Reportage
Un événement spécial à la Commission de la condition de la femme vise l'accélération de la tolérance zéro à l'encontre de la violence sexiste par le biais de la riposte au sida
12 mars 2013
12 mars 201312 mars 2013Quels sont les progrès réalisés grâce à la riposte mondiale au sida pour garantir que les femmes et les filles vivent leurs vies sans violence ? Quelles sont les prochaines étapes nécessaires pour intensifier le défi contre la violence sexiste et ses liens au VIH ? Ces questions essentielles ont dominé la consultation à haut niveau qui s'est tenue à New York le 9 mars pendant la 57e session de la Commission de la condition de la femme (CSW).
Organisée par ONUSIDA et ONU Femmes, et co-sponsorisée par le Gouvernement d'Irlande, le Programme des Nations Unies pour le Développement ainsi que le Fonds des Nations Unies pour la Population, la consultation a réuni des militants clés de la société civile, des organisations des Nations Unies et des représentants gouvernementaux.
Coprésidée par Hon Thokozani Khupe, vice-présidente du Zimbabwe et Hon Julia Duncan-Cassell, Ministre de l'Égalité des sexes et du Développement du Liberia, la consultation portait sur le thème prioritaire de la CSW : l'élimination et la prévention de toutes les formes de violences faites aux femmes et aux filles comme tremplin pour trouver les moyens d'accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement 3 (promouvoir l'égalité des sexes) et 6 (stopper le VIH). Les participants ont également discuté du positionnement de la violence sexiste et du VIH dans l'agenda pour le développement post-2015.
« L'agenda post-2015 doit être vu comme étant le franchissement dernier cap, » déclare Thokozani Khupe, vice-présidente du Zimbabwe. « Nous devons voir les choses qui ne sont pas terminées et essayer de les aborder d'une manière différente », ajoute-t-elle.
La naissance d'un enfant est généralement le plus beau jour de la vie d'une femme Mais dans certains pays, le jour où un enfant naît d'une femme vivant avec le VIH, c'est le jour où elle meurt ou que commence sa confrontation à la discrimination
Jennifer Gatsi, membre de la coalition namibienne pour la Santé des Femmes
La violence sexiste est une épidémie mondiale, et c'est la manifestation la plus brutale de l'inégalité entre les sexes. Selon l'ONUSIDA, au moins une femmes sur trois est battue, contrainte à des rapports sexuels forcés ou abusée d'une autre manière par un partenaire intime au cours de sa vie. Dans certains pays, jusqu'à 45% des filles de moins de 15 ans indiquent que leur première expérience sexuelle était forcée.
« La violence n'est pas inévitable, » indique Charlotte Watts de la London School of Hygiene and Tropical Medicine. « Même si les chiffres sont choquants, nous devrions nous en inspirer pour agir et en parler. »
Traiter les questions de la violence faite aux femmes et aux filles est cruciale si leur vulnérabilité au VIH en est réduite. Les femmes peuvent être forcées à avoir des rapports sexuels non désirés ou non protégés et elles peuvent faire face à la violence si elles révèlent qu'elles vivent avec le VIH. Des recherches en Afrique du Sud démontrent que les jeunes femmes soumises à la violence de partenaires intimes ont 12% plus de chance d'être infectées par le VIH. Les femmes mariées en Inde qui subissent à la fois la violence physique et sexuelle par leurs partenaires ont trois fois plus de chance de vivre avec le VIH que les femmes qui ne sont pas soumises à de telles attaques. Des cas de stérilisations et d'avortements forcés pratiqués sur les femmes vivant avec le VIH sans leur consentement informé sont répandus et documentés dans de nombreux pays.
Les représentants de la société civile ont partagé différentes perspectives sur la manière dont le VIH et la violence sexiste sont intimement liés. Jennifer Gatsi, membre de la coalition namibienne pour la Santé des Femmes a souligné les conséquences négatives dont souffrent les femmes vivant avec le VIH.
« La naissance d'un enfant est généralement le plus beau jour de la vie d'une femme », commente Madame Gatsi. « Mais dans certains pays, le jour où un enfant naît d'une femme vivant avec le VIH, c'est le jour où elle meurt ou que commence sa confrontation à la discrimination. »
La consultation a discuté le fait que, malgré l'ampleur et les conséquences de la violence sexiste et son rôle dans l'alimentation de l'épidémie de VIH, trop souvent personne n'en parle ou ces faits ne sont pas punis. Il a été souligné que le simple fait de travailler à la transformation sociale des relations entre les sexes, y compris la responsabilisation économique et juridique des femmes, peut apporter les changements nécessaires pour les aider à rester en sécurité.
Selon la directrice, Droits, sexospécificité et mobilisation communautaire, Mariangela Simao, faire de véritables progrès contre la violence sexiste est un objectif clé pour des ripostes au VIH efficaces, comme cela est traduit dans la Stratégie de l'ONUSIDA 2011-2015.
Lynn Collins, une conseillère sur le VIH auprès du UNFPA qui a animé un panel lors de l'événement affirme, « Nous, au UNFPA, avons accueilli cette occasion de rassembler une série de voix, unies dans l'appel pour éradiquer la violence sous toutes ses formes haineuses par le biais de l'éducation et d'autres moyens de responsabilisation, de réformes et réparations juridiques ainsi que des services basés sur la santé et les droits sexuels et reproductifs et le VIH. »
La Commission de la condition de la femme qui se réunit tous les ans est l'un des principaux organismes de décision politique engagé pour l'égalité des sexes et l'avancement des femmes. Cette année, la réunion se tient du 4 au 15 mars.