Reportage

Investir dans la sensibilisation et les services communautaires pour mettre fin à l'épidémie de sida

04 avril 2016

Depuis le début de l'épidémie de sida, la société civile s'est retrouvée en première ligne dans la riposte au VIH, en exigeant l'accès au traitement et aux services anti-VIH, en appelant au respect des droits humains et en appuyant les services anti-VIH gérés par les communautés.

Aujourd'hui, le rôle de la société civile demeure plus pertinent que jamais, car le succès des efforts communautaires dans la fourniture de services anti-VIH, en particulier pour les populations les plus exposées, devient plus largement reconnu comme essentiel pour mettre fin à l'épidémie de sida.

Les efforts communautaires se sont avérés critiques pour relever bon nombre des principaux défis de la riposte au sida, notamment le fait d'atteindre les personnes les plus touchées par le VIH avec des services anti-VIH qui transforment leur vie et d'apporter un soutien pour l'observance du traitement et d'autres services de santé essentiels. L'engagement de la société civile a également été fondamental dans la mobilisation de nouvelles ressources, l'amélioration des programmes de lutte contre le VIH et les avancées sur les questions de droits humains.

Malgré la large reconnaissance du rôle important que jouent les communautés dans une riposte efficace au VIH, les organisations communautaires sont confrontées à de graves difficultés financières et nombre d'entre elles ferment leurs portes.

Au total, 40 % des organisations qui ont répondu à une récente enquête de l'ONUSIDA ont indiqué que leurs financements avaient baissé depuis 2013. Deux tiers d'entre elles s'attendent à une stagnation voire une diminution des financements pour l'avenir. La baisse des financements se traduit par un déclin dans les services communautaires : 89 % de celles qui ont signalé une diminution des fonds ont également indiqué qu'elles avaient dû limiter leurs services en conséquence.

Un investissement accru dans la délivrance de services basés sur la société civile et les communautés est fondamental dans le cadre de l'approche Accélérer la riposte. Les actions de proximité auprès des populations les plus touchées dans les pays à revenu faible et intermédiaire devraient augmenter pour atteindre environ 7,2 % du total des investissements d'ici 2020 et les besoins en ressources estimés pour la délivrance à base communautaire des traitements antirétroviraux devraient atteindre environ 3,8 % du total des investissements.

D'ici 2020, les investissements dans la mobilisation communautaire devraient être multipliés par trois, pour atteindre 3 % des ressources totales dans les pays à revenu faible et intermédiaire, afin d'aider la société civile à défendre les intérêts des communautés touchées par le VIH et de stimuler les ambitions, les financements et l'équité dans la riposte au sida. Les facilitateurs sociaux, notamment les actions de sensibilisation, la mobilisation politique, les réformes juridiques et politiques, les droits de l'homme, les communications publiques et la lutte contre la stigmatisation, devraient représenter 6 % du total des dépenses d'ici 2020.

L'ONUSIDA a publié deux nouveaux rapports qui soulignent l'importance de l'investissement dans l'action communautaire. Invest in Advocacy (Investir dans la sensibilisation) détaille les contributions importantes des acteurs communautaires et met en avant la nécessité d'accroître les investissements pour stimuler une riposte accélérée et plus équitable au VIH. Il indique également qu'un rapport de la Commission de l'ONUSIDA et du Lancet sur la fin de l'épidémie de sida décrit la sensibilisation comme un « bien public mondial » qui mérite un appui proportionnel à son importance.

Stronger Together (Plus forts ensemble) détaille quant à lui les faits probants qui montrent que les services fournis par les communautés parviennent à obtenir un effet d'échelle, délivrent des services de qualité et produisent des résultats. Le rapport se réfère aux recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé et d'autres organismes qui appellent à un engagement accru des communautés afin de fournir toute une palette de services anti-VIH et autres services en lien avec la santé.*

Pour que les services dirigés par les communautés perdurent, il est essentiel que les organisations internationales, les partenaires de développement, les gouvernements, les bailleurs de fonds privés et d'autres partenaires augmentent leurs investissements dans la sensibilisation et les services communautaires pour pérenniser et étendre les services de lutte contre le VIH.

Le rôle crucial des ripostes communautaires figurera parmi les sujets mis en avant lors de l'audience de la société civile qui aura lieu le 6 avril à New York. Cette audience s'inscrit dans les préparatifs de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida, qui se tiendra du 8 au 10 juin au siège des Nations Unies à New York. Lors de cette audience, des représentants de la société civile du monde entier s'adresseront aux États membres des Nations Unies à propos des questions majeures de la riposte au sida, notamment la nécessité d'une augmentation des financements, le fait de ne laisser personne de côté, l'intégration, l'innovation et les partenariats entre les gouvernements, le secteur privé et les communautés.

 

* Ces nouveaux rapports s'appuient sur d'autres publications récentes, Communities deliver (Le rôle des communautés) et Community-based ART delivery (Délivrance communautaire des traitements antirétroviraux) qui contiennent davantage de détails sur la réussite des ripostes communautaires.