Reportage
Et toi, comment tu fais ? En Australie, une campagne de lutte contre le VIH met l’accent sur la combinaison des moyens
05 avril 2017
05 avril 201705 avril 2017Voici Tom, Dick et Harry.
Voici Tom, Dick et Harry. La campagne actuelle d’ACON, une organisation de promotion de la santé basée à Sydney, met en avant plusieurs hommes qui « le font », mais en choisissant différents moyens de se protéger. La plus grande organisation australienne de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexe (LGBTI) veut rester en phase avec sa communauté en redéfinissant la prévention du VIH.
« Nous avons tous des notions de ce que veut dire avoir des rapports sexuels protégés, mais nous voulions mener une réflexion sur les comportements actuels au sein de la population des hommes gays et des autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes », explique le Directeur général d’ACON, Nicolas Parkhill.
Selon lui, de nos jours, avoir des rapports sexuels protégés implique l’usage de préservatifs, le recours à la prophylaxie préexposition (PPrE), une charge virale indétectable, ou une combinaison de tous ces outils.
« Pour ACON, le défi consistait à passer de la seule image visant à renforcer le préservatif comme moyen éprouvé à un message de prévention combinée beaucoup plus complexe », indique M. Parkhill.
Cette campagne souligne également l’importance de respecter le choix du partenaire. « Il ne s’agit pas de montrer du doigt les personnes qui continuent d’utiliser des préservatifs », prévient M. Parkhill. Il ajoute que le message de prévention combinée s’adresse aussi bien aux personnes séronégatives au VIH qu’aux personnes vivant avec le VIH.
Ces scénarios s’appuient sur des hommes qui font partie de la communauté, mais ACON leur a donné les noms génériques de Tom, Dick et Harry sans désigner des individus en particulier. La campagne #YouChooose, d’un montant de 500 000 dollars australiens, comprend des affiches, des panneaux publicitaires, des vidéos, des manifestations de terrain et des supports documentaires distribués dans les établissements de santé.
Depuis plus de 30 ans, ACON a pour but de mettre fin à la transmission du VIH chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, tout en promouvant la santé des personnes LGBTI et des personnes vivant avec le VIH. L’organisation est financée principalement par le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud et travaille en étroite collaboration avec le Ministère de la Santé de Nouvelle-Galles du Sud.
« Le gouvernement attache de l’importance à la voix de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexe pour aider à définir à quoi doit ressembler la riposte au VIH », explique M. Parkhill.
Luiz Loures, Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA, approuve. « Les communautés doivent être au cœur des initiatives pour le succès de la prévention du VIH et, en Australie, ACON place les populations clés exactement au centre de ses actions », déclare-t-il.
Et selon M. Parkhill, en impliquant la communauté, la campagne va plus loin que des affiches sur les abribus. « Nous sommes en train de construire un mouvement pour les hommes gays et, plus largement, pour la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexe, qui pense que nous pouvons laisser le VIH derrière nous, et que nous disposons des connaissances scientifiques et de la technologie pour le faire ».
Les organisations communautaires s’adressent à l’ONUSIDA pour obtenir un leadership et une orientation. Les objectifs 90-90-90 ont apporté à ACON le levier politique requis en Australie pour s’engager aux côtés des parlementaires dans le but de redéfinir et de redynamiser l’orientation des actions de dépistage, de traitement, de soins et d’appui anti-VIH. Ils lui ont ainsi fourni les données probantes et les informations qui lui ont permis de poser les bases de sa campagne pour en finir avec le sida.