Reportage

Adolescents vivant avec le VIH : une voix pour s’exprimer sans crainte

13 décembre 2017

Suhaila Msham Mwarimwana a 19 ans et elle vit à Zanzibar. Elle est née avec le VIH et elle a perdu ses deux parents à l’âge de 9 ans. Pourtant, malgré les difficultés qu’elle traverse, elle est une source d’inspiration pour les autres adolescents et enfants vivant avec le VIH. 

« Vers l’âge de 12 ans, j’ai entendu des voisins dire que j’étais séropositive au VIH. J’ai donc interrogé ma sœur aînée et elle m’a dit que j’avais une maladie des os », raconte-t-elle. « Mais j’ai senti que ce n’était pas vrai, alors au bout de quelque temps j’ai insisté pour qu’elle m’emmène auprès de l’Association des personnes vivant avec le VIH/sida de Zanzibar, où j’ai appris que j’étais séropositive au VIH ».

Suhaila Msham Mwarimwana explique que sa première pensée a été pour son plus jeune frère, lui aussi diagnostiqué séropositif au VIH. Elle s’est sentie déprimée et désespérée. « Je pensais que le VIH était une condamnation à mort », déclare-t-elle.

Au club des enfants de l’Association des personnes vivant avec le VIH/sida de Zanzibar (ZAPHA+), Suhaila Msham Mwarimwana a reçu des informations et des conseils pour bien vivre avec le VIH. Elle a alors entamé un traitement anti-VIH et depuis, elle s’en tient au protocole imposé, malgré une nutrition inadéquate, qui rend l’observance du traitement difficile, selon elle.

Après avoir terminé ses études secondaires, elle devient bénévole auprès de la ZAPHA+. Elle anime des clubs pour les enfants et les adolescents. « Nous échangeons des idées, nous partageons nos problèmes et nous nous conseillons les uns les autres », explique-t-elle. Son seul souhait serait que le club dispose de plus de place et puisse proposer des rafraîchissements, en particulier pour les plus jeunes enfants. « Nous restons ici et nous parlons pendant de longues heures ! » s’exclame-t-elle.

Elle est aussi membre du Réseau des jeunes reporters, un consortium national de projets radiophoniques d’enfants à base communautaire, qui atteint des millions d’auditeurs. Avec d’autres jeunes reporters, elle produit toutes les deux semaines une émission de 30 minutes qui s’appuie sur des journaux de bord audio, des commentaires et des entrevues pour échanger des expériences.

Suhaila Msham Mwarimwana a de grandes ambitions et prévoit d’étudier le journalisme. Elle est fière de sa contribution à la riposte au sida dans son pays. « Mon rôle dans l’accomplissement de l’objectif zéro (zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida) est de faire connaître mon histoire pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination et pour attirer l’attention sur les questions communautaires qui touchent les enfants et les jeunes », explique-t-elle.

Rétrospectivement, Suhaila Msham Mwarimwana se dit qu’elle aurait aimé que ses parents lui révèlent qu’elle était séropositive au VIH. Selon elle, il est très important que les enfants connaissent leur état sérologique vis-à-vis du VIH. « J’aurais pu commencer le traitement encore plus tôt », dit-elle. « Les parents d’enfants séropositifs au VIH doivent informer la société pour qu’elle sache que le VIH peut toucher n’importe qui et qu’il n’y a pas de honte à avoir ».

Elle est convaincue que les maladies liées au sida sont une cause majeure de décès chez les adolescents en Afrique orientale et australe parce que de nombreux adolescents ignorent qu’ils sont séropositifs au VIH et ne savent pas qu’il existe des traitements qui peuvent leur sauver la vie et des structures de soutien qui sont là pour eux. « ZAPHA+ est ma seconde maison », explique-t-elle. « Je leur suis très reconnaissante du soutien que j’ai reçu ici ».

Le message qu’elle veut faire passer à ses pairs est simple. « Acceptez votre séropositivité au VIH, parlez en ouvertement, ayez confiance et croyez en vous-même ». 

L’ONUSIDA soutient ZAPHA+ depuis sa création par l’intermédiaire de ressources financières et techniques. L’ONUSIDA soutient le secrétariat de ZAPHA+ dans la coordination de ses activités dans les 10 groupes de quartier afin d’assurer une participation intelligente de ZAPHA+ au développement, à la mise en œuvre et à la révision du Programme commun des Nations Unies sur le VIH à Zanzibar. L’ONUSIDA soutient également ses actions de mobilisation des ressources. D’autres agences des Nations Unies sont également impliquées de près, en particulier le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance.