délégation du groupe de travail — a indiqué que des mesures supplémentaires devaient être adoptées pour maintenir les mères en vie. « Nous devons redoubler d'efforts pour sauver les bébés mais nous devons aussi veiller à ce que les mères puissent s'occuper de leurs enfants », a déclaré le Dr Shaban.
Pour s'attaquer aux taux élevés de mortalité maternelle en Afrique du Sud — 310 naissances vivantes sur 100 000 — au début de l'année, le ministère de la santé, supervisé par son ministre, Dr Motsoaledi, a lancé la Campagne pour l'Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA) en Afrique du Sud.
Certains des objectifs clés de CARMMA sont de renforcer l'accès des femmes à des services complets de santé sexuelle et reproductive, en particulier de planification familiale, pour éviter les nouvelles infections à VIH et les grossesses non désirées, de renforcer le système de santé pour affecter des ressources humaines à la santé maternelle et de l'enfant, et d'intensifier la prise en charge des mères séropositives au VIH.
Le lancement officiel du groupe de travail de haut niveau sur les femmes, les filles, l'égalité entre les sexes et le VIH en Afrique orientale et australe, composé de ministres, des directeurs du National AIDS Council (NAC), de 4 directeurs régionaux des Nations unies, de la société civile et de femmes vivant avec le VIH, a eu lieu en décembre 2011 à l'occasion de la 16e Conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique (ICASA). Il vise à s'engager dans une activité de sensibilisation politique de haut niveau en appui aux actions nationales d'intensification et de suivi de la mise en œuvre du projet Déclaration de Windhoek : femmes, jeunes filles, égalité des sexes et VIH.